Ancienne enseignante, Charlotte Charpot décrit une école en perdition dans un témoignage cru.
Elle est jeune, femme et ex-professeur de lettres. Charlotte Charpot, 28 ans, sort jeudi en France un livre qui a déjà fait un tabac en Belgique : Madame, vous êtes une prof de merde (Les Éditions de l'Arbre), une insulte lancée en plein cours par une de ses élèves. Recyclée depuis peu dans une société de courtage à Bruxelles, elle décrit crûment l'univers scolaire fait d'incivilités qu'elle a pratiqué pendant six ans dans des collèges français puis belges.
Parachutée pour sa première affectation dans la banlieue de Nîmes, il y a six ans, rien ne lui a été épargné : les élèves qui défèquent derrière les portes, les enfants battus par leurs parents, les caillassages de voiture et l'indifférence de sa hiérarchie. «Ce qui est le plus terrible, c'est le "choc des cultures", la misère et la tristesse qui suintent, l'absence totale de sourires sur le visage des enfants. Je suis allée travailler dans un ghetto alors que je ne viens pas de ce milieu et le décalage a été immense», explique-t-elle au Figaro.
Peu avant de démissionner, à Bruxelles, elle découvre un établissement «encore pire» où les élèves hurlent et brisent ses lunettes avec une pièce de monnaie. «Trois jours après la rentrée, je me suis fait traiter de pute, j'ai failli prendre la porte en plein visage et ils se sont mis à lancer des craies», raconte-t-elle.
Elle décrit un climat de tension dans les établissements, un manque de reconnaissance du travail accompli, des réformes ministérielles «incessantes et incohérentes» tant en France qu'en Belgique. Plus largement, elle s'intéresse à ce que signifie être professeur de lettres aujourd'hui, devant un public «acculturé». Elle s'inscrit dans cette tradition des professeurs au bord de la crise de nerfs qui font régulièrement le bonheur de l'édition française : Cécile Ladjali, Mara Goyet, Véronique Bouzou, Fanny Capel, Jean-Paul Brighelli, Cécile Revéret, François Bégaudeau, Sophie Audoubert et tant d'autres, moins médiatisés.
Une matière dépréciée
Pourquoi ces professeurs de lettres sont-ils toujours, avec quelques professeurs de langues, tel Christian Muzyk, les plus enclins à faire part de leur désarroi ou à dénoncer une école en perdition ? Sans doute parce qu'ils sont les plus formés à manier le verbe mais aussi parce qu'ils sont les plus en souffrance : en première ligne pour vérifier la baisse du niveau d'orthographe de leurs élèves, ils sont paradoxalement censés leur inculquer l'art de bien écrire. Leur discipline, qui a longtemps été perçue comme le sommet de l'édifice scolaire, est aujourd'hui dépréciée. Les choix d'orientation littéraires sont aujourd'hui des deuxièmes choix, les meilleurs élèves se dirigeant vers les filières scientifiques. «Les disciplines littéraires sont parmi les plus touchées par le phénomène de la perte de sens», confirme le philosophe de l'éducation, Marcel Gauchet. L'enseignement de la langue et de la littérature est d'ailleurs un de ceux qui suscitent le moins chez les élèves «l'envie de découvrir et d'apprendre», selon une enquête de la Sofres datant de 2003. «Beaucoup de professeurs de lettres ont le sentiment d'appartenir à une sorte de clergé dans une Église qui se vide», renchérit François Dubet, sociologue à l'EHESS.
À ce sombre constat, s'ajoute le fait que près de la moitié des professeurs de lettres agrégés sont passés par une classe préparatoire aux grandes écoles, près d'un quart pour les certifiés. Pour cette fine fleur de l'élite littéraire qui a pensé pouvoir entrer à Normale sup, le choc est d'autant plus rude lorsqu'ils atterrissent en banlieue. Plus souvent qu'avant enfants de cadres et de classes moyennes, ils débarquent parfois dans l'univers de la banlieue comme Tintin au Congo, se désole François Dubet.
La plupart s'accrochent néanmoins. Tentée par une démission, Fanny Capel, auteur de Prof… et fière de l'être (éditions du Rocher), a décidé de reprendre le chemin de l'école et raconte son «bonheur d'enseigner» envers et contre tout. Elle se réjouit de ces «midinettes abreuvées à la bande FM» devenues «groupies du Cid» après avoir assisté à une pièce de théâtre. Sa liberté, affirme-t-elle aujourd'hui, c'est «l'absolue gratuité de l'acte d'enseigner la littérature»...
Le Figaro - 16.09.09
L'école, la curiosité intellectuelle, le désir d'apprendre, de respecter sa langue, de découvrir le monde, c'est toute une civilisation européenne millénaire qui ne peut pas être injectée de force à des jeunes à peine sortis du bled ... Assez d'utopies, messieurs et mesdames les profs de gauche! Vous ne récoltez que ce que vous avez semé pendant des décennies!
Vous avez voulu détruire l'école française tradionnelle: eh bien! elle est détruite! Allez enseigner le Cid dans les décombres!
Commentaires
Bien dit Madame!
Il faudrait peut-être enseigner le Yiddish et le talmud pour que l'école redevienne une entité respectable et respectée.
Mais tout ce désordre est voulu, il fait partie du plan "ORDO AB CHAOS" tout simplement.
Inutile de réclamer auprès des "dirigeants" , ils sont complices, la France doit disparaître et sa jeunesse avec.
«c'est toute une civilisation européenne millénaire qui ne peut pas être injectée de force à des jeunes à peine sortis du bled» Chère Gaëlle, permettez-moi de co-signer ce commentaire tellement vrai. On peut ajouter qu’ils n’en veulent pas de notre civilisation basée sur l’effort, la réflexion et la volonté. Leur civilisation, leur culture sont fondées sur la fatalité, le laisser aller, la paresse ! Et en outre ils nous haîssent car nos responsables politiques leur expliquent perpétuellement que les français les exploitent et sont racistes (il faut dire que Chirac, le nain et Hortefeux ont donné l’exemple !).
Merci, chez abbé!
Cher abad, merci à vous aussi! - c'est parti d'un seul jet après lecture de cet article!