La tante de Géraldine Giraud avait été mise en examen pour "complicité d'assassinats" et écrouée en novembre 2005, puis remise en liberté en février 2006 avant de bénéficier d'un non-lieu prononcé par le juge de l'instruction de Sens (Yonne) chargé de l'enquête. Bien que privilégiée par les enquêteurs de la PJ d'Auxerre, mais aussi par la famille de l'acteur Roland Giraud, l'hypothèse d'une "séquestration-punition", commanditée par dépit amoureux par ce professeur de chant, et "qui aurait dégénéré", n'a finalement pas été retenue par la justice, faute de charges suffisantes.
Géraldine Giraud, une comédienne de 36 ans, et son amie Katia Lherbier, 32 ans, avaient disparu de leur domicile début novembre 2004. Les corps des deux jeunes femmes, qui avaient fait connaissance trois semaines auparavant dans la maison de Marie-Christine van Kempen à Sens, avaient été retrouvés le 9 décembre suivant, au fond d'un puisard dans la propriété de Jean-Pierre Treiber à Villeneuve-sur-Yonne (Yonne). Ce dernier, un ancien garde-forestier, interpellé en possession des cartes bancaires des deux femmes le 23 novembre 2004, avait alors été mis en examen pour "enlèvements et assassinats" de Mme Giraud, fille de l'acteur Roland Giraud, et Mme Lherbier. Il est renvoyé devant les assises.
Le double meurtre de Géraldine Giraud et Katia Lherbier date presque de quatre ans, et les enquêteurs manquent toujours aussi cruellement d'éléments de preuve. Le mobile, en particulier, n'est pas établi avec certitude. Crime crapuleux, dépit amoureux ? Cette dernière thèse avait notamment été mise en avant avec la découverte d'une lettre de Marie-Christine van Kempen, la tante de Géraldine Giraud, à l'attention de Katia Lherbier : "Ce fut une jolie rencontre. Je la garde belle dans mon coeur. (...) Nos chemins se séparent là pour l'instant", pouvait-on y lire. Marie-Christine van Kempen aurait-elle voulu tuer sa propre nièce et son ex-amante par vengeance ? Aurait-elle entraîné dans son projet le garde-chasse Jean-Pierre Treiber, qui est pour l'heure le principal suspect dans le double assassinat ? Cette théorie a trouvé un nouvel appui avec le témoignage, révélé par Le Parisien, de la propre ex-femme de ce suspect n°1 : Marie-Pascale Treiber.
S'il faut en croire le quotidien, c'est en juillet que l'ex-épouse de Jean-Pierre Treiber a contacté le juge d'instruction de Sens pour lui faire part d'un "souvenir" jusqu'alors occulté : une conversation sur l'homosexualité qu'elle aurait eu avec son mari en juillet 2004, soit quatre mois avant le double meurtre. Le garde-chasse lui aurait alors affirmé qu'il connaissait deux homosexuelles à Sens, une tante et sa nièce. Or, c'est dans le puits du domicile de Jean-Pierre Treiber que les corps de Géraldine Giraud et Katia Lherbier devaient être retrouvés.
Les aléas de l'affaire Giraud-Lherbier
Jusqu'alors, Marie-Christine van Kempen a toujours affirmé ne pas connaître le garde-chasse et ne l'avoir jamais rencontré. Ce nouveau témoignage pourrait donc fragiliser sa position et renforcer les soupçons à son égard. Mais comme le souligne Le Parisien, le souvenir de l'ex-épouse de Jean-Pierre Treiber survient de manière bien tardive. Surtout, elle et son ancien mari se sont séparés dans de très mauvais termes.
Ce témoignage vient surtout compliquer un dossier qui a déjà connu de multiples revirements et coups de théâtre. Déjà soupçonnée par les enquêteurs, Marie-Christine Van Kempen avait vu sa cave visitée par les enquêteurs qui y avaient trouvé des traces de chloroforme. Or la chloropicrine, gaz très toxique utilisé en guise d'insecticide et qui aurait servi à empoisonner les deux victimes, peut justement se décomposer en chloroforme. Mais les analyses des enquêteurs n'avaient finalement donné aucun élément probant.
Marie-Christine Van Kempen avait également été mise en cause par l'ancienne gérante d'un bar de Fontainebleau qui affirmait l'avoir vue dans son établissement en compagnie de Jean-Pierre Treiber et de son amie. Mais une autre, femme, Jordane, une voyante, ressemblant beaucoup à la tante de Géraldine Giraud, s'était manifestée par la suite dans le dossier car elle fréquentait régulièrement ce bar. Les enquêteurs sont aussi toujours à la recherche d'un complice, car ils estiment que Jean-Pierre Treiber n'aurait pu, seul, tuer les deux jeunes femmes et les transporter.
LCI.fr - 21 août 2008