Il a failli être danseur classique professionnel. Aujourd'hui, ce travailleur infatigable est l'expérimenté et indispensable bras droit du président américain.
De notre correspondante à Washington
La cheville ouvrière du centre nerveux de la plus grande puissance du monde, c'est lui. Un rôle qu'il joue à mille à l'heure, présent sur tous les fronts et sur tous les dossiers. Toujours en action. Toujours connecté, via son portable, aux mille et un fils de l'énorme machine politique américaine, et notamment à celle du Congrès dont il connaît par cœur les tours et détours. En ce sens, Rahm Emanuel est à la fois le tacticien et le stratège numéro un de la Maison-Blanche, dont il dirige l'Administration d'une poigne de fer. Levé à l'aube, ce sportif au physique de beau gosse un peu canaille - cheveux gris légèrement bouclés, yeux si noirs qu'ils paraissent fardés - commence sa journée par une séance de natation vers 5 heures au YMCA, avant de rejoindre la salle de gym du Congrès, où il prend ses informations auprès des plus sportifs des parlementaires.
Ancien conseiller politique de Clinton
À 7 h 30, tous les hauts responsables de la Maison-Blanche le rejoignent pour une première séance de travail, avant une réunion de l'ensemble du staff à 8 h 15. Il voit ensuite le président pendant dix minutes dans le Bureau ovale, un échange qui se reproduit en fin de journée. Travailleur infatigable et exigeant, Rahm a la réputation de ne rien laisser au hasard. « Avec lui, je n'ai plus besoin de réveille-matin », confiait le conseiller politique d'Obama David Axelrod pendant la campagne pour les législatives de 2006. « Nous plaisantons souvent sur le fait qu'il faudrait ouvrir une clinique pour les gens qui ont travaillé avec Rahm », ironisait à la même époque José Cerda, l'un de ses ex-collaborateurs.
Le président Clinton, dont il fut le principal conseiller politique de 1993 à 1998, a reconnu un jour que « sans lui, nous n'y serions pas arrivés ». Sans doute Obama pourrait-il souscrire désormais à cette remarque pour évoquer ce collaborateur haut en couleur, dont le caractère de fonceur sanguin et les bordées de jurons sont connus du Tout-Washington. À l'inverse du conseiller politique David Axelrod (éponge à idées chargée d'énoncer la geste idéologique présidentielle et d'ébaucher la vision de long terme) ou du porte-parole Robert Gibbs, Rahm Emanuel n'appartient pas au groupe des vétérans de la campagne présidentielle d'Obama.
Cela lui confère une place un peu à part dans le premier cercle des intimes. Mais il n'en est pas moins le plus indispensable de tous. Celui que le président laisse parler quand ses interlocuteurs étrangers posent des questions sur sa stratégie de réélection pour 2012. Celui qui sera en première ligne dans la bataille sur la réforme de la santé pour mobiliser sénateurs et représentants et forger des alliances au Congrès. Celui, encore, qui s'active en coulisses pour faire avancer la paix israélo-palestinienne, un dossier cher au cœur de ce juif croyant, fils d'un ancien membre de l'Irgoun (une organisation nationaliste juive). « Une sorte de Claude Guéant puissance 10 », commente, amusé, un diplomate français. En plus médiatique, plus visible. « Il semble qu'il ait une journée de 72 heures », confiait récemment au New York Times le sénateur démocrate de New York Charles F. Schumer.
Doué pour la danse... et la politique
Rahm Emanuel, bientôt 50 ans, naît à Chicago en 1959 dans une famille juive très religieuse, qui l'éduque dans l'amour d'Israël, puisqu'il ira même jusqu'à s'engager comme volontaire civil aux côtés des militaires israéliens en 1991, pendant la guerre du Golfe. Doué pour la danse, il choisit pourtant d'étudier la communication à l'université avant de se lancer très vite dans la politique locale de la capitale de l'Illinois, rejoignant l'équipe du très puissant maire démocrate Richard Daley, incarnation, expliquent les journalistes chicagoans, d'une pratique politique faite de réseaux claniques, de services rendus et d'allers-retours parfois sulfureux entre contributeurs privés aux campagnes électorales et élus. Cette expérience instructive va lui permettre de rejoindre l'équipe électorale de Bill Clinton dès 1991 et de réussir le tour de force de réunir près de 72 millions de dollars de contributions de campagne, somme qui sera décisive lors des primaires. Impressionné, le nouveau président embarque ce phénomène dans ses bagages présidentiels, le nommant conseiller politique à la Maison-Blanche.
Rahm y jouera un rôle de premier plan pendant près de cinq ans, notamment pendant l'affaire Monica Lewinsky, pour aider le président à échapper à la destitution. Il sera aussi le maître de cérémonies de la poignée de main Rabin-Arafat et de la signature des accords israélo-palestiniens d'Oslo. Selon le New York Times, c'est Hillary Clinton, peu favorable à son style rugueux, qui réussit à le faire limoger en 1998, date à laquelle il entre à la Dresdner Bank, où il aurait accumulé, selon les journaux américains, une fortune de 16 millions de dollars grâce à son entregent et ses réseaux politiques.
Mais Rahm a la politique chevillée au corps et, en 2002, il réalise un rêve en se faisant élire représentant démocrate pour le 5e district de Chicago. Il remplace le politicien Rod Blagojevich, qui deviendra gouverneur, avant de devenir, l'hiver dernier, l'acteur d'un scandale de corruption qui manquera d'éclabousser Rahm jusqu'à la Maison-Blanche. Y aurait-il un lien obscur entre les deux hommes, comme l'ex-gouverneur véreux semble vouloir l'indiquer dans un livre à paraître ?
En tout cas, quand il entre à la Chambre en 2002, Rahm Emanuel fait merveille, devenant un expert de la carte électorale des États-Unis et jouant un rôle décisif dans le grand retour et la victoire des démocrates aux législatives de 2006. Peu à peu, une légende se forme autour de ce personnage fonceur et sans états d'âme que ses collègues appellent alternativement « Rahmbo » ou le « chien d'attaque » du Parti démocrate. Il est vrai que certaines anecdotes révèlent un caractère parfois brutal. Comme cette histoire, véridique, de poisson mort, envoyé par la poste à un sondeur qui lui avait déplu pendant sa campagne… Dans son bureau actuel, à deux pas du Bureau ovale, on trouve un petit panneau que lui ont offert ses deux frères : « Monsieur le sous-secrétaire des affaires “va te faire f…” », peut-on y lire. Le détail donne une idée de l'humour assez cru du deuxième personnage le plus puissant d'Amérique et de son entourage.
Obama a d'ailleurs expliqué en riant, pendant le gala des correspondants de presse de la Maison-Blanche, en juin, qu'il n'avait jamais entendu Rahm prononcer le mot « mère » autrement que suivi d'un juron de quatre lettres. « Il y a des jours, quand je me réveille où je ne m'aime pas », a dit un jour Rahm Emanuel, comme pour s'excuser de ses mauvaises manières.
L'un des politiciens les plus doués au monde
Au-delà de ces anecdotes, l'homme est perçu comme l'un des politiciens les plus doués et les plus puissants de la scène politique nationale. « Le plus influent chef de l'Administration de la Maison-Blanche de sa génération », notait carrément le New York Times à la mi-août, précisant qu'il avait récemment remis la secrétaire d'État Hillary Clinton à sa place, en refusant tout net d'accéder à sa demande de nomination d'un certain Sidney Blumenthal, qu'elle proposait pour contrer l'offensive des républicains sur la santé. Après avoir été écarté par cette dernière en 1998, Rahm Emanuel « lui montre ce qu'elle ne peut pas faire », un détail « qui en dit long sur le chemin qu'il a parcouru en seize ans », commente le New York Times.
Sa personnalité paraît en fait plus complexe que certains ne veulent bien le dire. L'homme a beaucoup surpris les Israéliens et les milieux juifs américains, en se faisant le défenseur de la politique d'apaisement d'Obama au Proche-Orient. Lui que le quotidien Maariv avait appelé « notre homme à la Maison-Blanche » s'est démarqué de la ligne défendue par le lobby pro-israélien de Washington Aipac, pour réclamer de Benyamin Nétanyahou et de l'ensemble de la droite israélienne un gel total des colonisations dans les Territoires palestiniens. Une attitude qui a désenchanté tous ses soutiens en Israël, où on est à deux doigts de le traiter de traître…
Perçu comme un politicien roué et efficace, le nez rivé sur le guidon du quotidien, Rahm Emanuel n'en semble pas moins avoir un agenda révolutionnaire pour l'Amérique, à l'intérieur comme à l'extérieur. Il a souvent expliqué que c'était pour aider le président à accomplir ses indispensables réformes qu'il avait accepté le rôle ingrat de grand intendant de la maison Obama. « Pour avoir le succès en politique, il faut tenir les promesses que l'on a faites, montrer que l'on est capable de gouverner », lançait-il en août 2008. Avocat d'une stratégie visant à mener toutes les réformes simultanément, Rahm Emanuel, le bulldozer, se retrouve en première ligne pour assumer la responsabilité du succès ou de l'échec à venir. Mais c'est détendu et confiant qu'il aborde les futures grandes batailles, selon un témoin qui a dîné avec lui à la Maison-Blanche à l'occasion du ramadan.
Le Figaro - 18 septembre 2009
Commentaires
Le grand corps Mondial est malade, les métastases l'agressent de partout, il est nécessaire de penser à la méthode Raspail (Raspailthérapie) pour endiguer d'abord, puis détruire définitivement le mal.
Comment peut-on expliquer vraiment qu'une petite ethnie, xxxxxxxxxxx soit la terreur de trop de personnes xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Un bon bol d'air, et la France totalement, de nouveau ,entre nos seules mains. LA PAIX ,ENFIN !!!
A turigol : Excellent commentaire que j’approuve sans réserve. Mais qu’est-ce la Raspailthérapie ? En quelques mots ?
@abad
turigol semble très joyeux ce soir !
qu'il nous donne la recette, pour ceux qui en auraient besoin.
@turigol
ne voyez aucune offense , surtout .
@abad
Raspail, dans son livre "le Camp des Saints" prévoyait la déchéance de la France, et finissait par indiquer qu'il faudrait utiliser cet "objet" dans lequel on introduit des bandes, l'un des servants vise et l'autre ajuste la bande,.....puis çà fait TACATACATACATACATACA..
C'est çà le Grand médicament.