Ni la confrontation avec ses co-prévenus, ni les piques du procureur de la République de Paris n'ont déstabilisé mercredi Dominique de Villepin qui, s'efforçant de répondre pied à pied aux accusations, a nié avec âpreté avoir jamais trempé dans la "manipulation" Clearstream.
L'ancien Premier ministre est soupçonné d'avoir participé à une vaste "manipulation" dans laquelle plusieurs noms de personnalités, dont celui de Nicolas Sarkozy, ont été ajoutés sur des listings de Clearstream, afin de faire croire qu'ils détenaient des comptes occultes.
Avant même d'entrer dans la 11e chambre, l'avocat international s'est dit "heureux" de "pouvoir apporter sa contribution à l'émergence de la vérité dans une affaire" obscurcie par "les mensonges et les manipulations".
Pour lui, tout a commencé le 1er janvier 2004, par une visite inopinée d'un proche, Jean-Louis Gergorin, au ministère des Affaires étrangères. Quinze minutes durant lesquelles le vice-président d'EADS évoque "un système occulte".
"Je l'ai encouragé à poursuivre" sa mission mais "sans ajouter de demande spécifique", raconte alors M. de Villepin.
Jean-Louis Gergorin affirme lui que le ministre des Affaires étrangères s'était recommandé d'instructions de Jacques Chirac. Il dit aussi avoir eu une demi-douzaine de réunions "discrètes" avec Dominique de Villepin entre janvier et juillet. Au mois d'avril, le ministre lui aurait même dit de transmettre à la justice les faux listings Clearstream.
Dominique de Villepin assure n'avoir jamais reçu ni "transmis d'instruction" de Jacques Chirac, mais s'être borné à "inscrire ses demandes dans le cadre des directives générales que le président n'avait cessé de donner" sur la moralisation de la finance internationale.
Selon lui, les notes du général Rondot résumant cet épisode "ne reflètent pas ce qui s'est dit ce jour-là". Quant aux rencontres avec Jean-Louis Gergorin, qui seraient attestées par des gardes du corps du responsable d'EADS, elles n'ont jamais existé, martèle-t-il.
Durant deux heures, M. de Villepin répond posément aux sages questions du président Dominique Pauthe sans jamais être mis en difficulté. Mais c'est vers 17H00 que le combat judiciaire commence véritablement, avec l'entrée en scène du procureur Jean-Claude Marin, déterminé à faire flancher le prévenu.
Malmené, Dominique de Villepin manifeste parfois d'un sourire crispé sa tension, quand le procureur de la République de Paris, lui, joue l'ironie.
Titillé sur ses rencontres "secrètes" avec Jean-Louis Gergorin, le prévenu se rebiffe. "Parfois, trop c'est trop". "Je trouve curieux que 26 officiers de sécurité, quatre huissiers du ministère de l'Intérieur pèsent moins de poids qu'un ou deux agents d'officine privée recrutés par EADS, je trouve cela choquant".
Plus tôt, il a réaffirmé n'avoir "jamais eu les listings Clearstream" entre les mains et n'avoir "jamais été informé de leur caractère frauduleux".
Quant au nom de Nicolas Sarkozy? Il a "pu être prononcé" le 9 janvier, a-t-il reconnu, mais en aucun cas "en liaison avec cette affaire de réseaux occultes".
AFP. 30.09.09
Commentaires
Est-ce que villepin réussira à imposer la vérité dans cette affaire? Rien n’est moins sûr !
@abad: il fait ce qu'il peut, mais son ennemi mortel est le Président de la Ripoublique avec tous ses suppôts!
Après abattage rituel, il risque, comme il le lui a promis, d'être "pendu à un croc de boucher".
Je le crois innocent, mais naïf depuis le début de cette affaire. Il n'a pas la ruse dans son sang. Ce n'est pas un reptilien.
Mais il donne des coups, lui aussi, il vend chèrement sa peau, me semble-t-il.
Ils veulent sa peau,Casher!
-----Pour ma part, je pense qu'à moyen terme cette affaire Clearstream va réserver des surprises de taille et Sarkozy va s'y trouver mélé en tant que manipulateur dans l'ombre. Il a bien monté son coup mais rien n'est encore joué.