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Interview - Le Dr Pierre Collart travaille dans une unité spécialisée dans le traitement des délinquants sexuels à Charleroi en Belgique, pays où la castration chimique est pratiquée.
Alexandra GUILLET - le 02/10/2009 - 06h00
Mis à jour le 02/10/2009 - 13h18
LCI.fr : Vous travaillez dans une équipe de santé spécialisée dans le traitement des délinquants sexuels à l'hôpital Van Gogh de Charleroi en Belgique. Depuis quand la castration chimique est-elle pratiquée en Belgique ?
Pierre Collart, docteur en psychologie : La question du traitement des délinquants sexuels s'est clairement posée à la suite de l'affaire Dutroux. Depuis 1998, il existe en Belgique un accord de coopération entre le ministère fédéral de la Justice et les régions. Dans ce cadre, notre unité hospitalière a été chargée de la mise en place des traitements et du suivi des auteurs d'infractions sexuelles. L'essentiel de nos patients fait l'objet d'une injonction de soins par la Justice à la suite d'une condamnation.
LCI.fr : Comment fonctionne la castration chimique ?
Pierre Collart : Il y a plusieurs types de molécules qui servent à la castration chimique. Les plus utilisées aujourd'hui sont les analogues de la GnRH, des substances qui agissent au niveau central du système nerveux et qui ont comme effet de supprimer la production de testostérone. Pour que la castration soit efficace, le patient doit recevoir une injection tous les trois mois. Ça, c'est pour l'aspect technique.
Mais il est important de savoir que la très grande majorité des délinquants sexuels que nous suivons n'ont pas besoin de ce traitement. La castration chimique n'a d'intérêt ou d'utilité que chez les patients qui ont des problèmes de compulsion. Il s'agit de personnes qui vont se faire dépasser par des pulsions. Pulsions qui vont les conduire à, par exemple, toucher le premier enfant qui passe. En 12 ans, sur environ 1000 patients qui sont venus dans notre unité de santé, à peine quelques dizaines d'entre eux ont été placés sous castration chimique.
LCI.fr : Pouvez-vous contraindre un délinquant sexuel à la castration chimique ?
P.C. : Il est hors de question de faire un traitement de castration chimique sans l'accord du patient. Je peux comprendre qu'au niveau sécuritaire ou politique, cela peut être un discours rassurant de dire que l'on va faire la castration chimique de tous les délinquants sexuels. Mais au niveau clinique, cela n'a pas d'intérêt. Comme je vous l'ai dit, cela ne sert à rien dans un grand nombre de cas.
Le délinquant sexuel, c'est Monsieur et Madame tout le monde. Les modalités de passage à l'acte sont très différentes. Ainsi, le père incestueux n'a rien à voir avec le prédateur sexuel qui va attraper une victime dans la rue. On ne les traite pas de la même façon. Ce qu'il y a de très commun par exemple, c'est d'avoir un patient déprimé et qui va commettre des agressions sexuelles dans le cadre de cette dépression. On va donc s'attaquer avant tout à la déprime de la personne, à l'aide d'anti-dépresseurs.
LCI.fr : La castration chimique n'est donc qu'un outil parmi d'autres dans la prise en charge globale du patient ?
P.C. : Exactement. Mettre un patient sous castration chimique ne résout rien. Il faut une prise en charge globale, et notamment psychologique, du patient. Ce qui est bien avec la castration chimique, c'est qu'elle permet faire tomber la pression chez un individu qui a des pulsions. On va lui permettre ainsi de respirer un peu. Une fois qu'il est plus accessible à la réflexion, on peut commencer le suivi psychologique. C'est très important de comprendre cela, car on ne peut pas placer un patient à vie sous castration chimique. Dans notre service, on a d'ailleurs eu un cas de récidive d'un patient alors qu'il était sous castration chimique. Nous avons, a contrario, d'innombrables cas de patients qui n'ont pas été sous castration chimique et qui n'ont jamais récidivé.
LCI.fr : Combien de temps doit durer le suivi d'un délinquant sexuel pour estimer qu'il est guéri ?
P.C. : C'est très variable selon les patients. Les obligations judiciaires de traitement courent généralement sur cinq ans. Libre à l'équipe soignante de mettre un terme anticipé à ce suivi si elle estime qu'il n'est plus nécessaire. Lorsque l'on arrive au terme de ces 5 ans, l'obligation judiciaire tombe. Une discussion s'engage alors entre le patient et le médecin. Si le patient souhaite continuer, on continue. S'il souhaite arrêter, il arrête. Dans les cas où l'on a une inquiétude sur l'état de guérison du patient, on le signale dans un rapport que l'on remet à la Justice et on le signale aussi au patient. On lui explique pourquoi nous avons des doutes. On voit ensuite comment continuer un peu avec lui. Généralement le contact au long terme fonctionne assez bien.
LCI.fr : Le taux de récidive chez les patients que vous avez suivi est-il important ?
P.C. : En Belgique on tourne autour de 12,5% de taux de récidive de façon générale. C'est un chiffre légèrement inférieur à ce que l'on constate dans les autres pays.
LCI.fr : Depuis le mois de septembre, la Sécurité sociale belge rembourse la castration chimique, c'était quelque chose d'important?
P.C. : C'est fondamental, car c'est le patient qui paie son traitement. Et le coût peut en dissuader certains. A l'heure actuelle, il coûte environ une centaine d'euros par mois.
Commentaires
La castration chimique est le dernier hochet agité par les merdiats et les politichiens pour amuser le bon peuple et le détourner des problèmes : ils vont ainsi l’occuper pendant quelques semaines pendant lesquelles il ne pensera à rien d’autre!
Je remarque que l’article de LCI est plein d’incohérences qui font qu’une lecture rapide vous convainc qu’on ne peut rien faire contre les délinquants sexuels. Le but de LCI est atteint (du moins le croient-ils !)