Créditée de 7% des voix aux élections de dimanche, cette extrême droite grecque a été longtemps ignorée dans un pays sorti de la dictature des colonels en 1974.
Dans les rues d'Athènes, ses affiches sont placardées tous les cinq mètres : «Caramanlis, Papandréou, encore les mêmes», ou «Nouvelle démocratie, Pasok, Siemens, les scandales, maintenant, tu sais.» Au cœur de ses publicités figure le visage souriant de Giorgos Karatzaferis, le leader du parti du Laos, «L'alarme populaire orthodoxe», apparenté à l'extrême droite.
Dans la foulée des émeutes de décembre 2008, durant lesquelles les anarchistes avaient mis Athènes à feu et à sang, on attendait l'extrême gauche dans les urnes des européennes du printemps 2009. Ce fut l'extrême droite, qui a effectué une véritable percée, avec 7 % des suffrage.
«Nous voulons 15 députés sur 300»
Créditée d'un score semblable aux élections de dimanche, cette extrême droite grecque, longtemps ignorée dans un pays sorti de la dictature des colonels en 1974, s'installe dans le paysage politique.
Un conseiller du président de cette formation affiche désormais de fortes prétentions : «Nous voulons avoir 15 députés sur 300 dans le prochain Parlement.» Selon lui, «les Grecs sont lassés par le népotisme et la corruption. Ils voient les forêts calcinées chaque année, des émeutes éclater à tout va, des attentats de groupuscules terroristes.» L'atout majeur du Laos, souligne cet expert électoral, c'est le ralliement de l'ancien directeur des services secrets grecs, symbole de discipline dans un pays en pleine crise sociétale.
«Le parti Laos prône le retour à l'identité hellénique»
Giorgos Karatzaferis, un ancien garde du corps, aujourd'hui propriétaire d'une chaîne de télévision, s'adresse aux déçus du système étatique. Mais sa campagne électorale s'appuie aussi, et surtout, sur la lutte contre les migrants qui «menacent l'homogénéité de la Grèce», et l'opposition à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Selon le professeur de sociologie Persa Zeri, le leader du Laos a compris «l'exaspération des Grecs. Entre le port du Pirée vendu aux Chinois, la compagnie nationale aérienne à un groupe des Émirats et les télécoms aux Allemands, il prône un retour à l'identité hellénique».
Le Figaro - 02.10.98