Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Clearstream: le témoignage du juge van Ruymbeke

Juge renaud van Ruymbeke.jpg
Le juge Renaud van Ruymbeke le 6 octobre 2009
(Cliquez sur la photo pour la voir en entier)

Le juge d'instruction Renaud van Ruymbeke a témoigné mardi au procès Clearstream que Jean-Louis Gergorin lui était "apparu totalement de bonne foi" lorsqu'il l'avait approché et lui avait remis anonymement les faux listings bancaires au printemps 2004.

"M. Gergorin m'est apparu totalement de bonne foi. Il y a deux éléments objectifs qui confortent sa bonne foi: c'est lui qui a exigé de me rencontrer (avant de transmettre les listings, ndlr), je ne peux pas penser une seconde qu'il se tire une balle dans le pied", affirme le magistrat.

En transmettant des courriers anonymes avec "des numéros de comptes, il me donne les moyens de vérifier qu'ils sont vrais ou faux", ajoute-t-il.

Tout commence fin avril 2004 quand un avocat, Me Thibault de Montbrial, vient trouver le juge d'instruction alors empêtré dans une enquête sur des commissions versées en marge de la vente de frégates à Taïwan.

 "Il me dit, voilà, je connais un haut dirigeant d'une des principales sociétés d'armement qui connaît les comptes que vous cherchez dans le dossier des frégates. Ca passe par Clearstream. Ce monsieur veut absolument vous rencontrer", sans apparaître "pour des raisons de confidentialité et surtout de sécurité", raconte le juge van Ruymbeke.

Intrigué, le magistrat rencontre alors à deux reprises au domicile de l'avocat, Jean-Louis Gergorin, vice-président d'EADS, un homme "très brillant, convaincu manifestement de ce qu'il dit".

M. Gergorin lui décrit alors un système de comptes occultes utilisés par des oligarques russes pour recevoir des commissions dans l'affaire des frégates.

"J'ai eu l'impression qu'il était sincère et croyait en ce qu'il disait", juge M. van Rumbeke.

Problème, le responsable d'EADS refuse de témoigner sous X, craignant pour sa sécurité.

"J'étais bloqué. C'est vrai qu'à un moment donné, M. Gergorin me dit "comment est-ce qu'on fait?" Je lui réponds "Ca ne me concerne pas, vous voyez avec votre avocat". Je prends à part Me Montbrial: "vous faites ce que vous voulez, ce n'est pas mon problème"".

Quelques jours plus tard, le 3 mai, il reçoit un premier courrier anonyme. L'affaire de dénonciation calomnieuse est lancée.

Suit un deuxième courrier le 14 juin qui concerne des "centaines de noms qui n'ont rien à voir avec les frégates".

"Je le verse au dossier (des frégates, ndlr), tout le monde y a accès", notamment "Thales et ses avocats", glisse-t-il à plusieurs reprises, évoquant sans le nommer Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy au procès Clearstream.

Ce courrier mentionne les noms de Jean-Pierre Chevènement, Alain Madelin et Dominique Strauss-Kahn, trois hommes politiques qui ont pris contact avec lui.

"Il y avait un quatrième homme politique que je n'avais pas vu", car il s'agissait des noms "Nagy et Bocsa". "Un enquêteur m'a dit que cela correspondait à l'identité" de Nicolas Sarkozy "ou de son père. Il ne s'est jamais manifesté".

Nicolas Sarkzoy a expliqué en octobre 2006 avoir été à tort mis en cause "sur la base du mensonge d'un corbeau qui s'était allié avec un juge".

Le juge van Ruymbeke, qui a martelé mardi être "étranger à l'affaire Clearstream" et estime n'avoir fait que son travail de juge, a été renvoyé devant le Conseil supérieur de la magistrature pour répondre de son attitude dans ce dossier.

Le CSM se prononcera sur une éventuelle sanction à la fin de la procédure de dénonciation calomnieuse.

AFP. 06.10.09

 

Les commentaires sont fermés.