Au jeune marin qui la demandait en mariage, Jeanne Jugan avait répondu : « Dieu me veut pour lui. Il me garde pour une oeuvre qui n’est pas connue. » Cette oeuvre à laquelle la fondatrice de la Congrégation des petites soeurs des pauvres consacrera sa vie, c’est l’engagement auprès des personnes âgées démunies. Une oeuvre exemplaire de générosité qui vaut ce matin à soeur Marie de la Croix (son nom de religieuse) d’être proclamée sainte par Benoît XVI à Rome.
Cent trente ans après sa mort, son oeuvre lui a survécu avec un succès qu’elle n’imaginait sans doute pas. Aujourd’hui implantée sur les cinq continents, dans trente-deux pays, du Bénin à l’Inde, en passant par la Turquie et le Chili, la Congrégation des 2 710 petites soeurs des pauvres accueille 13 232 personnes âgées dans 202 maisons de retraite.
En France, près de 4 000 hommes et femmes âgés vivent dans les 49 maisons gérées par les petites soeurs, à Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Rennes, Amiens…
Née le 25 octobre 1792, dans une humble famille de pêcheurs au hameau des Petites-Croix, près de Cancale (Ille-et-Vilaine), Jeanne Jugan perd son père en mer à l’âge de 4 ans. Sa mère élève donc seule les quatre enfants. Dès 16 ans, Jeanne est obligée de travailler en tant qu’aide-cuisinière puis aide-soignante à l’hôpital de Saint-Servan (Ille-et-Vilaine), près de Saint-Malo. Sa vocation est née : elle veut servir Dieu et les pauvres. C’est pourquoi, à 25 ans, ayant fait voeu de chasteté, elle rejoint une association de laïques consacrées qui vient en aide aux plus démunis, le Tiers-Ordre du Coeur de la Mère admirable.
« Un modèle pour nous aujourd’hui »
C’est à 47 ans que Jeanne Jugan trouve la voie qui la conduira à la sainteté.
Un soir de l’hiver 1839, elle ouvre sa demeure à une vieille femme aveugle et infirme, Anne Chauvin, à qui elle donne son lit avant d’aller dormir au grenier. Arrive une deuxième personne âgée puis une troisième… En 1843, à une époque où il n’est question ni de pensions ni de maisons de retraite, une quarantaine de vieillards sont pris en charge dans un ancien couvent de Saint-Servan par la Congrégation des servantes des pauvres dont Jeanne Jugan est élue supérieure.
Victime de l’ambition dévorante du prêtre qui l’avait aidée jusque-là, la religieuse est destituée de sa charge dès décembre 1843 par l’abbé Le Pailleur, désireux de passer à la postérité comme fondateur de la Congrégation. Reléguée à la quête (ce qui ne l’empêchera pas d’ouvrir une maison de retraite à Rennes puis à Dinan), cette femme de caractère répond à l’injustice par le silence, fidèle à l’une de ses devises : « Il faut aimer beaucoup le bon Dieu, le pauvre et s’oublier soi-même. » En 1852, elle est déchargée des relations avec les donateurs et reléguée parmi les novices à qui elle n’aura de cesse de transmettre son message de charité, jusqu’à sa mort le 27 août 1879, à 86 ans, dans la maison-mère de la Congrégation à Saint-Pern (Ille-et-Vilaine). « Elle a vécu sa mise à l’écart avec beaucoup de sérénité et sans amertume », rappelle soeur Marie-Elisabeth, responsable des novices à Saint-Pern (Ille-et-Vilaine).
Non sans rappeler l’engagement phare de la religieuse : « Elle a su répondre à l’amour de Dieu par des gestes très concrets envers les personnes âgées. » Alors qu’un nouveau scandale de maltraitances a éclaté cette semaine dans une maison de retraite à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), le message de soeur Marie de la Croix est plus que jamais d’actualité, renchérit mère Caroline, supérieure de la maison de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) où vivent 72 retraités « de toutes religions » et 14 soeurs : « Par son enseignement, à savoir le respect de la dignité des personnes âgées, elle est un modèle pour nous aujourd’hui. »
« Morte dans l’oubli »
Dans son homélie de béatification en 1982, Jean-Paul II déclarait : « Jeanne Jugan avait reçu de l’Esprit comme une intuition prophétique des besoins et des aspirations profondes des personnes âgées. »
Canonisée ce matin place Saint-Pierre, à Rome, au cours d’une messe à laquelle assistera François Fillon, la bienheureuse rejoint, six ans après la béatification de mère Teresa, la grande assemblée des saints de l’Eglise catholique. Robe noire et voile gris, 300 petites soeurs des pauvres (dans chaque maison, une religieuse a été tirée au sort pour aller à Rome) assisteront au premier rang à la canonisation de la fondatrice de leur congrégation. L’évêque de Pontoise, Mgr Jean-Yves Riocreux, qui concélébrera l’office avec Benoît XVI et d’autres prélats, rend hommage à cette grande figure du catholicisme : « Jeanne Jugan est morte dans l’oubli. Mais son oeuvre et son message d’attention, matérielle et affective, aux personnes âgées, lui ont survécu. »
A lire : « Sainte Jeanne Jugan. Tendresse de Dieu pour la Terre », Eloi Leclerc, Desclée de Brouwer, 2009, 4 €.
Le Parisien - 11 octobre 2009
Commentaires
Le pharisien ne peut s’empêcher de donner le coup de pied de l’âne : « la maison …. où vivent 72 retraités «de toutes religions» » : qu’apporte cette précision dans la bouche de ce pharisien qui, à longueur de temps, traite les français de racistes, de xénophobes, etc…. pour servir sa propagande mondialiste ? Comme si les catholiques n’étaient pas les premiers, et de tout temps, à se dévouer pour tous les hommes sans distinction de race et de nationalité. Pourquoi donc ont-ils créer des centres d’aide, de soins, des dispensaires etc. dans le monde entier et pour tous les peuples ? Est-ce qu’il existe une autre religion qui en ait fait ne serait-ce que le centième ou le millième ? Mais c’est toujours pareil chez ce pharisien : chez lui la haine de tout ce qui est Français et chrétien est plus forte que tout !
vous avez raison depuis peu je tricote et je couds pour les prématurés, les hôpitaux n'ayant pas ce qu'il faut en layette prémas.et pour les couveuses une honte ! )
Et l'on constate que se sont encore des chrétiennes plutôt cathos qui le font.
A Mélanie : bravo pour votre dévouement.
Mais il faudrait se poser la question : pourquoi donc les hôpitaux sont-ils si mal équipés ? On connaît la réponse : on ne peut pas financer la CMU et les hôpitaux !
@Abad
" Est-ce qu’il existe une autre religion qui en ait fait ne serait-ce que le centième ou le millième ? "
Non effectivement, excepté la religion chrétienne, il n'existe aucune religion qui le fait pour des personnes de confession différente de la sienne.
une petite anecdote. A Suresnes les petites soeurs des pauvres pour signaler qu'elles avaient besoin d'aide tournaient une statue de la vierge face contre le mur.
Dès que cela allait mieux elles retournaient la statue.
mais peut être était-ce leur manière de faire partout.
Catholique veut dire universel.
Le Christ soignait des païens - Il a guéri la fille d'un centurion romain.
Cher abad, le message de Ste Jeanne Jugan passe tout de même! Et c'est là l'essentiel! Personne ne sait qui était Jeanne Jugan, même parmi les catholiques bigots!
Le portrait de Léon Brune est très beau parce qu'on y "voit" l'âme de Jeanne Jugan.
Chère mélanie, votre dévouement est admirable, mais cette layette ne va pas peut-être à qui vous pensez: elle peut être revendue dans des boutiques de "tricoté main" pour les bébés. Avez-vous vérifié la destination réelle de vos tricots pour bébés?
Moi, j'avais donné de beaux vêtements au Secours CATHOLIQUE. Puis je suis allée voir le vestiaire: les dames bénévoles" se servaient pour elles d'abord et leurs enfants, elles choisissaient le plus beau, sans vergogne, elles l'ont fait devant moi. J'étais stupéfaite, je n'ai plus rien donné. Le reste part pour être vendu au poids à des "chiffonniers" spécialisés!
Mais je pense qu'en Bretagne les choses se passent sans doute différemment et que les gens sont plus honnêtes!
On sait à qui vont les denrées des banques alimentaires: à ceux qui ne crèvent pas de faim, mais qui pleurent continuellement misère! Il ne faut donner de conserves de pâté au porc...