El Universal a publié la semaine dernière une enquête qui nous en apprend de belles sur Gabriel García Márquez.
Reprenant des rapports de la défunte Dirección Federal de Seguridad (DFS) –une sorte de KGB à la mexicaine- l’article révèle tout d’abord que l’écrivain a été espionné pendant plus de 20 ans par les services de renseignements mexicains. L’écrivain colombien, installé au Mexique depuis les années 60, n’a en effet jamais caché sa sympathie pour l’extrême gauche latino-américaine, et a toujours entretenu de très bon rapport avec Fidel Castro.
Or, à la même époque, et comme dans bien d’autres pays d’Amérique Latine, le gouvernement mexicain cherche à combattre la montée en puissance des mouvements révolutionnaires, communistes ou socialistes à travers une « guerra sucia » ou « guerra de baja intensidad ».
Dans ce contexte on comprend pourquoi, à l’instar de beaucoup d’autre artistes ou intellectuels mexicains, les activités de García Márquez furent observées de très près et fichées consciencieusement par la DFS. D’ailleurs, selon Gerald Martin, auteur de la biographie officielle de Gabo, ces révélations ne sont que la confirmation de faits connus de longue date.
Ce qui surprend davantage, c’est de découvrir l’auteur de Cien Años de Soledad érigé au rang de consul officieux de la France au Mexique sous le gouvernement de François Mitterrand…
En effet, la plus grande partie des documents de la DFS concerne les activités de García Márquez comme intermédiaire entre les mouvements de gauche Latino-Américains et l’équipe de Mitterrand. Ces relations commencent quelques temps avant l’arrivée au pouvoir du dirigeant socialiste en mars 1981.
Les communications entre García Márquez et le philosophe Régis Debray, chargé de mission pour les relations internationales par le président Mitterrand, intéressaient tout particulièrement la DFS. Ami de longue date de Debray, García Márquez cherchait –selon les renseignements mexicains- à devenir le porte parole de la gauche latino-américaine (notamment au Salvador, au Chili et en Colombie) et le gouvernement français.
Tant et si bien que quand, en octobre 1981, le président français annonce une visite au Mexique, le gouvernement mexicain s’inquiètera quelque peu d’accueillir le président français qui semblait porter tant d’attention à la voix de García Márquez… En effet, quelques temps avant l’arrivée de François Mitterrand, la maison de García Márquez avait pris des allure de consulat dans lequel défilaient nombre de figures de la gauche latino-américaine.
Source: Le Grand Journal (Mexico) - 21 octobre 2009
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Une ONG latino-américaine porte plainte contre l'écrivain et l'adaptation cinématographique de Mémoires de mes putains tristes.
Terez Ulloa, directrice de l'ONG de la Coalition régionale contre le trafic de femmes et de fillettes en Amérique latine et aux Caraïbes, a porté plainte lundi 5 octobre pour empêcher le tournage de l'adaptation Mémoires de mes putains tristes , un roman du Prix Nobel de littérature Gabriel Garcia Marquez. Le roman de l'écrivain colombien, résidant actuellement au Mexique, raconte l'histoire d'un homme de 90 ans qui décide de s'offrir une nuit de sexe avec une adolescente de 14 ans.
L'ONG a porté plainte contre l'écrivain, qui a cédé les droits d'adaptation cinématographique, contre les deux entreprises mexicaines Femsa et Televisa, qui co-produisent le film, et contre le gouverneur de l'état mexicain de Puebla, dans le centre du pays, où doit avoir lieu le tournage. Selon Terez Ulloa, le film risque de faire l'apologie de la prostitution infantile et de la corruption de mineurs. Il placerait en situation de risque tous les enfants, filles ou garçons pauvres de l'Amérique latine et des Caraïbes. L'ONG va également écrire aux ambassades du Danemark et d'Espagne, dont les gouvernements devaient contribuer au budget au film.
Source: L''Express - 06 octobre 2009