Père de quatre enfants, Joël Le Pahun, 47 ans, a perdu son fils aîné, Julien, dans l’embuscade, deux jours avant que le jeune homme ne fête ses 20 ans. Il est décidé à porter plainte pour « connaître la vérité ».
Pourquoi avez-vous décidé de porter plainte ?
Joël Le Pahun. Nous sommes en droit de connaître la vérité.
Avez-vous conscience que votre démarche peut surprendre, votre fils étant mort au combat ?
Cette initiative soulèvera peut-être de l’incompréhension chez certains, des critiques chez d’autres. Je m’y prépare. Cette plainte ne vise pas le président de la République, son gouvernement ou le chef d’état-major des armées. Elle n’est pas non plus dirigée contre l’institution militaire. Elle vise des individus qui n’ont pas, à notre sens, assumé leurs responsabilités, qui n’ont pas su gérer la mission qu’ils devaient mettre en place. Nous soupçonnons l’existence d’une série de manquements dans la chaîne de commandement. Un haut gradé a lui-même évoqué un excès de confiance. La justice doit enquêter.
Que savez-vous des circonstances du décès de Julien ?
De source militaire, nous avons eu différentes versions. A mes yeux, aucune n’est la bonne. La version la plus proche de la réalité me semble être celle relatée dans le livre enquête « Opérations extérieures », paru en juin dernier. Julien faisait partie de la section du 8ème RPIMa prise sous le feu des talibans. Il a été l’un des premiers touchés, polycriblé, selon les termes utilisés. Mon fils a pu couvrir deux camarades qui ont réussi à se mettre à couvert. Ses dernières paroles ont été Ne m’abandonnez pas.
On le sait car il était en liaison radio. Il est mort d’une balle dans la tête, sans doute tirée par un sniper. Il n’a été ni torturé ni mutilé.
Quand lui aviez-vous parlé pour la dernière fois ?
Je l’avais eu au téléphone le vendredi précédent. Julien et ses camarades avaient fait une patrouille dans le même secteur de la vallée d’Uzbin, mais ils s’étaient arrêtés à mi-chemin du col. Ils ont croisé des Afghans qui leur ont dit de faire attention, que la zone était infestée de talibans. Julien m’a confié qu’au retour de la patrouille, lors d’un débriefing, ses chefs ont déclaré : S’il y avait eu des talibans, on aurait tous été tués. D’autres soldats l’ont rapporté à leurs proches. J’ai senti mon fils assez inquiet. Le lundi, il savait qu’ils allaient au contact.
Quels éléments vous laissent penser qu’il y aurait eu des manquements de la part de la hiérarchie ?
L’officier qui a organisé la mission et qui devait l’encadrer n’a finalement pas participé à la patrouille de reconnaissance le lundi. Il s’est occupé de personnalités VIP arrivées à Kaboul, confiant le commandement de la patrouille à un autre officier. Cela pose question, comme bien d’autres éléments troublants.
Lesquels ?
Un Afghan, qui servait d’interprète à nos soldats, a mystérieusement disparu du camp la veille de la patrouille dont il devait faire partie. Il s’est enfui. Avant le départ de la patrouille, un autre interprète a été aperçu utilisant un téléphone. L’appareil lui a été confisqué et l’incident rapporté à la hiérarchie. Or, ce même Afghan a été surpris peu après avec un autre téléphone, sans doute occupé à donner des renseignements. Malgré ces faits troublants, la mission a été confirmée. Par ailleurs, il n’y a pas eu de reconnaissance aérienne préalable, avec des hélicos ou des drones, alors qu’on savait que le terrain était aux mains des talibans. Tout le monde savait aussi que les Italiens, auxquels nos soldats venaient de succéder dans cette zone, n’avaient rien fait pendant leur séjour là-bas, restant retranchés dans le camp.
Vous évoquez aussi un problème sur l’armement de la patrouille…
Oui. Quand il y a eu contact avec les insurgés, il aurait dû y avoir un appui-mortier (NDLR : petits canons à courte portée) de la section du RTM, l’autre unité engagée dans l’opération. Or, les percuteurs avaient été oubliés ! La hiérarchie prétend que l’utilisation de mortier était impossible car nos soldats et les talibans étaient trop imbriqués. Moi j’affirme qu’avec ces tirs il y aurait eu moins de morts dans nos rangs. Enfin, l’équipement des soldats n’était pas optimum pour ce type de mission. Julien, comme les autres, avait investi plus de 2 000 € pour améliorer le sien avant de partir.
P/O Gaëlle MANN -Le Parisien 29/10/2009
Commentaires
L’analyse du M. Le Pahun confirme ce dont on se doute depuis plusieurs années : notre armée est devenue une armée d’opérette !
Et tout e qu’on ous adit sur cette embuscade n’est qu’un tissu de mensonges.
équipement sur le terrain médiocre , Etat Major en surnombre , bien à l'abri , comme au Kosovo
"Enfin, l’équipement des soldats n’était pas optimum pour ce type de mission. Julien, comme les autres, avait investi plus de 2 000 €"
Cette salope de Lesprechun, ce gnôme démoniaque, et cet avorton de Morin ont mené à bien leur travail de sape de l'armée : par crainte d'un putsch de sa part?
L'investissement de 2000 € de Julien consistait-il en l'achat d'un Famas neuf ou d'une lunette de visée à infrarouge / amplification de lumière ?
Ceci est proprement scandaleux dans une unité d'élite (commandos de marine) et de plus si elle se rend dans un pays ultra dangereux comme l'afghanistan .
Le matériel qui leur est alloué dot être d'une totale fiabilité
et les coûts à charge de l'Etat .
"La hiérarchie prétend que l’utilisation de mortier était impossible car nos soldats et les talibans étaient trop imbriqués. Moi j’affirme qu’avec ces"
Une couverture de l'artillerie est indispensable mais on peut octroyer de la puissance de feu en équipant son fusil d'assaut de lance grenades ou emporter des lance roquettes de type RPG voire des grenades quadrillées et des mitrailleuses en cal 223 / 308 Win. magnum /calibre 50.
Le coup des percuteurs oubliés , j'ai du mal à y croire de la part de pros de la guerre , à moins qu'ils ne soient pas professionnels du tout !