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Une statue à la gloire de Ceausescu

Ceausescu portrait.jpg
Portrait du dictateur communiste dans un musée de Bucarest
(Cliquez sur la photo pour la voir en entier)
(De Scorniceşti, Roumanie) Les autorités de Scorniceşti viennent de donner leur feu vert à l'érection d'un imposant buste en marbre à la gloire de Nicolae Ceauşescu. Dans la petite ville qui vit naître le dictateur roumain, l'heure reste à l'admiration et à la nostalgie pour celui qui conduisit le pays d'une main de fer pendant vingt-quatre ans. Le Courrier des Balkans a pu rencontrer le neveu de Ceauşescu, à l'origine du projet.

L'Europe a beau célébrer en grande pompe le vingtième anniversaire de la chute du communisme, Scorniceşti ne sera pas de la partie. Ce gros bourg à l'économie exsangue, situé à 150 km à l'ouest de Bucarest, continue de vouer un culte largement partagé à Nicolae Ceauşescu, son « enfant chéri ».

Et pour entretenir ce culte, le conseil municipal a donné son feu vert, à la fin du mois d'octobre, à l'érection d'un imposant buste en marbre à la gloire de l'ancien dictateur. Sculpté par un artiste roumain qui a longtemps vécu en France, le monument atteindra plus de trois mètres de haut et trônera en plein centre-ville. Il pourrait être inauguré le 26 janvier prochain, à l'occasion du 92e anniversaire de la naissance du dictateur.

« Ce n'est pas une provocation, mais un juste retour des choses », confie Emil Barbulescu, neveu du « Génie des Carpates » et initiateur du projet. Cet ancien de la Securitate poursuit :

« Mon oncle a profondément modernisé la Roumanie, il fait partie de l'Histoire, Scorniceşti lui devait bien ça ! »

Et pourtant, la Roumanie a officiellement condamné le régime communiste en 2006, par la voix de son président Traian Băsescu. La soviétisation totale du pays, l'annihilation de l'Etat de droit, l'arrestation, l'assassinat et la détention politique qui ont eu lieu sous le régime de Ceauşescu et sous les précédents gouvernements communistes, comptent parmi les principaux crimes dénoncés alors.

« Quand le sujet a été mis sur la table, je me suis abstenu de voter », témoigne le conseiller municipal Cătălin Davidescu :

« Dans le monde entier, les bustes de dictateurs sont enfermés dans des musées ou des maisons du souvenir. En aucun cas, on ne les trouve en centre-ville. Ceauşescu est clairement un symbole de la ville mais il ne faut pas procéder comme ça. »

Le passage manqué à l'économie de marché

Le long du boulevard du Travail, artère principale de Scorniceşti, nombreux sont ceux qui confient leur nostalgie pour le régime communiste et pour celui qui a conduit le pays pendant vingt-quatre ans. « Ce n'est pas une statue qu'il lui faut, mais au moins cinq ! », lance Viorel, un chômeur quadragénaire :

« A l'époque, tout le monde avait du travail, on se sentait dignes et utiles, pas comme aujourd'hui. Et puis, toute la Roumanie avait le regard rivé vers nous… »

Sous l'impulsion du « Conducator » et de sa sœur Elena Barbulescu, Scorniceşti a en effet bénéficié d'avantage substantiels. L'accès à l'eau, au gaz et au téléphone y était bien plus important en 1989 que dans beaucoup de villes roumaines et des industries agro-alimentaires et textiles s'implantèrent en masse sur le terrain de la commune.

« Bien sûr, la Securitate veillait au grain et il y avait toujours des fonctionnaires qui se croyaient tout permis et qui pouvaient vous causer du tort », tempère Eugen, un retraité installé depuis trois heures au Café-bar :

« Mais vous savez, la liberté, c'est bien quand vous avez quelque chose dans l'assiette. Avec Ceauşescu, au moins, on mangeait à notre faim ! »

De son côté, le maire libéral de Scorniceşti, Constantin Nedelea, soutient pleinement le projet de statue mais « préfère ne pas faire de commentaire » à l'approche de l'élection présidentielle de dimanche. Fin octobre, il avait fait part de son enthousiasme au quotidien Adevărul :

« J'aime cette idée dans la mesure où Ceauşescu est né et à grandi ici et qu'il a beaucoup fait pour cette ville. C'est une personnalité dont nous devons être fiers. »

Longtemps choyée, Scorniceşti a visiblement manqué son passage à l'économie de marché. Chômage, vieillissement de la population, émigration massive des jeunes vers l'Espagne et l'Italie… Autant de symptômes qui n'ont de cesse de s'aggraver au fil des ans.

Dernier coup de massue pour les habitants de la commune de 12 000 habitants, la société Pulsor, fabriquant emblématique de pièces automobiles qui employait jusqu'à 2 500 salariés sous le communisme, vient d'annoncer une vague de licenciements massifs pour début décembre. Mihaela, 25 ans, dans une supérette de la ville, estime que « cette catastrophe va renforcer l'amertume contre le système actuel » :

« Mais, soyons honnêtes, les gens ont aussi connu des moments très difficiles sous le communisme. Finalement, le buste en marbre ne changera peut-être pas grand chose, mais il pourrait apporter une manne touristique dont nous avons tous besoin…

 Le Courrier des Balkans - Rue89 - 18 novembre 2009

Commentaires

  • Avec Ceauşescu, au moins, on mangeait à notre faim ! »
    ARCHI-FAUX ! (en outre, la crise économique mondiale ne sévissait pas ).
    Mais toute anecdote est bonne à prendre pour redorer le blason du communisme .
    J'ai connu des roumains par l'intermédiaire d'une connaissance ; les roumains sont anticommunistes à fond ; il y a un problème "récurrent" de corruption en Roumanie , aggravé par la période communiste.

    « Mais, soyons honnêtes, les gens ont aussi connu des moments très difficiles sous le communisme".
    Ignoble : on concède , parce que l'on est "honnête" - vous êtes trop bons, Monseigneur- qu' il y a eu des moments "aussi " difficiles sous le communisme .
    Le message subliminal est , à mon sens : le communisme , c'était le bon temps , le communisme , c'est le meilleur système ; bon , il y a eu quelques loupées , mais on va en faire toute une histoire .

    Cet article est destiné aux veaux français ; il ne reflète en rien l'opinion des Roumains à l'égard du communisme.

  • Les Roumains se déchaînent sur le site de Libertatea : http://www.libertatea.ro/stire/se-ridica-o-statuie-in-onoarea-iubitului-fiu-nicolae-ceausescu-265055.html
    Et contrairement à ce que vous laissez croire Catherine certains ont l'air sauvagement nostalgiques !

  • Ceausescu ne fut certainement pas un grand démocrate. Mais ceux qui l’ont renversé, étaient tout aussi criminels que lui, et en particulier Ion Iliescu qui fut un des grands responsables du parti communiste roumain. Iliescu, après avoir comploté contre son ancien maître Ceausescu, s’est refait une virginité en crachant sur lui et en le faisant très rapidement exécuter.

  • @vox populi
    L'article posé en lien est en roumain !

    "contrairement à ce que vous laissez croire "; je ne veux rien laisser croire ; franchement, excepté quelques tarés , qui pourrait souhaiter en Roumanie le retour de la dictature sangante communiste .
    Les Roumains, d'après ce que j'en sais , sont très attachés à la religion orthodoxe , très respectueux de la religion chrétienne ;rien que pour cette raison, ils ne peuvent souhaiter le retour du communisme !
    Si la situation est mauvaise en Roumanie ( et c'est en partie en raison des séquelles causées par le communisme , ce n'est pas pour autant que les Roumains regrettent le communisme !

    @Abad
    En effet ,ceux qui l'ont renversé étaient aussi monstrueux et pourris : des communistes eux-aussi, car la façon dont le couple Ceausescu a été exécuté a été ignoble .

  • A Catherine : je vous propose une traduction du texte donné en lien par vox populi. Je l’ai faite avec google traduction :

    Une statue va être dressée en l’honneur du fils bien-aimé Nicolas Ceausescu.

    Certains considèrent avec nostalgie la période communiste et estiment qu’ils se portaient mieux, étaient plus heureux et se sentaient en sécurité. L’un d’eux, Emil Barbulescu, élèvera une statue en l’honneur de Scornicesti au fils le plus aimé du peuple, Nicolas Ceausescu.
    Barbulescu, neveu de l’ancien dictateur, est fier de son projet. Il a donné une entrevue au quotidien Le courrier des Balkans. Il dit qu’il ne veut provoquer personne : « C’est tout simplement la poursuite naturelle des choses », ajoutant que son « oncle a profondément modernisé la Roumanie et fait partie de l’histoire ».
    Le buste sera prêt le 26 janvier où nos célébrerons ’92 ans écoulés depuis la mort du dictateur’ (sic !).

  • Merci, cher abad, pour cette traduction. Je remarque le mot "sécurité".

    Avec Ceausescu, on ne voyait pas de Roumains (roumains) cherchant du travail en France, ni de Roms.

    Des nostalgiques d'un régime dur et fort, il y en aura toujours.

    Et l'on ne peut pas se mettre à la place des Roumains de souche, qui vivent chez eux, dans leur pays. Cela me semble très difficile.

  • @Gaelle
    "Avec Ceausescu, on ne voyait pas de Roumains (roumains) cherchant du travail en France, ni de Roms"
    En effet, on ne pouvait s'enfuir de l'enfer communiste ,sans risquer la mort ou les représailles sur les membres de la famille restés en Roumanie !

    J'ai connu un peu des roumains de souche , venus travailler en France; croyez-moi, ils ne regrettent pas le communisme, pas du tout !

    "régime dur et fort" ? le communisme = régime criminel , économie exsangue, chienlit, mortalité infantile la plus élevée du monde , emprisonnement et torture des opposants , corruption généralisée ; voilà la réalité du communisme ; le couple Ceausescu , à l'occasion d'un séjour officiel en France, est reparti avec de l'argenterie volée .

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