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Le risque terroriste traqué dans les crèches britanniques

Outre-Manche, la police anti-terroriste est chargée de surveiller les risques de radicalisation islamiste, y compris chez les enfants à partir de 4 ans.

Détecter dès le plus jeune âge d'éventuels risques de radicalisation islamiste. C'est la mission confiée par les autorités britanniques à des policiers spécialisés dans la lutte contre le terrorisme. Selon le quotidien britannique The Times, ceux-ci visitent certaines crèches outre-Manche pour identifier des enfants, parfois très jeunes, vulnérables à la propagande islamiste que pourrait véhiculer leur entourage.

Le journal britannique cite pour appuyer son propos un courrier électronique envoyé par un officier de la région de West Midlands (au centre-est de l'Angleterre, Birmingham en est la ville principale). Le policier, qui s'adresse à ses subordonnés, s'exprime ainsi : «Je souhaite que vous me fassiez part de tous les cas de personnes, quelque soit leur âge, radicalisés ou susceptibles de l'être». Une «radicalisation» qui pourrait intervenir «dès l'âge de 4 ans», selon cet officier.

La police locale a pour sa part confirmé la visite d'un de ses agents anti-terroristes dans une crèche et ajouté qu'elle disposait d'une force de 21 officiers en contact notamment avec des écoles. Toujours dans son courrier électronique, cité par le Times, l'officier justifie son action. Objectif : prévenir le risque terroriste et alerter sur une éventuelle montée de ce risque.

 

Quand un enfant dessine des bombes

 

Sur quels éléments se basent les policiers pour détecter des risques de contamination islamiste ? Un représentant de l'Institute of race relations (organisation britannique travaillant sur les inégalités raciales), qui est entré en contact avec cet officier, explique : «Il m'a dit que les indices étaient le fait que les enfants dessinent des bombes, disent que 'tous les Chrétiens sont mauvais', ou croient en un état islamique». L'homme ajoute que les personnels des crèches sont chargés de faire état de tout radicalisme auprès des autorités.

Ces mesures orchestrées par les autorités britanniques font partie d'un programme officiel baptisé «Prevent» (prévenir, ndlr) visant à juguler l'extrémisme religieux. Un programme soumis à d'intenses critiques explique le Times, car il stigmatiserait les populations musulmanes. Un membre du gouvernement britannique est même intervenu publiquement cette semaine pour dire son souhait de voir le programme bénéficier d'une plus grande transparence.

 

Perte de temps

 

Cités par le Times, des responsables politiques de l'opposition britannique critiquent l'action des policiers à l'égard des crèches, parlant notamment d'une perte de temps. Même un haut-représentant policier, impliqué dans le programme Prevent, déplore à propos du courrier électronique envoyé par un officier, une initiative «maladroite» et ne reflétant pas la réalité de l'action de ses services.

Pourtant, le ministère britannique de l'Intérieur a révélé dans le même temps qu'un enfant de sept ans avait été identifié dans le cadre du programme visant à lutter contre le lavage de cerveau par des islamistes. 90% des 228 personnes identifiées à cette occasion auraient entre 15 et 24 ans. La plupart seraient musulmans. L'inquiétude sur les risques de radicalisation a récemment grimpé après qu'un homme emprisonné pour avoir projeté d'enlever et tuer un militaire anglais a été surpris par une caméra de surveillance. On y voyait cet individu menacer son fils de 5 ans s'il ne répond pas correctement à ses questions. «Qui aimes-tu ?», demandait l'homme. «J'aime Oussama Ben Laden», répondait l'enfant.

«C'est facile de critiquer le programme Prevent», réagit un responsable policier confronté aux flèches décochées à l'égard de la surveillance des crèches. Mais à la prochaine attaque terroriste impliquant des jeunes radicalisés, il y aura une levée de boucliers et les gens diront : 'Qu'aurions-nous dû faire de plus ?'.

Le Figaro - 11.12.09

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