Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Deperrois: "j'ai été victime d'une erreur judiciaire"

EXCLUSIF - Condamné à vingt ans de réclusion dans l'affaire de la Josacine empoisonnée, il sort d'un silence imposé par la justice.

Quinze ans après les faitsqui l'ont conduit aux assises et en prison, Jean-Marc Deperrois, qui bénéficiait d'une libération conditionnelle depuis 2006 et qui, à ce titre, n'avait pas le droit de s'exprimer, continue de plaider son innocence.

LE FIGARO. - Pourquoi parlez-vous aujourd'hui ?

Jean-Marc DEPERROIS. - La justice m'avait interdit de dire que j'étais innocent. Ma liberté conditionnelle précisait que je n'avais pas le droit de m'exprimer publiquement pour évoquer l'affaire et ma défense. J'ai observé scrupuleusement tout ce qui m'a été imposé. Désormais, je retrouve mes droits et je les assume.

La justice a refusé à deux reprises la révision de votre procès. Vous adresserez-vous à nouveau à elle ?

Je veux dire à tous que ce n'est pas moi qui ai introduit du cyanure dans le flacon de sirop de la petite Émilie Tanay. Et je cherche à comprendre pourquoi la justice n'a pas accepté «le fait nouveau». Tout le monde, tant les experts qui ont travaillé à ma demande que ceux qui ont travaillé à la demande de la Cour de révision, ont constaté que l'argumentation que j'ai développée n'avait pas été exploitée durant les audiences devant la cour d'assises. Comment se fait-il que ce ne soit pas considéré comme un fait nouveau ? Les jurés populaires n'ont pas eu connaissance de l'argument selon lequel le cyanure a été introduit après 20 heures. Or cet élément est fondamental. Ça m'innocente.

La version des faits retenue par la justice met en avant un crime passionnel raté qui vous aurait fait mettre du cyanure dans le sirop pour éliminer un rival sans penser qu'il s'agissait du médicament destiné à une petite fille. Quelle est votre version aujourd'hui ?

Je n'ai pas à dire qui a pu faire cela. Je ne suis là que pour dire que je suis innocent. Ce n'est pas moi qui ai mis le cyanure. Des éléments existent dans le dossier. C'est à la justice de les exploiter. J'ai été victime d'une erreur judiciaire. Ce n'est pas à moi de jeter sur la place publique le nom de quelqu'un. C'est à la justice de le faire.

La famille Tanay a déjà souligné lors des procédures de révision précédentes que vous raviviez des douleurs sans prendre en considération leur deuil. Que leur répondez-vous ?

Je suis conscient de ce que le fait d'avoir perdu leur petite fille peut engendrer chez M. et Mme Tanay. Je voudrais qu'ils essayent de comprendre que j'ai besoin de retrouver mon innocence. Ils vivent un drame mais j'en vis un également. On a tous besoin de la vérité. Et pas de celle que la justice a dite.

Comment se sont déroulées à vos yeux les procédures de révision réclamées par vos avocats ?

Je savais que j'avais en face de moi des gens qui ne voulaient pas d'une révision. Les magistrats refusent d'admettre une erreur d'une cour d'assises. Pour eux, accepter une erreur de la justice serait un trouble trop grand. Quand les experts ont imposé le fait de sentir le flacon à 20 centimètres du nez (selon la défense, une forte odeur d'ammoniaque se dégageait de ce flacon où avaient été mélangés du sirop et du cyanure alors qu'un infirmier, le jour des faits, avait senti le flacon sans déceler d'odeur particulière, NDLR), c'était une façon de ne pas vouloir observer l'élément nouveau. Tout le monde a compris que c'était la preuve de mon innocence. Mais comment s'en rendre compte en sentant à 20 centimètres ?

Le Figaro - 11.12.09

Les commentaires sont fermés.