La ministre de la Santé s’est dotée d’un groupe d’experts pour la conseiller sur la grippe A. Plusieurs d’entre eux sont aujourd’hui au coeur de la polémique.
Le comité de lutte contre la grippe. Il a été créé par décret le 25 juillet 2008 « pour apporter au ministre chargé de la Santé une expertise sur l’ensemble des mesures à mettre en oeuvre pour contrôler et réduire l’impact d’une épidémie de grippe ou d’une pandémie grippale ».
Les dix-sept experts de ce comité ont tous été nommés sur décision de la ministre de la Santé. En 2009, seuls deux d’entre eux n’ont eu aucun lien d’intérêts avec les firmes. Plus significatif encore, six ont perçu cette année-là des rémunérations personnelles des laboratoires.
L’analyse de l’épidémie. Beaucoup de scientifiques s’interrogent sur le fait que des sommités médicales n’ont pas vu, en août, que le virus était bien plus bénin que la crise mexicaine d’avril ne le laissait prévoir.
Yves Charpak, spécialiste des maladies infectieuses, s’interroge : « On n’a jamais eu le vrai bilan de l’enquête faite au Mexique sur la mortalité du virus H1N1, effectuée par le représentant officiel de la France, le docteur Manuguerra, président de ce comité. Si, comme on le suppose, les chiffres montraient que c’était bien moins grave qu’initialement évoqué par les Mexicains, ce comité aurait dû rendre ces données publiques. Au lieu de ça, il a continué à évoquer le risque majeur de la pandémie à venir pour l’hiver. »
Un projet d’enquête parlementaire. La position de certains experts du comité est devenue délicate. « Imaginez deux minutes que plusieurs experts aient été contre le principe de vaccination de masse dans les débats à huis clos. Cela voulait dire qu’ils allaient contre les intérêts de leur employeur, ce n’était pas une décision facile à prendre », constate le sénateur divers gauche François Autain, médecin, qui veut lancer une commission d’enquête parlementaire sur ce sujet.
LES EXPERTS DU GOUVERNEMENT FRANÇAIS
JEAN CLAUDE MANUGUERRA
Français, président du comité de lutte contre la grippe, chercheur à l’Institut Pasteur et aussi rémunéré par Roche.
JEAN-LOUIS BENSOUSSAN
Français, membre du comité de lutte contre la grippe, directeur des Grog (groupes régionaux d’observation de la grippe) et rémunéré par Roche.
SYLVIE VAN DER WERF
Française, membre du comité de lutte contre la grippe, chercheuse à l’Institut Pasteur Paris et aussi rémunérée par GSK.
BRIGITTE AUTRAN
Française, membre du comité de lutte contre la grippe, professeur de médecine à la Pitié-Salpêtrière et aussi rémunérée par Sanofi-Pasteur.
CATHERINE WEIL-OLIVIER
Française, membre du comité de lutte contre la grippe, pédiatre et aussi rémunérée par Sanofi, GSK et Roche.
JEAN BEYTOUT
Français, membre du comité de lutte contre la grippe, professeur de médecine à Clermont-Ferrand et aussi rémunéré par Novartis.
Le Parisien - 26.01.10
Commentaires
Tout ceci est, bien sûr, à côté de la plaque. Le problème n’est pas celui des experts. Il est d’ailleurs normal que les meilleurs experts travaillent dans ou avec les laboratoires pharmaceutiques, et c’est plus que tendancieux que d’affirmer : « En 2009, seuls deux d’entre eux n’ont eu aucun lien d’intérêts avec les firmes. ». Le vrai problème en France, et qui ne touche pas que ce domaine, mais toute l’Université et les hautes directions des entreprises, c’est que les nominations aux postes de responsabilités sont toutes politiques ! Il faut avoir fait d’abord allégeance au système pour pouvoir espérer un haut poste, la compétence ne venant qu’en second. Ensuite quand un ministre cherche un comité d’expert, il choisit ceux qui ont prouvé qu’ils s’alignent sur ses choix politiques. Quand a-t-on vu un ministre choisir par exemple un expert membre du FN ? Et le pharisien, éminent représentant des merdiats veut détourner la légitime colère des Français contre le gouvernement en désignant à leur vindicte ce ‘comité d’experts’ !
La vérité c'est qu'ils étaient tous dans le coup !
Oui, bien sûr qu’ils étaient tous dans le coup ; mais les responsables sont les politiques : en tête le nabot de l’Elysée, ensuite la bâche à l’eau (Fillon, je crois qu’il n’existe pas) !
Est-ce qu'ailleurs en Europe les choses se sont passées ainsi? Et cette Margaret Chan, qui a alarmé le monde entier?
Tous avaient à y gagner, mais Bachelot a trébuché sur les 94 millions de doses. Dès que le scandale a éclaté, malgré le couvercle politique et médiatique, il n'y a plus eu de pandémie! Les gymnases ont fermé!