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Des soldats français cobayes des essais nucléaires au Sahara

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Essai nucléaire près de Reggane dans le désert saharien en 1960
Lucien Parfait irradié en Algérie.jpg
Lucien Parfait (G) irradié au Sahara
(Cliquez sur les photos)

Un rapport confidentiel révèle que l'armée française a délibérément exposé ses soldats aux essais nucléaires réalisés en Algérie dans les années 60. Objectif : étudier les effets de la bombe sur l'homme.

Il y a 50 ans, le 13 février 1960, la première bombe atomique française explosait dans le Sahara algérien. Jusqu'à 1966, seize autres essais nucléaires suivront. Douze d'entre eux connaîtront des fuites de liquides, poussière ou gaz radioactifs, provoquant l'irradiation accidentelle de centaines de soldats français et nomades présents sur les lieux.

Aujourd'hui, une nouvelle révélation vient relancer le scandale des «irradiés de la République». Selon un rapport militaire, dont Le Parisien publie mardi des extraits, des soldats ont été délibérément exposés aux essais nucléaires. Objectif : «Etudier les effets physiologiques et psychologiques produits sur l'homme par l'arme atomique, afin d'obtenir les éléments nécessaires à la préparation physique et à la formation morale du combattant moderne». Ce document confidentiel intitulé «La Genèse de l'organisation et les expérimentations au Sahara» aurait été rédigé «par un ou des militaires anonymes» et «daterait de 1998», après l'abandon définitif des essais.

 

Travail sans masque

 

 


 

L'extrait révélé porte sur «Gerboise verte», le nom de code du dernier tir atmosphérique du 25 avril 1961. On y apprend notamment qu'une patrouille française a été chargée de «faire un raid» sur le lieu de l'explosion «pour étudier les possibilités d'attaque en zone contaminée». Elle s'arrêtera à seulement 275 mètres du «point zéro», l'endroit où la bombe a explosé. Cette manœuvre permettra ainsi à l'armée française de réaliser que le port du masque à gaz, qui perturbe les communications, ralentit la progression des troupes de 50%. Le rapport indique que «son remplacement par un masque antipoussière élémentaire a été demandé» pour les simples soldats. Le commandant des troupes, quant à lui, «ne devra pas pénétrer en zone contaminée».

Les expositions délibérées aux radiations ne concernent pas que les essais atmosphériques «Gerboise». Lors des 13 essais souterrains qui suivront, entre novembre 1961 et 1966, le rapport révèle que «l'autorité responsable peut autoriser les travailleurs à ne pas porter le masque», prenant ainsi la responsabilité de «leur faire inhaler en un jour, à titre exceptionnel, ce qui est normalement autorisé en trois mois». Et les militaires peuvent autoriser un court séjour sans précaution spéciale, même en zone interdite», lit-on aussi dans le rapport.

 

Morin veut «ouvrir les placards»

 

Interrogé par Le Parisien, le ministre français de la Défense Hervé Morin dit ne pas connaître ce document. Il assure en outre que «les doses reçues lors de ces essais étaient très faibles». Il indique cependant avoir «demandé à ses services ‘d'ouvrir les placards', afin que chaque personne qui se pense victime des essais puisse avoir connaissance de ses relevés dosimétriques», qui mesurent la dose radioactive absorbée par une personne exposée à un rayonnement.

Hervé Morin rappelle aussi l'adoption, le 22 décembre 2009, d'une loi sur l'indemnisation des victimes des essais nucléaires. Aujourd'hui encore, des milliers de vétérans des essais nucléaires, persuadés d'avoir été contaminés par la radioactivité, se battent pour la reconnaissance de leur préjudice.

Le Figaro - 16.02.10

Commentaires

  • Il faut lire sous la photo "désert Français en 196O", le Sahara n'étant devenu algerien" que plus tard.

  • Il est absolument nécessaire de faire toute la lumière sur ce sujet. Si l’armée française a volontairement exposé des soldats aux radiations émises par les bombes atomiques, qu’ils aient été volontaires ou pas, elle aura commis une faute grave et inexcusable ; des sanctions devraient être prises. Mais espèrons que ces informations seront démenties sans ambiguïté.

  • Bien d’accord avec turigol, d’autant que le Sahara n’a jamais fait partie de l’Algérie ; c’est De Gaulle qui en a fait cadeau à l’Algérie quand il lui a accordé l’indépendance. Et les Algériens en ont profité pour persécuter les Touaregs, les vrais habitants du Sahara. Personne ne parle de ce génocide !

  • @abad:
    on peut parier alors sur une exposition volontaire des soldats français aux radiations pour les placer en conditions réelles de guerre nucléaire .
    Une telle opportunité ne se refuse pas .

  • A Marcel : oui, ce serait alors des volontaires désignés d’office !

  • @turigol: c'est corrigé sous la photo.

    Le plus important, aujourd'hui, est que certains de ces vétérans (et leurs enfants) présentent tous les symptômes d'une irradiation, comme à Tchernobyl ou au Japon.

    Il ne s'agissait pas de volontaires, mais d'appelés du contingent. C'est là que réside le scandale.

    Hervé Morin ne dément rien, dit qu'il ne sait pas...

    La lumière ne sera jamais faite! On va étouffer l'affaire. Et puis qui se souviendra?

    Et cependant ces vétérans ne mentent pas! Vous avez vu le visage de Lucien Parfait?

  • @marcel: je pense que ces vétérans, anciens appelés du contingent, ne mentent pas. Il y a des récits circonstanciés en note.

    On ne connaissait pas les effets de la bombe, il fallait les connaître... Comme vous le dites, une telle opportunité ne se refuse pas.

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