Trois femmes portant la burqa avaient volé des drapeaux français pour dénoncer une République qui manque à sa parole, et à ses missions. Le procureur les a rappelées à l’ordre. On doit être tolérant, mais il y a quand même des limites.
Les trois jeunes femmes comparaissaient hier devant le tribunal de Bobigny, avec le soutien bruyant d’une cinquantaine de grands frères. Une quinzaine de CRS surveillaient l’accès au tribunal correctionnel pour cette affaire de « vol de drapeaux en réunion », en l'occurrence des oriflammes tricolores dérobées au monument aux morts de Bobigny le 11 novembre dernier. Et précisons que cette convocation faisait suite au refus de la part des trois prévenues de participer à un stage de citoyenneté qui leur avait été proposé dans un premier temps en réparation de leurs actes.
Des « faits minables » a expliqué le vice-procureur qui n'a pas manqué de rappeler que si «ces trois jeunes femmes peuvent aujourd'hui défendre leurs idées, c'est parce que d'autres se sont battus et sont morts pour défendre les valeurs et les idéaux représentés par ce drapeau. C'est tout sauf un combat politique ».
Pour Nadia, il s'agit pourtant bien d'un « procès politique et nous voyons très bien comment l'Etat français exerce la politique : la police, les interpellations, les procès, les convocations... La France veut faire d'un acte politique, un simple acte de délinquance ».
Pour l'association des anciens combattants, qui s'est porté partie civile dans cette affaire, ce drapeau « a une valeur symbolique et n'est pas qu'une représentation de l'État français ». Aussi, la partie civile a demandé un euro symbolique de dommages et intérêts. De son côté, après s'être interrogé sur la nécessité ou pas d'aller « au bout de la logique répressive », soit cinq ans d'emprisonnement prévus par la loi pour vol, le vice-procureur a finalement requis une peine de deux mois de prison avec sursis et 500 euros d'amendes par prévenus « pour ne pas qu'elles aient l'impression de sortir d'ici sans rien », a-t-il précisé, estimant par ailleurs qu'aller au-delà serait « donner trop d'importance » au dossier.
Un réquisitoire qui a laissé toutefois perplexe, l'avocat de la défense. « On ne le dit pas, mais on veut leur faire payer leurs convictions ». Car pour la défense, c'est bien de convictions religieuses qu'il s'agit... et rien d'autre. « Il y a eu confusion » a expliqué l'avocat des trois prévenues : « leur acte n'avait pas pour objectif de toucher à la symbolique du monument aux morts, bien au contraire », mais plutôt aux valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, incarnées par le drapeau tricolore et dont « se prévaut l'État français». C'est aussi le symbole d'un État qui n'est pas capable aujourd'hui de respecter leur véritable statut... Alors qu'on donne des leçons sur les valeurs, d'accord, encore faut-il au préalable respecter celles des autres ».
Le délibéré sera rendu le 16 mars prochain.
20minutes.fr - 17.02.10
Commentaires
On vient de juger trois Basque pour un vol de drapeau. Le discours du procureur n’était pas tout à fait le même : autrement dit, c’est l’Islam qui fait la loi en France!