Dans la dernière ligne droite avant le second tour, le parti majoritaire n'hésite pas à mobiliser les abstentionnistes en les appelant directement à leur domicile. Une technique jugée efficace et peu coûteuse, mais qui ne plaît pas à la Cnil.
«Bonjour, c'est Thierry Mariani ! Si vous voulez écouter mon message, tapez 1 !» Voilà en substance ce qu'ont pu entendre un million d'habitants de Provence-Alpes-Côte d'Azur en décrochant leur téléphone cette semaine. A l'autre bout du fil, la tête de liste UMP pour les régionales n'est pas là. L'interlocuteur est en réalité un automate qui diffuse un message préenregistré d'une minute, pour lequel le député a prêté sa voix. Et à chaque département sa voix : à Nice, c'est celle de Christian Estrosi qui retentit. A Toulon, celle d'Hubert Falco. Quatre autres têtes de listes UMP ont opté pour cette technique de démarchage téléphonique : Valérie Pécresse en Ile-de-France, Bruno Le Maire en Haute-Normandie, Christophe Béchu dans les Pays de la Loire et Jean-Luc Warsmann en Champagne-Ardennes. Dans les autres partis, seul Jean Lassalle, tête de liste MoDem en Aquitaine, a eu recours à cette technique.
L'objectif est clair : mobiliser les abstentionnistes. Dans tous les messages, les candidats rappellent les grands points de leur programme et appellent les électeurs à se rendre aux urnes. «On veut donner aux gens l'envie d'adhérer aux idées de notre candidat», explique Jean-Claude Wetzler, qui gère la campagne de Bruno Le Maire. Il précise que l'expérience est «plutôt bien ressentie par les personnes ciblées», tout en avouant que «certaines le prennent moins bien».
Moins cher que les tracts
La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), elle aussi, reste très sceptique sur le recours à la prospection par téléphone. Elle déconseille clairement aux partis politiques d'utiliser cette technique jugée «particulièrement intrusive». Pour indisposer au minimum les personnes démarchées, certaines règles ont donc été imposées. L'automate n'appelle que les numéros fixes de la circonscription disponibles sur l'annuaire. Et en dehors des heures de repas. Les personnes sur liste rouge ayant fait part de leur refus d'être importunées par des opérations de publicité ne sont pas sollicitées. Enfin, aucun appel n'est réalisé la veille du scrutin.
Du côté des équipes de campagne de l'UMP, on assure ne pas vouloir déranger les personnes sollicitées : «C'est pour ça qu'elles ont toujours le choix entre écouter le message ou pas», explique Alexandre Serina, directeur de campagne de Thierry Mariani. Mais l'exigence d'efficacité et de rentabilité reste présente. Les statistiques transmises par la société sous-traitée chargée d'exécuter les appels sont ainsi épluchées de très près. «Avant le premier tour, par exemple, 15 à 25% des personnes démarchées ont écouté le message de Thierry Mariani jusqu'au bout. Au dessus de 10%, c'est un bon score». La technique de mobilisation semble donc marcher. Mieux, elle permet à l'UMP de réaliser des économies : «C'est bien moins cher que faire imprimer un tract et le glisser dans les boîtes aux lettres», avoue Thierry Serina, qui précise que le budget de l'opération est prélevé sur les fonds de campagne.
Efficace et pas cher, donc. A tel point que la méthode, importée des Etats-Unis, semble de plus en plus privilégiée par l'UMP. «Les premières expériences de ce type ont eu lieu lors des législatives de 2007», explique le directeur des opérations du leader français des démarchages téléphoniques, qui a travaillé avec l'UMP pour les régionales. «Le mouvement s'est amplifié avec les européennes. Pour les régionales, ça n'arrête pas : on en est déjà à 4 ou 5 millions d'appels». Soit près de 10% de la population française.
Le Figaro - 19.03.10
Commentaires
Par amour de la France ou de la Gamelle ?????????
Par amour de la France ?
Cette hypothèse n'est même pas à envisager !
La CNIL, si elle faisait consciencieusement son travail aurait dû porter plainte, car il s’agit d’un détournement de fichiers à des fins politiques, sans le consentement des intéressés. Que n’aurait-on dit si le FN avait fait cela ? La plainte aurait été vite déposée et peut-être qu'on aurait interdit au FN de participer au second tour !
@ abad: ils s'arrogent tous les droits, ils détournent des fichiers! Encore un scandale! Que la CNIL porte plainte! Il y a pressions sur les électeurs. Une sorte de menace. Cela s'apparente à des méthodes maffieuses!
Même mort bourré ou sous l'effet de puissants psychotropes , au jour du vote , je ne pourrais jamais voter pour l'UMPS / MODEM / VERTS.
Vote FN pardi!