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Le président Lech Kaczynski représentait la Pologne profonde

Conservateur et nationaliste, Lech Kaczynski représentait la Pologne profonde et aimait jouer les trublions dans les cénacles européens.

La communauté internationale l'a découvert en 2005. A la tête de son parti, Droit et Justice (PIS), il est élu à l'arraché devant son rival libéral Donald Tusk. Le tandem qu'il forme avec son jumeau -monozygote- Jaroslaw, devenu dans le même temps premier ministre, fera longtemps les choux gras des gazettes. Tout comme ses relations exécrables avec Lech Walesa, dont il fut le proche conseiller avant de devenir l'ennemi intime.

Les Polonais, eux, le connaissaient depuis longtemps. A l'âge de 12 ans, il est, au côté de son inséparable frère, la tête d'affiche d'un film devenu culte, «Les petits voyous qui décrochèrent la lune». Cette lune, Lech et Jaroslaw vont la décrocher pour de bon aux élections de l'automne 2005. Ils raflent d'un seul coup les législatives et la présidentielle.

 

«L'élément modérateur» du tandem

 

Lech et Jaroslaw ne se sont jamais quittés. Ensemble au sein du mouvement Solidarité, ensemble toujours dans leur lente ascension vers le pouvoir. Jaroslaw, l'aîné de 45 minutes, passait pour «le cerveau» de ce curieux tandem, celui , dit-on, qui «donnait les ordres». Lech en était «l'élément modérateur».

Lech Kaczynski -à moins que ce ne soit Jaroslaw- n'avait jamais accepté la décision de ses anciens compagnons de lutte de «tirer un gros trait» sur le passé. L'anticommunisme était son cheval de bataille. Un fonds de commerce électoralement payant. A peine arrivé au pouvoir, il n'eut de cesse, au nom d'une «révolution morale», de «décommuniser» les institutions polonaises, détricotant allègrement tout ce que ses prédécesseurs avaient réalisé depuis 1989 pour réconcilier la Pologne. Dénoncée par l'ensemble des figures de proue de Solidarité, cette campagne dite de «lustration» qui vira très vite à la «chasse aux sorcières», fut en réalité un instrument de «nettoyage» politique visant à contrôler tous les leviers du pouvoir.

Conservateur et nationaliste, Lech Kaczynski affichait ses principes moraux. Il n'aimait pas les homosexuels et condamnait l'avortement. Il n'eut cependant aucun scrupule à s'acoquiner avec une radio intégriste (Radio Maryja) ouvertement xénophobe et antisémite -ce que lui même n'était pas- ou à s'allier à des partis extrémistes peu recommandables.

 

Déplorables coups de théâtre diplomatiques

 

Lech Kaczynski représentait la Pologne profonde. Il combattait l'ultralibéralisme qui avait permis à l'économie polonaise de décoller et se posait en champion des perdants de la transition. Il connaissait peu le vaste monde avant d'être élu président. Passionné d'histoire, ce juriste de formation cultivait une vision passéiste des relations internationales qui expliquait de déplorables coups de théâtre diplomatiques et une évidente propension à jouer les trublions dans les cénacles européens. Il ne cachait pas son euroscepticisme. L'Allemagne lui inspirait, autant que la Russie, une méfiance inextinguible et, face au couple franco-allemand, soupçonné de «visées hégémoniques », il se montrait intraitable pour, croyait-il, défendre les intérêts de la Pologne et des petits pays membres. En 2007, il se distingua ainsi par son obstination à bloquer l'adoption d'un traité constitutionnel simplifié destiné à supplanter le Traité de Nice. De même, en 2009, il renâcla longtemps à ratifier le Traité de Lisbonne pourtant déjà approuvé par le parlement polonais.

Aux législatives anticipées de 2007, les Polonais sanctionnèrent la dérive populiste et autoritaire des frères Kaczynski. Jaroslaw dût céder la place à Donald Tusk. Jusqu'au bout, la cohabitation se révéla houleuse, Lech Kaczynski, à l'instigation peut-être de son frère Jaroslaw, ne ratant pas une occasion d'opposer son veto à des projets de loi ou de critiquer publiquement la politique étrangère du gouvernement.

Le Figaro - 10 avril 2010

Commentaires

  • Comme d’habitude figaro se livre à son jeu préféré : baver sa haine sur tout ce qui est Européen et catholique. Et il s’y attaque d’autant plus facilement qu’il déverse ses calomnies sur des morts ! J’espère que les Polonais resteront dignes de leur chef Kaczynski trop tôt disparu !

  • Le portrait affiché ici par le Figarmonde aurait tendance à me le rendre sympathique : un homme de bons sens (euroscepticisme ) à l' ancienne .
    RIP !

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