Agée de 51 ans, identitaire, libre-penseuse, Barbara Rosenkranz est véritablement « le chien dans le jeu de quille » et sa candidature a suscité une frénétique campagne de dénonciation où se sont retrouvés côte à côte le cardinal-archevêque de Vienne, Christoph Schönborn, qui a estimé qu’aucun catholique ne pouvait voter pour une « telle personne », et la communauté juive qui l’a dénoncée comme un « rat de cave nazi ». Il est vrai que cette femme a tout pour déplaire aux ligues de vertu. Son look tout d’abord : elle est la plupart du temps vêtue de la tenue traditionnelle autrichienne. Sa vision de la femme et de la famille ensuite : elle a été mère à dix reprises et elle n’a de cesse de dénoncer le féminisme comme « une voie erronée » qui conduit à une humanité désexualisée. Ses idées religieuses enfin : elle a donné à ses enfant des prénoms germaniques particulièrement enracinés (tels Mechthild, Hildrun, Arne ou Sonnhild) et aucun d’entre eux n’a été baptisé, chaque année elle organise dans sa demeure campagnarde une grande fête pour le solstice d’été et elle refuse de verser sa part d’impôt qui correspond au denier du culte (perçu dans les pays concordataire germanique par l’État).
S’il n’y avait que cela, la candidature de Barbara Rosenkranz pourrait encore, à l’extrême limite, être acceptable par l’establishment et les biens pensants. Mais, il y a pire ! Son époux par exemple. Horst Rosenkranz était, en effet, quand Barbara l’a connu tout sauf un modéré et elle même ne fait pas mystère que le père de ses enfants fut un dirigeant majeur du Parti national-démocrate autrichien (interdit pour « nostalgie »… en 1988) puis du parti Un cœur pour les nationaux et qu’il fut tête de file de la coalition électorale Non à l’invasion migratoire en 1990. Depuis, Horst Rosenkranz s’est calmé. Il a renoncé à l’activisme, mais il n’a pas cessé d’écrire ce qu’il pense et il publie la revue Les Faits où il n’a de cesse de dénoncer l’immigration incontrôlée et « les poncifs éculés des prétendus crimes de la Wehrmacht et des horreurs des camps ». Barbara Rosenkranz partage sans doute beaucoup de ses idées in pectore. Ainsi, a-t-il fallu un tollé qui a duré plusieurs jours dans les médias et dans le monde politique, pour qu’elle se décide à déclarer – sous serment tant la pression était forte – qu’elle ne militait pas pour l’abolition de la loi qui, en Autriche, réprime les activités néonazies ou les opinions révisionnistes, tout en précisant que cependant, elle considérait que, « certaines parties » de cette loi, étaient attentatoire à la liberté d’opinion.
Le droit de vote s’exerçant dès seize ans en Autriche, il reste à savoir comment cette personnalité indomptable et très carrée sera perçue par les jeunes générations. Dans l’immédiat les sondages sont particulièrement flous et la candidate du FPO recueille, selon les instituts, de 19 à 26 % des intentions de vote. Ce qui est déjà, on en conviendra, énorme…
Lionel Placet
NP Info - 24/04/2010
Commentaires
Elle a tout le monde contre elle : c’est la preuve que c’est la meilleure candidate, la présidente que l’Autriche et l’Europe doivent avoir !
Bien qu’elle soit athée, je prie qu’elle soit élue !
Cher abad: moi aussi!