Après le Watergate est venu le temps du "Jokegate". Principal coupable : le conseiller américain à la Sécurité nationale qui s'est permis de faire une plaisanterie de mauvais goût, interprétée comme antisémite, devant un auditoire en grande majorité juive.
Amené à s'exprimer au sujet du processus de paix au Moyen-Orient lors de la visite d'Ehoud Barak aux Etats-Unis cette semaine, Jim Jones a choisi de commencer son discours par une histoire. Celle d'un marchand juif refoulant un soldat taliban assoiffé, et réussissant finalement à lui vendre une cravate pour que ce dernier puisse acheter de l'eau dans le restaurant de son frère.
"Je pense que cette histoire est vraie, a renchéri Jim Jones, "et que cela s'est passé récemment dans le sud de l'Afghanistan." Bien entendu, elle n'a rien d'authentique.
Une réelle préoccupation américaine
Cette mini-crise, baptisée "Jokegate" par le journaliste Jeffrey Goldberg dans le magazine The Atlantic, jette la lumière sur le caractère spécifique de l'humour ethnique.
A l'origine, la plaisanterie évoquée par le haut-responsable américain est une vieille histoire mille fois entendue dont l'humour repose sur l'importance inattendue que prend un magasin de cravates en plein milieu du désert. Mais Jones l'a très mal racontée, et pour répondre aux plaintes qui s'en sont suivies, il note que sa plaisanterie ne visait pas à diviser les Juifs mais à les "unir".
Certes, Jones a voulu introduire ses remarques d'une bien curieuse manière, mais le discours qui a suivi a tout de même du poids. Par son biais, l'administration américaine n'a jamais autant fustigé la diplomatie à deux visages de l'Iran et a exprimé une fois de plus son souci de la sécurité israélienne.
L'humour, une épée à double tranchant
Jones a semblé penser que les plaisanteries "juives" constituent un bon moyen de s'octroyer les bonnes grâces de son public, dont de nombreux donateurs juifs et le personnel de l'Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient. Une façon d'évoquer finalement le triomphe spirituel juif sur leurs ennemis. Au moins, espérons que c'est ce qu'il avait en tête.
Malheureusement pour l'ancien commandant de la Marine, l'humour est une épée à double tranchant. Son pouvoir provient de sa plasticité, de la façon de jouer sur la polysémie et ses résultats inattendus.
Pour les Juifs il s'agit de grand art, d'une arme des plus aiguisées voir d'un héritage sacré légué par les maîtres conteurs juifs qui exprimaient leurs soucis et leurs propres travers. L'humour reste trop puissant pour être manié sans précaution par quelqu'un de non expérimenté. De même que les Sages interdisent toute critique qui ne sera pas entendue, l'humour doit seulement être employé s'il est compris. Pour cela, le contexte est un élément clé.
L'erreur de Jones n'est pas d'avoir raconté une plaisanterie juive, mais de l'avoir mal racontée, sans un esprit de camaraderie qui aurait donné à l'histoire sa raison d'être. La mauvaise histoire sera bientôt oubliée mais espérons que le conseiller américain à la Sécurité nationale retiendra de cela une bonne leçon : l'humour est une affaire sérieuse.
Jerusalem Post - 29 avril 2010
Commentaires
"Au moins, espérons que c'est ce qu'il avait en tête."
Après la suppression de la liberté d'expression, ils veulent lire dans les pensées !
Bande de malfaisants névrosés et complexés ; espérons que cette affaire se retournera contre eux .
Quant à Jones qui présente ses excuses , quelle honte !
Ce JONES est un con de dhimmi qui fait du lèche kippa!
Hélas sa ‘joke’ n’était pas un ‘joker’ !
En réalité s’il avait raconté cette histoire en remplaçant les juifs par des chrétiens ou des musulmans personne n’aurait trouvé à redire, et aurait trouvé cette ‘joke’ amusante ! Mais il est vrai qu’avec des chrétiens ou des musulmans cette ‘joke’ perdrait tout son intérêt. Tiens, au fait, pourquoi ?
@ abad: c'est juste la boutique de cravates en plein désert afghan qui était drôle!!! N'est-ce pas? -
Moi qui croyais que l'humour, c'était aussi savoir rire de soi-même!