Suicide ou meurtre? La question se pose depuis mardi soir à Marseille après la découverte du corps d'un prêtre, baignant dans son sang, avec, à ses côtés, une lettre d'excuses. Et, surtout, en guise de blessure mortelle, une plaie béante à la gorge, "d'une oreille à l'autre", selon le procureur en charge de l'affaire, cité dans La Provence.
Macabre découverte mardi soir à Marseille. Le corps d'un prêtre a été retrouvé, au milieu d'une mare de sang, dans une chambre du presbytère de la paroisse Sainte Marguerite à Marseille. A ses côtés, une lettre d'excuses semblant indiquer un suicide du religieux. Seulement, les faits sont troublants. Notamment la blessure qui a causé la mort: une entaille à la gorge "béante d'une oreille à l'autre, très impressionnante", confie Jacques Dallest, procureur de la République de Marseille.
Hugues Madesclaire, 42 ans, rentré dans les ordres en 2005, n'avait pas donné de nouvelles depuis plusieurs jours, soulevant l'inquiétude des autres prêtres de son presbytère. Ces derniers préviennent donc les autorités et, mardi, la police se rend au domicile du disparu. Ni la porte d'entrée, ni la grille du petit jardin ne sont verrouillées et, au premier étage, Hugues Madesclaire gît sur le sol, égorgé, entaillé au niveau des avants bras. Il laisse ces derniers mots: "Merci à vous tous et que personne ne m'en veuille. Hugues. PS : Je regrette tout ce que je n'ai pas fait pour vous."
Dès lors, des questions se posent. Quelques réponses accréditent la thèse du suicide. "Il n'y a pas de signes de lutte, de traces de fouilles dans la maison, rien de suspect", indique le procureur. De plus, la lettre d'excuses "laisse penser, si elle est bien de sa main, qu'il voulait en finir avec la vie même si ce n'est pas explicite."
Agression maquillée?
"Si elle est bien de sa main"… Le magistrat touche là un point sensible. Dans le voisinage, personne n'a semblé noter de changements dans l'attitude du prêtre, quelques jours avant sa disparition. Il paraissait "en pleine forme", "chaleureux et souriant comme à son habitude", rapporte ainsi des habituées de la paroisse à la Provence.
L'examen du reste de la scène du drame est encore plus éloquent. "Ce qui est le plus troublant, c'est la plaie mortelle, (…) très impressionnante, dont on a du mal à imaginer qu'on ait pu se la faire soi-même", affirme Jacques Dallest. "J'ai souvent vu des égorgements mais rarement aussi impressionnants: la blessure va d'une oreille à l'autre et semble très profonde", insiste-t-il.
De plus, le couteau de cuisine ensanglanté a été retrouvé dans le lavabo. Dans l'hypothèse d'un suicide donc, le religieux se serait suicidé en se taillant les veines au niveau des avant-bras puis se serait égorgé, "d'une oreille à l'autre", et aurait enfin déposé le couteau dans le lavabo, avant de s'écrouler et de se vider de son sang. Un scénario qui flirte avec l'invraisemblable…
Les enquêteurs ont donc demandé une autopsie, afin d'éclairer les zones d'ombre. Un échec. L'examen du corps n'apporte en effet "rien de probant". Alors, suicide? Meurtre maquillé? Les enquêteurs penchent "majoritairement" pour la première solution mais n'écartent aucune piste.
Version officielle sans doute et obligation de réserve, comme semble le confirmer l'archevêque de Marseille dans La Provence. "Devant de tels événements, la tentation est grande de vouloir tout savoir, tout expliquer, constate-t-il. Je souhaite que l'on se tienne dans une sage réserve et qu'on respecte sa personne", a ainsi déclaré le responsable de l'Eglise catholique.
Le JDD - 23 avril 2010
Commentaires
L’archevêque de Marseille ne veut surtout pas qu’on identifie les assassins ! Il peut donner la main à son collègue d’Arles et comme à lui, nous lui donnons un bon conseil : qu’il aille se réfugier en Algérie, du côté de Tibérine, cela lui fera le plus grand bien !
Cher abad, il doit s'agir d'une affaire très grave. Il a appris par hasard quelque chose qu'il n'aurait pas dû savoir.
Il n'était pas Marseillais. Il ne savait pas qu'à Marseille et dans la région règne l'omertà, comme en Sicile.
Une Hypothèse .
A-t-il entendu une personne "importante " en confession, que d'autres l'aient su et par sécurité voulu l'interroger ?
Une mise en scène est alors faite , sachant d'avance qu'il refuserait de trahir le secret sacramentel de la confession.
@ turigol: c'est possible... Je pense qu'il a appris des choses concernant des enfants. Mais pas forcément au confessionnal, bien que beaucoup de catholiques se confessent pour Pâques.
Il n'aurait pas trahi le secret de la confession.
Cependant, s'il savait d'une façon ou d'une autre ce qu'il ne fallait pas savoir, il représentait un danger.
Personne ne peut croire à ce suicide matériellement invraisemblable.
Entre se couper l'aorte et s'ouvrir la gorge d'une oreille à l'autre, il y a une différence.