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Circoncision ratée par un faux médecin musulman exerçant en France...

Publié le mercredi 05 mai 2010 dans Nord Eclair

Le 20 janvier 2006, Ahmed X., un bébé âgé de quinze jours, a failli mourir d’une circoncision ratée. Mais, pour la justice lilloise, il ne s’est rien passé ! L’affaire est passée en appel à Douai ce mardi.

Hier, à la Cour d’appel de Douai devant le président Jean-Baptiste Avel, Mazen M., 55 ans, Français mais originaire de Syrie, répond directement qu’il est médecin. En réalité, c’est faux : il n’est pas médecin, il n’a pas passé les équivalences permettant de valider ses diplômes algériens, il n’est pas inscrit à l’Ordre des médecins en France. Il faut de longues tergiversations pour que le prévenu soit net avec le président : il n’est pas autorisé à exercer la médecine, encore moins la chirurgie. Des « réponses d’autant plus inquiétantes », pour reprendre les termes de l’avocat général Patrick Leleu, que Mazen M., qui travaille dans un hôpital à Cherbourg, répète que c’est dans un établissement hospitalier qu’on attrape des infections, qu’un simple coiffeur ou une grand-mère expérimentée « fait ça très bien chez nous ». Le président Avel s’étonne : « Chez nous ? ». Réponse du prévenu : « En Algérie ou en Syrie ».

« Chez nous », à Tourcoing, voilà ce qui s’est passé. Les parents X. sont désireux de faire pratiquer la circoncision rituelle qu’ils estiment nécessaire pour un bon musulman. Ils s’adressent à Mazen M. qui leur est recommandé par une mosquée. « Les parents étaient sûrs que le prévenu était un médecin pratiquant en France et qu’il avait les autorisations nécessaires » affirme Me Abderrahmane Hammouch. Mazen M. pratique couramment des circoncisions qu’il fait payer environ 150 euros. Tous les « clients » retrouvés et interrogés par la police expliquent que Mazen M. se présentait bien comme médecin.

Dans la salle à manger du modeste logis de Tourcoing, Ahmed X. opère ainsi dans l’après-midi du 19 janvier. « L’opération s’est bien passée » commente le prévenu. Sauf que le bébé se vide doucement de son sang. Le prévenu, le lendemain, aurait conseillé l’hospitalisation. Les parents disent le contraire. Finalement, le père emmène à toute vitesse le bébé, vers 23 h, aux urgences du CHR : on sauve de justesse Ahmed qui ne bougeait déjà plus. Les deux experts légistes rédigent un rapport accablant pour Mazen M. « Ils ont été bien sévères » relativise le prévenu.
Pour l’avocat général Leleu, le jugement lillois est « incompréhensible. » Le magistrat réclame 8 mois de prison avec sursis et l’interdiction d’exercer une activité en rapport avec la médecine pendant un an. Me Florence Meilhac soutient évidemment la relaxe qu’elle a obtenue avec brio à Lille : « C’est un rituel toléré, cela n’a rien à voir avec une activité médicale, il n’y a pas eu de négligences ».

NP Info - 06/05/10

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