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Le curé de Vergèze a eu beaucoup de chance

Eglise de Vergèze dans le Gard - 12 mai.gif
Eglise de Vergèze (Gard)

Un homme encagoulé et armé, qui s’était introduit par surprise dans le presbytère pour voler les économies du curé, s’est retrouvé à confesse avec l’homme d’Eglise qui l’a amené à réciter le « Notre Père ».

Il n’a pas eu le temps d’avoir peur et il ne veut surtout pas porter plainte.

Pour l’abbé Bastidon, il faut savoir pardonner et il est hors de question de s’émouvoir de son agression. D’ailleurs, il ne comprend pas qu’on s’intéresse à son affaire : « On ne va pas en faire un et il n’y a rien d’héroïque », déclare le prêtre.
Dimanche dernier, vers 17 heures, dans le presbytère de l’église de Vergèze (Gard), « un homme armé et muni d’une cagoule a fait irruption dans ma pièce de travail. Il a crié : Je veux de l’argent ou je tire.  Après un instant de surprise, je l’ai tutoyé et lui ai demandé : Que veux-tu ? Quelles sont tes motivations ?  J’ai rapidement ressenti qu’il s’agissait d’une personne qui avait des troubles psychologiques. Pour moi, il n’est pas venu simplement pour
, il avait besoin de parler, de se confier. L’argent n’était pas sa véritable motivation. Il y avait quelque chose d’illogique, car tout le monde sait qu’un prêtre n’a pas d’argent », explique posément le curé, derrière le bureau où il a reçu cette visite imprévue le week-end dernier. 
Rapidement, le prêtre se sent à l’étroit dans cette petite pièce et il entraîne son agresseur à l’extérieur : « Viens, on va sortir, on va discuter dehors. » Une scène surréaliste se déroule alors sur le banc du jardin entre l’homme de foi à la carrure de pilier de
et l’individu petit et frêle mais toujours armé et encagoulé. « Je ne peux pas et ne veux pas vous raconter notre échange, cela fait partie du secret que doit garder un prêtre. Il m’a parlé de lui, de ses problèmes. Au bout d’un moment, on a prié ensemble, on a récité le Notre Père », affirme l’abbé Bastidon.
Puis l’homme a voulu partir. Il s’est levé pour se diriger vers le mur qu’il avait sauté une demi-heure avant. « Je lui ai dit : Tu ne peux pas partir comme cela, donne-moi ton arme.  Il a refusé. Par contre, il a enlevé sa cagoule. J’ai ouvert le portail et il a filé », poursuit l’abbé.
Une interrogation a tenaillé l’homme d’Eglise ce soir-là. « Avertir la gendarmerie, c’était trahir sa confiance. Mais le laisser en liberté avec une arme dans les mains, c’était faire courir à d’autres un danger potentiel. Je savais qu’en le dénonçant, il allait être poursuivi en justice, et que la place de cet homme fragile n’est pas en prison », ajoute-t-il, ému à cette idée.
Finalement, le prêtre a prévenu les gendarmes et l’agresseur a rapidement été interpellé. « Mon client est très tourmenté, à 33 ans, il a déjà dix-huit condamnations, il souffre de problèmes psychiatriques graves », note son avocat, M e Ludovic Para. Les raisons de ce braquage à l’église ? L’homme aurait déclaré aux enquêteurs qu’il avait besoin d’argent pour payer un avocat afin de poursuivre des personnes qui auraient abusé de lui plus jeune. L’agresseur a été écroué, il sera jugé en correctionnelle le 8 juin.
Le Parisien - 16/05/10
Ndb: Fin avril, le Père Hugues Madesclaire, 42 ans, était découvert égorgé dans son presbytère à Marseille (9ème). La thèse du suicide a prévalu sur celle du meurtre.

Commentaires

  • En tant qu'enfant de choeur, je suis ému. Bravo a notre prêtre d'avoir eu ce courage !

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