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Le père de Dylan condamé à trois ans ferme et emprisonné

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Franck Sauvé, le bourreau de Dylan, à côté de son avocat Christophe Bringer

RODEZ — Le procès des parents de Dylan, jugés pour avoir maltraité leur enfant, a débouché sur une condamnation à trois ans de prison ferme pour le père (plus un an avec sursis) qui retourne en prison, et à 18 mois ferme pour la mère (et 18 mois avec sursis) qui reste en liberté.

Le tribunal correctionnel de Rodez a rendu une décision un peu plus clémente pour le père, Franck Sauvé, que la réquisition du procureur Manuella Garnier qui réclamait cinq ans de prison, dont un avec sursis, contre le maçon de 43 ans pour violences habituelles et abandon matériel et moral.

Il a épargné aux parents la "déchéance de l'autorité parentale" réclamée par Mme Garnier qui leur aurait interdit à tout jamais de revoir leurs enfants placés en famille d'accueil: Dylan, âgé de neuf ans, et son petit frère Mathias, deux ans et demi.

La mère, Stéphanie, 36 ans, était poursuivie pour abandon matériel et moral en raison de l'absence de suivi médical de l'enfant et de sa non-scolarisation, et pour non empêchement des violences.

"Mon papa, il me tape, à coups de poing, de pied, de fessées": si Dylan, aujourd'hui âgé de neuf ans, était absent au procès de ses parents, le président du tribunal correctionnel, Jean-Marc Anselmi, avait soulevé l'émotion en lisant pendant les débats la déposition de Dylan devant la police.

"Il boit, il me traite de bon à rien (...) On m'enferme dans ma chambre avec le verrou (...) Toutes les nuits, je fais pipi au lit car il n'y a pas de toilettes", déclarait l'enfant.

Parce qu'il était agité, Dylan aurait été battu régulièrement sans que sa mère ne s'y oppose, jusqu'à l'intervention de la police en mars 2009 sur signalement des services sociaux.

Celui qui a été décrit comme l'enfant martyr de Millau vivait dans une chambre sordide, verrouillée de l'extérieur la nuit, et n'avait pour tout meuble qu'un matelas imbibé d'urine. Il était privé de soins médicaux et n'était pas scolarisé.

Dylan vit désormais en famille d'accueil. "Ses troubles s'atténuent" et une "normalisation" est envisageable dans les trois ans, selon les experts.

"Il est heureux d'aller à l'école, deux jours par semaine, avide d'apprendre mais, quand on évoque le procès, il se recroqueville, disparaît sous la table et, dans sa famille d'accueil, il n'est pas question que l'on ferme la porte de sa chambre", a souligné Me Myriam Plainecassagne avocate de l'association qui représente l'enfant l'ADAVEM qui a obtenu 3.000 euros de provision sur indemnisation pour lui.

Les parents, aujourd'hui séparés, ont reconnu leur responsabilité. Elle leur avait valu un an de détention préventive pour le père et plus de quatre mois pour la mère.

"Avec le recul je comprends qu'on a créé une prison, je le regrette haut et fort", a dit Stéphanie, la mère, dont la passivité a été mise en évidence par l'enquête.

Dans sa plaidoirie, son défenseur Me Jérôme Alirol avait mis en cause les lenteurs des services sociaux à réagir et avait demandé que sa cliente "ne soit pas condamnée à plus de six mois ferme" pour ne pas retourner en prison.

Son confrère Me Christophe Bringer, avocat du père, avait souligné que ce couple "n'était ni pervers, ni sadique", seulement des gens "dépassés" du fait de leur "leur misère sociale et intellectuelle", face à l'hyperactivité de l'enfant.

Me Bringer a estimé que le tribunal "a en partie entendu ses arguments et pris en considération que ce couple devait avoir quelques circonstances atténuantes".

La grand-mère maternelle de Dylan a été condamnée à un an de prison avec sursis et trois ans de privation des droits civiques et un voisin a été condamné à six mois avec sursis pour non assistance à personne en danger.

AFP. 11 juin 2010

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