Un couple franco-malien a été condamné mardi par la cour d'appel de Paris à deux ans de prison avec sursis pour avoir, durant neuf ans, soumis à un esclavage domestique Rose, une jeune Malienne, arrivée en France à l'âge de 11 ans, une peine jugée insuffisante par la victime.
"Rose est très déçue, elle avait cru en la justice, pour elle mais aussi pour tous ceux qui ont vécu et qui vivent ça", a réagi son avocate, Me Anick Fougeroux, qui espérait une peine de prison ferme.
Aïssata et Mamadou S. ont été reconnus coupables d'avoir amené Rose en France en 1997, avec de faux papiers. Ils l'avaient ensuite contrainte pendant neuf ans à travailler 15 heures par jour dans leur pavillon de Bondy (Seine-Saint-Denis), au nord de Paris.
Le 6 novembre 2009, un tribunal avait considéré que le couple avait bien soumis la jeune fille à des conditions de travail indignes et condamné Aïssata à deux ans avec sursis et Mamadou S. à 18 mois avec sursis. Le couple avait également été condamné à verser 93.000 euros de dommages et intérêts à la victime.
Tout comme l'association SOS Esclaves, qui soutient Rose dans son combat judiciaire, le parquet avait jugé ces peines insuffisantes et fait appel. Le 7 juin, à l'audience, il avait requis la confirmation de la peine de Mamadou, mais deux ans de prison, dont six mois ferme à l'encontre de son épouse.
Mardi, la cour d'appel n'a pas suivi ces réquisitions. Elle a confirmé le montant des dommages et intérêts, ainsi que la peine d'Aïssata. Elle a juste alourdi la peine du mari, de 18 à 24 mois avec sursis, estimant que par son silence, il s'était rendu tout aussi coupable.
"Mademoiselle n'était pas inscrite à l'école, car elle ne parlait pas français", s'était défendue Aïssata à l'audience.
Selon elle, c'est la famille de Rose qui lui aurait demandé d'amener l'enfant en France "afin de lui trouver un mari" et de "lui donner un avenir meilleur" qu'au Mali.
"Tout ce qu'elle raconte est faux. Rien n'est vrai", avait réagi Rose, frêle silhouette dressée face à Aïssata bien plus imposante.
"Elle m'a montré comment nettoyer la maison, comment aller chercher les enfants, comment on fait la cuisine, comment on met le linge dans la machine... J'ai fait ça pendant des années", avait-elle raconté.
"Du matin au soir, je nettoyais tout, le plafond, le carrelage, la voiture. Le week-end, j'avais quatre bassines de repassage à faire. Au début, je mangeais avec eux et puis un jour, les enfants ont dit que "je sentais l'eau de Javel", alors "je mangeais dans la cuisine".
Aujourd'hui âgée de 25 ans, Rose avait aussi raconté la première "gifle". Aïssata lui aurait alors dit : "Moi, je peux faire de toi ce que je veux".
Mardi, la cour d'appel a jugé qu'"aucun élément du dossier n'est susceptible de confirmer que (le couple) a agi dans le but d'éduquer Rose comme ses enfants et pour lui permettre de trouver un mari".
Le Point - 29 juin 2010
Commentaires
Cela méritait 20 ans de prison.com.
indulgence bien sur!! car le couple d,esclavagiste n,était pas européen!! salutations.
Imaginons un couple franco-français faisant la même chose avec une fillette africaine! La justice aurait été très très sévère!
Il y a bien d'autres cas de ce genre d'esclavage: Salima Sy, jeune sénégalaise, par exemple. La petite bonne esclave est par ailleurs, très souvent violée à discrétion par le "maître", et ensuite par les fils adolescents.
Voilà une histoire d’un tout autre monde que le nôtre. Mais le verdict montre que désormais ce monde est le nôtre, ou plutôt que l’on cherche, par juges interposés, à nous l’imposer ! Les forces de destruction de notre pays sont à l’œuvre dans tous les domaines ! Et on sait dans quelles mains sont ces forces !