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La drôle de succession de Daniel Wildenstein

Guy Wildenstein, un donateur de l’UMP, est soupçonné d’avoir caché des milliards au fisc. Une avocate a écrit plusieurs courriers au ministre du Budget. Sans réponse.

Une fortune de 3 milliards d‘euros a été volontairement dissimulée aux services fiscaux français. C’est ce qu’affirme haut et fort Sylvia Wildenstein, la veuve du célèbre marchand de tableaux et propriétaire de chevaux de course Daniel Wildenstein, décédé en 2001 à Paris, qui est en conflit avec sa belle-famille.

Après l’affaire Bettencourt, ce dossier embarrasse Eric Woerth, ancien ministre du Budget, qui a des liens avec Guy Wildenstein, le fils de Daniel Wildenstein. Or l’avocate de sa belle-mère, Me Claude Dumont-Beghi, a adressé plusieurs courriers sur cette affaire très sensible aux services fiscaux de Paris, les 7 avril, 4 mai et 9 juin 2009. Pas de réponse.

Elle a donc écrit au directeur général des Finances publiques, Philippe Parini, et au ministre du Budget, Eric Woerth, le 12 juin 2009 puis le 7 septembre 2009. Toujours pas de réponse. Dans ces courriers - dont le JDD a pu prendre connaissance -, l’avocate détaille pourtant l’existence de plusieurs trusts - des entités juridiques basées dans des paradis fiscaux - où a été abritée l’immense fortune des Wildenstein, à l’abri du fisc.

Des liens étroits avec Eric Woerth

D’après les recherches effectuées par Sylvia Wildenstein et Me Dumont-Beghi, la déclaration faite au fisc lors du décès de Daniel Wildenstein a été incroyablement minorée: elle a été fixée à 42 millions d’euros seulement. Or Daniel Wildenstein – "de nationalité française, résident français et décédé en France", rappelle l’avocate – était considéré comme le premier marchand de tableaux au monde, et sa fortune était colossale. Outre son écurie de chevaux de course, il possédait des milliers de tableaux de maître…

Sa célèbre galerie à New York et l’immeuble qu’il y possédait, ainsi que son gigantesque ranch au Kenya, seraient aujourd’hui gérés par le David Trust, basé à Guernesey. Sa propriété aux îles Vierges, son élevage de pur-sang et ses écuries en Irlande seraient nichés au sein de SonsTrust, également basé à Guernesey. Par ailleurs, un mystérieux Delta Trust, basé aux îles Cayman, gérerait une quantité inconnue de tableaux et d’œuvres d’art. Enfin, Sylvia Wildenstein a découvert que son mari, avec qui elle a vécu pendant près de quarante ans, avait créé pour elle un Sylvia Trust aux Bahamas, doté de 19 toiles de Bonnard. Ce trust était destiné à subvenir aux besoins de son épouse si elle lui survivait, mais celle-ci n’y a toujours pas accès. "On a profité de l’état de faiblesse de ma cliente après le décès de son mari pour lui faire signer des papiers et lui faire renoncer à la succession", accuse la pugnace Me Dumont-Beghi.

"Il n’y a eu aucune intervention d’Eric Woerth dans ce dossier"

Quoi qu’il en soit, la personnalité de Guy Wildenstein, ainsi que ses solides relations, nourrissent les soupçons de sa belle-mère sur le zèle très relatif dont ferait preuve le fisc dans cette affaire.

L’héritier des Wildenstein est, en effet, un des membres fondateurs de l’UMP, et un mécène du Premier Cercle, la structure qui regroupe les 400 grands donateurs du parti présidentiel, et qui est présidée par Eric Woerth. Guy Wildenstein, qui réside à New York, y a rencontré Eric Woerth pendant la campagne présidentielle, ainsi qu’à Paris lors d’une réunion du Premier Cercle. Les deux hommes se croisent aussi sur les champs de courses, notamment à Chantilly.

Que fait le fisc dans l’affaire Wildenstein? Les informations très précises envoyées par Me Dumont-Beghi ont-elles été suivies d’effet malgré la proximité entre Guy Wildenstein et Eric Woerth? "Quand on reçoit ce type de courriers, on regarde les renseignements et on les exploite. C’est le cas dans cette affaire, répondent au JDD les services de Philippe Parini, le directeur général des Finances publiques. Mais on ne peut pas vous dire s’il y a une enquête ou un contrôle en cours, c’est le secret fiscal."

Autre réponse assez proche: "Il n’y a eu aucune intervention d’Eric Woerth dans ce dossier", assure un proche collaborateur du ministre. "C’est un dossier complexe, avec des contestations juridiques. Les trusts en question ont plusieurs statuts différents, ce qui est compliqué. Une expertise a été demandée à l’administration pour voir quelles sont les règles fiscales applicables." Rien ne dit que le dossier évoluera. Selon un syndicaliste de Bercy, "il est extrêmement difficile pour nous d’obtenir des informations officielles dans les pays où sont logés les trusts. Ce type d’ingénierie financière est très difficile à démonter, c’est ce qui permet aux hyper riches de transmettre leur fortune et d’éviter de payer des impôts".

Le JDD - 06 juillet 2010

Commentaires

  • Et un scandale de plus ! Un !
    On comprend pourquoi l’UMP est pieds et poings liés et pourquoi le nabot applique la préférence étrangère !

  • En tout cas, pour ce dossier, Mediapart n'en dit mot !
    Bizarre !

  • Mais qu'est ce qu'ils ont à etre tous milliardaires . !C'est une vocation ,une bénédiction ,une malédiction ,un savoir faire ?

  • Pour ce Wildenstein, grand amateur de peintres impressionistes , Time is "Monet" .
    Foutu pilleur de patrimoine pictural de la France .

  • Mais quel pourcentage de la richesse mondiale les Juifs détiennent-ils ? c'est incroyable !

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