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Bettencourt: bataille pour la désignation d'un juge indépendant - Retranscription des enregistrements

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Le procureur de Nanterre Philippe Courroye est un proche de Nicolas Sarkozy

 Plusieurs «particularités» sont propres au tribunal de Nanterre. Il se trouve que le procureur Philippe Courroye, ancien juge d'instruction redouté des puissants lorsqu'il officiait à Lyon (affaires Noir, Carignon...) puis à Paris (affaires Pasqua-Marchiani, Bédier, Angolagate...), est proche de Nicolas Sarkozy. Les deux hommes s'apprécient, et ne s'en cachent pas. Une proximité de nature à faire naître, à tort ou à raison, des soupçons sur la conduite d'une enquête dans laquelle le chef de l'Etat est mis en cause.

 

De plus, le nom de M. Courroye est régulièrement cité dans les enregistrements pirates réalisés à l'insu de Mme Bettencourt et de ses proches. A plusieurs reprises, le gestionnaire de fortune de l'héritière de L'Oréal, Patrice de Maistre, fait état des liens étroits qu'il entretient avec Patrick Ouart (ancien conseiller justice de M. Sarkozy à l'Elysée), et des espoirs qu'il place dans le procureur de Nanterre s'agissant de l'évolution de la procédure pour «abus de faiblesse» intentée par la fille de Liliane Bettencourt contre le photographe François-Marie Banier.

 Ainsi le 21 juillet 2009, Patrice de Maistre annonce à Liliane Bettencourt qu'il vient d'avoir au téléphone Patrick Ouart, alors conseiller pour les affaires judiciaires de Nicolas Sarkozy à l'Elysée: «Il m'a dit que le procureur Courroye allait annoncer le 3 septembre, normalement, que la demande de votre fille était irrecevable. Donc classer l'affaire. Mais il ne faut le dire à personne, cette fois-ci» (lire ici la retranscription de ces enregistrements).

 

Enfin, le tribunal de Nanterre est déchiré par le violent affrontement qui oppose, dans cette affaire comme dans d'autres, le procureur à la présidente de la XVe chambre, appelée à juger François-Marie Banier. Anciens collègues au pôle financier (ils ont notamment co-instruits l'affaire des ventes d'armes à l'Angola), les deux magistrats se vouent aujourd'hui une détestation absolue. Mme Prévost-Desprez soupçonne ouvertement M. Courroye d'«étouffer» les dossiers susceptibles de nuire au pouvoir dans les Hauts-de-Seine, le procureur stigmatisant de son côté à la moindre occasion l'«incompétence» de son ancienne collègue.

 

La guérilla juridique que se mènent les deux magistrats atteint des sommets depuis quelques jours, après l'emballement de l'affaire Bettencourt. La situation est même ubuesque, puisque  Mme Prévost-Desprez a tenté de se saisir des enregistrements en ordonnant un supplément d'information dans le volet visant François-Marie Banier, décision dont Philippe Courroye a aussitôt fait appel, la suspendant. Du moins le croyait-il. En effet, comme l'a révélé lenouvelobs.com, la magistrate, à en croire Me Olivier Metzner (l'avocat de la fille de Liliane Bettencourt), aurait décidé de passer outre et commencé à mener ses propres investigations à partir du mardi 13 juillet. Surréaliste...

A l'évidence, l'affaire Bettencourt a pris de telles proportions qu'elle devrait être confiée à un magistrat indépendant, et peut-être même «dépaysée», c'est-à-dire transférée dans un autre tribunal. «Dans l'intérêt d'une bonne administration de la justice», pour reprendre la formulation du code de procédure pénale.

MEDIAPART - 09 juillet 2010

Commentaires

  • Courroye de transmission a un faux air de justicier balladurien et je doute qu'il recherche la vérité, toute la vérité, dans cette affaire bien gênante pour son ami le nain à talonnettes et toute sa cour de voyous diversifiés.

  • Tout le monde sait que le procureur n’est que la courroie de transmission du gouvernement….

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