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Affaire Bettencourt-Woerth: l'indépendance de l'IGF mise en doute

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PARIS — Le rapport de l'Inspection générale des finances qui a blanchi le ministre du Travail Eric Woerth dans le dossier Bettencourt, n'a pas suffi à éteindre la polémique, l'opposition mettant notamment en doute l'indépendance de cette institution placée sous la tutelle directe de Bercy.

Ce rapport publié dimanche soir, la veille de l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy, assure notamment que l'ancien ministre du Budget "n'est pas intervenu" dans le dossier fiscal de l'héritière de L'Oréal.

Eric Woerth s'est dit lundi "énormément soulagé".

L'exécutif comptait largement sur les conclusions du rapport pour éteindre l'incendie provoqué par l'affaire Bettencourt et les suspicions de conflit d'intérêts entourant M. Woerth, dont la femme a travaillé plusieurs années dans la société gérant le patrimoine de Liliane Bettencourt.

Pour la majorité, plus de doute: "Depuis trois semaines, l'honneur d'un membre du gouvernement est mis en cause chaque jour. L'Inspection générale des finances a apporté la démonstration que l'essentiel de ces accusations étaient fausses", a réagi le Premier ministre, François Fillon.

Et le patron de l'UMP, Xavier Bertrand, de mettre en avant le "sérieux" de cette institution, "reconnu par tous, par la droite comme par la gauche".

L'opposition semblait pourtant lundi rester sur sa faim. Si le rapport a été fait de "bonne foi", il "ne règle pas l'ensemble des problèmes", a ainsi estimé le socialiste Laurent Fabius, lui-même ancien locataire de Bercy, appelant à la nomination d'un "juge indépendant".

"De qui se moque-t-on quand on nous explique que ce rapport de l'IGF blanchit Eric Woerth ? En gros, on demande à une administration de se contrôler elle même!", a de son côté ironisé le porte-parole du PS Benoît Hamon.

L'intégrité du patron de l'IGF, Jean Bassères, classé à gauche, à qui le gouvernement a confié personnellement le soin de rédiger le rapport, n'est pas remise en cause.

Mais pour une partie de l'opposition, voire pour certains membres de la majorité, c'est l'indépendance de l'institution elle-même, sous tutelle directe des ministres de l'Economie et du Budget, qui pose question.

"L'IGF est à la disposition du ministère, c'est un corps parfaitement intègre mais il n'a pas le statut d'indépendance que peut avoir la Cour des comptes", reconnaît le sénateur centriste Jean Arthuis.

"Son job n'est pas d'être indépendant mais d'être un outil administratif dans la hiérarchie de Bercy", abonde Marie-Anne Montchamp, députée villepiniste. "Je suis sûre que son rapport contient plein d'informations très intéressantes mais si on veut de l'indépendance, désignons des commissions parlementaires pluralistes", propose-t-elle.

Le président de l'association Transparence Internationale et ancien directeur du Trésor, Daniel Lebègue, est encore plus tranché: "L'IGF n'est pas du tout indépendante", estime-t-il, "elle reçoit des instructions émanant directement du ministère". "En France, il n'y a qu'une autorité habilitée à rendre des jugements: la justice !", rappelle-t-il.

L'absence de traces écrites d'une éventuelle instruction d'Eric Woerth lançant ou bloquant un contrôle fiscal sur Mme Bettencourt n'étonnait guère le PS lundi. "Cela ne prouve pas qu'il ne soit pas intervenu oralement", estime aussi un expert de la lutte contre la fraude fiscale.

En conclusion de son rapport, l'IGF a reconnu qu'il fallait s'interroger sur l'existence, au sein du cabinet du ministre, "d'une équipe dédiée au traitement des situations fiscales individuelles, dont l'existence même nourrit la suspicion".

AFP. 12 juillet 2010

Commentaires

  • Ce "rappoport" de l'IGF qui sort un dimanche, quel empressement !
    Cà a curieusement pris beaucoup moins de temps que la fausse extradition du pédophile Polanski ;o)
    Pendant qu'on accélère pour tenter de dédouaner l'un, on fait tout pour traîner pour sauver l'autre...

  • C’est l’histoire d’un ministre, accusé de truandage fiscal, qui lance une enquête sur lui-même. Il trouve qu’il n’a pas truandé et se déclare soulagé d’être enfin blanchi !

    Comme dit le proverbe : on n’est pas mieux servi que par soi-même !

    PS : Chère Gaëlle, cette histoire m’inspire la petite énigme logique suivante, dérivée de l’énigme des barbiers, bien connue.
    Chez UBU roi, les ministres se méfient de tout et enquêtent sur tout. Il y a donc deux sortes de ministres : ceux qui enquêtent sur eux-mêmes et les autres. UBU, craignant que certains ministres ne sont pas enquêtés, charge un ministre particulier d’enquêter exclusivement sur les ministres qui n’enquêtent pas sur eux-mêmes : c’est le ministre W--H. Question : est-ce que W—H doit enquêter sur lui-même ou non ?

  • Cher abad, je ne connais pas l'énigme des barbiers!

    Vous me pardonnerez si ma réponse pèche par la logique, mais il fait 35° à Marseille (et bien plus au soleil cet après-midi!)

    W--H, le ministre d'UBU, ayant déjà enquêté sur lui-même, et s'étant trouvé blanc comme neige, ne devrait pas avoir besoin d'enquêter sur lui-même, mais sur tous les autres ministres d'UBU qui n'enquêtent pas sur eux-mêmes?

  • L'auto-enquête, une nouvelle invention du régime!

  • @ Philippe Maréchal: ce 'Rappoport" m'enchante!

  • Chère Gaëlle, l’énigme des barbiers fut proposée par Bertrand Russel (en 1918). C’est la suivante.
    Dans un pays le roi, qui n’aime pas les barbiers barbus, promulgue le décret suivant : son propre barbier devra raser tous les barbiers qui ne se rasent pas eux-mêmes, mais il ne devra pas raser ceux qui se rasent eux-mêmes. Est-ce que le barbier du roi doit ou non se raser lui-même ? Il n’y a pas de réponse logique à ce dilemme, et on doit conclure que ce décret est idiot. Et qu’il en est de même de ce roi !

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