M. Woerth, qui exposait le projet de loi sur les retraites lors de son examen en commission à l'Assemblée nationale, a réaffirmé mardi n'être jamais intervenu en faveur du recrutement de sa femme par le gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre, à l'automne 2007.
De son côté, le parquet de Nanterre a annoncé avoir demandé officiellement au gouvernement l'autorisation d'entendre le ministre du Travail dans le cadre de son enquête sur les enregistrements clandestins réalisés au domicile de Liliane Bettencourt.
Ces enregistrements suggèrent des opérations de fraude fiscale dans la gestion de la fortune de l'héritière de L'Oréal mais aussi un possible conflit d'intérêts avec l'ex-ministre du Budget.
L'Elysée a indiqué que cette demande d'audition serait examinée mercredi en Conseil des ministres et qu'elle devrait être approuvée. "Il sera proposé au Conseil des ministres de faire droit à cette demande", a-t-on indiqué à l'Elysée.
A sa sortie de l'Assemblée, M. Woerth s'est déclaré mardi soir "très impatient" d'être entendu par les enquêteurs.
Lors de sa garde à vue, le gestionnaire de fortune a affirmé que M. Woerth, lorqu'il était ministre du Budget, lui avait "demandé de recevoir sa femme et ce pour essayer de la conseiller sur sa carrière", début 2007, selon un extrait du PV publié par le Monde.
"Je n'ai jamais demandé quoi que ce soit qui concerne mon épouse", a assuré le ministre lors d'un entretien sur Europe 1, mardi.
"Ma femme a été embauchée normalement dans un job qui convient à son parcours professionnel", a ajouté M. Woerth.
Le ministre a à nouveau exclu de démissionner, assurant n'avoir "aucun problème de morale, de déontologie".
Selon le Monde daté de mercredi, les enquêteurs se sont rendus lundi au cabinet de "chasseurs de têtes" Proway pour vérifier les déclarations de M. de Maistre. Le gestionnaire de fortune dit avoir contacté le cabinet pour le poste à pourvoir chez Clymène, la société qui gère la fortune de Mme Bettencourt.
Quatre candidats, proposés par Proway, ont été reçus par M. de Maistre en mars 2007, selon un responsable du cabinet cité par le quotidien. Aucun des candidats ne sera choisi et c'est finalement Mme Woerth qui sera embauchée en novembre 2007.
La traduction juridique d'un conflit d'intérêts est le trafic d'influence, délit délicat à prouver.
Parallèlement, l'ex-comptable de Mme Bettencourt, Claire Thibout a été entendue la semaine passée par la juge de Nanterre Isabelle Prévost-Desprez, qui enquête sur l'abus de faiblesse reproché au photographe François-Marie Banier.
Son avocat, Antoine Gillot, a confirmé une information du Canard Enchaîné, selon laquelle elle a indiqué à la juge avoir reçu 400.000 euros de la fille de Mme Bettencourt, Françoise Meyers-Bettencourt, lors de son licenciement par la milliardaire en 2008. L'avocat de Mme Meyers-Bettencourt Me Olivier Metzner, a répondu qu'il s'agisssait de respecter les "dernières volontés d'André Bettencourt", mort en novembre 2007, au cas où Claire Thibout perdrait son travail.
L'ex-comptable, selon l'avocat Antoine Gillot, cité par Médiapart, a en outre été de nouveau entendue par la brigade financière mardi dans le cadre des enquêtes préliminaires liées à l'affaire Bettencourt.
Parallèlement, une nouvelle enquête préliminaire a été ouverte, cette fois par le parquet de Paris, à la suite d'une plainte d'un actionnaire de L'Oréal soupçonnant le photographe d'avoir bénéficié d'un contrat de complaisance auprès de la société.
Le 5 juillet, cet actionnaire a déposé une plainte contre X à Paris notamment pour abus de biens sociaux en visant ce contrat octroyé à M. Banier, un proche de la milliardaire.
Le photographe a bénéficié, à compter du 1er janvier 2002, d'un contrat de 405.000 euros par an pendant 10 ans pour des "conseils de mode et de sensibilité artistique", selon l'avocat de l'actionnaire, Me Frédérik-Karel Canoy.
La Dépêche - 20/07/10
Commentaires
Je suis soulagé, mes craintes sont dissipées : woerth va enfin pouvoir parler : c’est qu’il était bâillonné, jusqu’à présent ! Vous vous rendez compte : un ministre qui ne peut pas parler ! Mais dans quel pays sommes-nous ? En tout cas je trouve très bien qu’un mari se préoccupe de la carrière de sa femme : c’est que pôle-emploi n’a pas pléthore de postes de secrétaires à offrir à n’importe quelle femme : je dis « bravo, Monsieur woerth ! ».