"Après 88 ans, les larmes de la Vierge Marie ont cessé de couler", a déclaré lors de l'office le patriarche oecuménique de Constantinople Bartholomée 1er, faisant référence à la mère du Christ, à qui le monastère a été dédié et qu'on célébrait dimanche, jour de l'Assomption. "La terre du Pont s'est à nouveau unie au ciel".
Le dignitaire faisait également référence à l'histoire tragique des Grecs du Pont, dont la région s'étendait au nord-est de l'actuelle Turquie et constitua un empire (1204-1461) autour de la ville de Trébizonde (l'actuelle Trabzon), et furent contraints de quitter leur terre après la Première Guerre mondiale.
Dimanche, leurs descendants constituaient un important contingent parmi les 500 fidèles admis dans l'enceinte du monastère, édifié au IVe siècle au flanc d'une imposante falaise à 1.200 mètres d'altitude, auxquels s'ajoutaient selon les autorités 2.000 personnes venues d'Istanbul, de Grèce, de Russie et de Géorgie mais contraintes de suivre la messe sur un écran géant, faute de place.
"La Vierge de Sümela, pour nous, compte plus que notre mère. Il faut être un Grec pontique pour comprendre l'importance de cette messe", a déclaré à l'AFP Charalambos Zigas, un mécanicien de 51 ans venu de Grèce.
Pour appuyer son propos, l'homme relate l'histoire de son grand-père paternel, originaire des montagnes entourant Sümela, et contraint en 1922 à un exode vers la Russie au cours duquel il perdu sa femme et son fils, "dévorés par des ours".
Lors de sa guerre d'indépendance, la Turquie a affronté la Grèce de 1920 à 1922, et plusieurs dizaines de milliers de Grecs pontiques ont péri dans des massacres ou au cours de leur exode forcé.
La Grèce évoque 350.000 victimes et parle de génocide, un qualificatif qui n'est pas utilisé par la communauté internationale et est récusé par la Turquie.
"Pour la famille, c'est un jour historique" estime également Katarina, une secrétaire russe de 30 ans, mariée à un pontique de Russie. "Il n'y a presque rien sur le Pont dans les livres et la culture se transmet oralement. Pour nous c'est l'occasion de raviver cette culture, et c'est aussi des émotions".
Pour de nombreux fidèles, la visite est l'occasion de rechercher la maison d'un aïeul, une trace de son propre passé.
"Tous les gens ici sont comme moi, ils sont venus voir la région, trouver une maison (...) Nous avons même rencontré deux personnes d'ici qui se disent pontiques et nous avons parlé en grec pontique", a affirmé Maria Piativou, une vétérinaire de 42 ans, venue de Salonique (nord).
En mai, le ministère turc du Tourisme et de la Culture a autorisé le patriarcat de Constantinople (l'actuelle Istanbul) la célébration une fois l'an, le 15 août, d'une messe à Sümela.
L'autorisation apparaît comme un geste de bonne volonté d'Ankara à l'égard de sa minorité grecque-orthodoxe, limitée aujourd'hui à 2.000 individus, avec laquelle subsistent plusieurs différends.
L'Union européenne, à laquelle veut adhérer la Turquie, réclame la réouverture du séminaire orthodoxe de Halki, à Istanbul, fermé depuis 1971.
Dans un geste à l'égard de sa minorité arménienne, Ankara a également autorisé la célébration en septembre d'une messe à l'église-musée arménienne d'Akdamar, dans la province de Van (est).
AFP. 15/08/10
Commentaires
L’Europe vaut bien une messe !
PS : je n’aurais pas dû écrire « Europe », mais « UE » : ce n’est pas du tout pareil !
ce n,est pas cette petite communauté de chrétien qui présente un risque pour l,état turque et sa religion, au contraire de chez nous!!l,UE n,a plus qu,a se confondre en remerciements devant la sublime porte!! salutations.