Ancienne ministre du Logement, ancienne députée UMP des Yvelines, présidente du Parti chrétien-démocrate, Christine Boutin prend ses distances avec les déclarations sécuritaires de Nicolas Sarkozy.
La sécurité est-elle le principal sujet de préoccupation des Français ?
CHRISTINE BOUTIN . Non. Leur principale inquiétude, c’est l’emploi. C’est la crainte de devenir chômeur ou de voir ses enfants l’être. Cela dit, c’est vrai qu’il y a de l’insécurité sur certains territoires.
Le gouvernement et Nicolas Sarkozy en ont-ils trop fait sur ce sujet ?
La stigmatisation de telle ou telle communauté exacerbe la violence. Et je crains que l’on soit en train de monter les gens les uns contre les autres. Les déclarations de circonstance sont toujours mauvaises. Quand on en est à dire qu’on va protéger les policiers, c’est le monde à l’envers ! Il n’est pas bon de monter les Français les uns contre les autres, car il existe une violence latente. Ce qu’il faut, c’est redonner une vision à notre pays. Il faut cesser de cultiver la peur, il faut donner de l’espérance.
Que pensez-vous des projets de déchéance de la nationalité française pour certains délinquants d’origine étrangère ?
Tous les textes existent déjà, et ils sont difficilement applicables. De telles déclarations vont créer une instabilité chez nos compatriotes. Et de qui parle-t-on, quand on évoque les Français d’origine étrangère ? Beaucoup de Français sont d’origine étrangère, nous le sommes tous peu ou prou, à commencer par le président de la République lui-même ! Comment peut-il oublier ça ? Qu’est-ce que ça veut dire ? On va créer des Français à l’essai ? Où met-on le curseur ? Ce discours conforte les peurs, elles-mêmes génératrices de violence. Il prouve aussi notre incapacité à intégrer.
Et la proposition d’un député UMP de mettre en prison les parents qui ne savent pas tenir leurs enfants ?
Alors ça, ça n’est pas possible ! Qui va-t-on mettre en prison ? Le père ? La mère ? Et qui va s’occuper des enfants pendant ce temps-là ? On va les mettre dans les services sociaux ? Vous connaissez ma position sur les prisons : l’enfermement n’est pas la réponse, on le sait très bien. C’est une menace qui ne pourra pas être mise en application. Comme la suppression des allocations familiales.
Là aussi, vous vous démarquez de l’UMP ?
Bien sûr ! Supprimer les allocations, ça ne sert qu’à donner le pouvoir à l’adolescent par rapport à sa famille. Ce genre de proposition peut faire plaisir à ceux qui sont attachés à des relents populistes.
Et à récupérer l’électorat du Front national ?
Oui, mais gare au risque : on caresse les électeurs du FN dans ce sens-là avec des mesures inapplicables. Or, ces électeurs-là veulent des résultats. On ne les récupérera pas. Et on perdra l’électorat social de l’UMP.
C’est un risque important ?
Je le pense. Après les déclarations de Nicolas Sarkozy sur la sécurité, des adhérents du Parti chrétien-démocrate m’ont dit qu’il fallait quitter l’UMP. Ils sont sans doute minoritaires, mais ils existent.
Vous avez été en mai au centre d’une polémique sur la rémunération d’une mission sur la mondialisation.
Où en êtes-vous ?
D’abord, cette polémique a été lancée sur un salaire virtuel. C’était un projet, je n’ai pas touché un euro, et, à ce moment-là, mon contrat de travail n’était même pas signé. On m’avait parlé de ces 9 500 € par téléphone, mais rien n’était écrit.
Quand pourra-t-on lire les conclusions de cette mission ?
Nous devrions être prêts à présenter des premières recommandations au président de la République fin octobre. J’ai déjà proposé deux choses : rassembler tous les directeurs généraux des institutions mondiales pour donner un sens à l’action du G 20. Et organiser une réunion de « cent jeunes pour réinventer le monde » afin de travailler notamment sur les bonnes pratiques sociales. J’ajoute qu’il y a deux valeurs qu’il va falloir développer : le don et la gratuité.
Ne craignez-vous pas de relancer la polémique sur cette fameuse rémunération en mettant ces valeurs en avant ?
Comme je vous l’ai dit, je n’ai pas touché un centime. Pour moi, la polémique est terminée, à moins que ça ne relève de l’acharnement.
Est-ce à cause de cette polémique que votre ancienne circonscription des Yvelines a basculé à gauche ?
Je ne crois pas. Jean-Frédéric Poisson était un très bon candidat et un très bon député. Il sera d’ailleurs de nouveau candidat en 2012. Contrairement à ce qu’on a dit, cette circonscription n’est pas très marquée à droite. Elle l’est moins que celles de Christian Blanc ou de Valérie Pécresse dans le même département. Il y a vingt ans, elle était à gauche. Si j’avais été candidate, j’aurais perdu aussi. En pleine affaire Woerth, n’importe quel candidat UMP aurait perdu.
Etes-vous pour ou contre les salles de shoot pour les toxicomanes ?
Le PCD n’est pas favorable à des expériences qui ont été lancées dans un certain nombre de pays et qui n’ont pas donné de résultats satisfaisants, bien au contraire. Je me réjouis de la décision de François Fillon dans ce domaine.
Tous ces Français qui gagnent des médailles en athlétisme et maintenant en natation, c’est bon pour le moral de la France ?
C’est un souffle de joie ! Ce qui est formidable, c’est de voir que des fédérations ont préparé des sportifs sans faire de bruit et que ceux-ci, maintenant, gagnent. Ils sont sympas, il y en a de toutes les couleurs et avec eux la France est bien représentée. C’est le contraire de ce qui s’est passé avec la Coupe du monde de football : ils ne sont pas tombés dans le bling-bling ou le culte des médias. Ils ont travaillé et des médailles jaillissent. Je leur dis : chapeau ! Ils nous montrent un vrai chemin.
Quand un jeune d’origine étrangère, pour reprendre la formule, chante « la Marseillaise » sur le podium, c’est important ?
C’est capital. Au PCD, nous demandons que tous ceux qui portent le maillot français soient obligés, par contrat, de chanter « la Marseillaise».
C’est aujourd’hui l’Assomption et, cette semaine, on a surtout parlé du ramadan. Vous qui êtes catholique, est-ce que ça vous énerve ?
Ça ne m’énerve pas du tout qu’on parle du ramadan. Je suis pour la laïcité à la française et pour l’acceptation de toutes les religions. Mais je suis heureuse de saluer le 15 août qui est une grande fête chrétienne, celle de la montée au ciel de la Vierge Marie. Des centaines de milliers de personnes se rassemblent aujourd’hui. Croyants ou non, nous avons besoin d’une société apaisée. Le 15 août, c’est la civilisation de la paix et de l’amour qui s’oppose à celle de la peur et de la jalousie.
Interview du Parisien - 15/08/10
Commentaires
si elle ne se sent pas Française , pas grave , il y a certainement des pays d,accueils pour les personnages comme elle!!salutations.
Tiens, voilà du Boutin, voilà du Boutin, c’est pour…….
Si je devais la prendre au sérieux, mais je ne la prends pas au sérieux, (au fait, qui est-elle ?), elle me donnerait la nausée.