Des chercheurs ont repéré une grande partie des hydrocarbures déversés pendant la marée noire, après l'explosion du forage de BP dans le Golfe du Mexique.
Non, les trois quarts du pétrole qui se sont déversés dans le golfe du Mexique pendant près de cent jours après l'explosion de la plate-forme de BP n'ont pas disparu. Ils ne se sont pas volatilisés. Ils n'ont pas déjà été «nettoyés par l'homme et la nature», contrairement à ce qu'annonçait la semaine dernière un rapport de l'Agence américaine des océans et de l'atmosphère (Science, 13 août 2010). Des chercheurs de l'Institut océanographique de Woods Hole (WHOI) en ont repéré une grande partie qui flotte encore entre deux eaux entre 1 100 m et 1 300 m de fond. Une autre partie beaucoup plus diffuse navigue autour de 200 m sous la surface. Les résultats de leurs travaux sont publiés vendredi dans la revue Science. Ils rejoignent ceux mis en ligne jeudi par une équipe de l'université de Géorgie.
Par plusieur centaines de mètres de fond, le pétrole ne se présente pas du tout comme à la surface de l'eau ou sur les plages. Rien à voir avec les images des marées noires et les traditionnelles galettes de fioul échouées. Il s'agit ici d'un panache de pétrole ou d'un nuage. À l'intérieur de ce brouillard, les gouttelettes d'hydrocarbures sont très diffuses, l'équivalent de deux cuillerées à soupe dans un mètre cube d'eau de mer, selon les chercheurs de l'université de Géorgie. Les photos rapportées par la caméra embarquée à bord du robot sous-marin Sentry montrent en effet une certaine turbidité mais rien de plus.
Faible activité bactérienne
«Le panache a beau être diffus, ça ne veut pas dire pour autant qu'il est sans danger pour l'environnement», avertit Richard Camilli, qui a dirigé l'étude menée par le WHOI. En effet, le phénomène n'a encore jamais été observé. «On connaît la forme, les dimensions et la profondeur du panache, ajoute le chercheur, mais on ne sait pas s'il est toxique ni comment ni pourquoi il s'est formé».
Le nuage situé entre 1 100 m et 1 300 m de fond a des dimensions impressionnantes puisqu'il s'étend sur près de 35 kilomètres de long et 2 km de large. «Le pétrole est bloqué entre deux couches d'eau», souligne Michel Girin, ancien directeur du Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux. Ce type de stratification sur la colonne d'eau peut s'expliquer par des différences de densité entre le pétrole et l'eau. Les écarts de température et de salinité jouent aussi un rôle déterminant mais, curieusement, les chercheurs n'en ont pas détecté, remarque Michel Girin. Le mystère reste donc entier.
Les recherches en mer ont été conduites du 19 au 28 juin et interrompues en raison del'ouragan Alex. Pendant cette période, le robot a exploré toute la colonne d'eau sur une vaste zone autour du forage de BP, là où la station pétrolière a explosé le 20 avril dernier. Les fuites n'ayant été définitivement arrêtées que le 4 août, on peut penser que, depuis, le panache a pu se déplacer et se transformer. À ces profondeurs, les choses évoluent toutefois lentement. Les chercheurs ont calculé qu'il se déplace à la vitesse de 0,27 km/h en direction du sud-ouest, vers les côtes mexicaines.
Que va devenir le nuage de pétrole? C'est la question qui va mobiliser tous les scientifiques. «Ce tapis roulant avance très lentement et devrait se diluer peu à peu», estime pour sa part Michel Girin. Les hydrocarbures devraient être progressivement grignotés par les bactéries spécialisées dans ce type de nourriture. Elles sont naturellement très abondantes dans les eaux du golfe du Mexique mais les analyses effectuées par le robot n'ont détecté pour l'instant qu'une très faible activité bactérienne. La colonisation n'a donc pas encore commencé. Il faut attendre.
L'étude publiée dans Science s'appuie sur 57.000 analyses chimiques effectuées par un spectromètre ultraperfectionné embarqué à bord du robot Sentry. De la taille d'une boîte à chaussures, il a permis notamment d'analyser cinq des principaux hydrocarbures présents dans le pétrole qui a fui pendant cent jours. À partir des données recueillies, les chercheurs estiment que 4,9 millions de barils se sont déversés dans le golfe du Mexique. C'est quatre fois plus que le pétrole échappé du ventre de l'Exxon Valdez, à l'origine de la plus grande marée noire due au naufrage d'un pétrolier.
Le Figaro - 20/08/10
Commentaires
Mais où sont passés nicolas Hulot, noêl mamère, voinet, athur-bertrand, bové, J.L. Etienne, con-bandit, etc, etc…. ? Ils sont aux abonnés absents ? Cette marée noire les révèle tels qu’ils sont : des minidictateurs qui veulent imposer leurs envies sous les fallacieux prétextes de l’écologie, dont ils ne connaissent strictement rien et dont ils se foutent éperdument. Ce qu’ils veulent se résume à deux choses : interdire (aux autres) et obliger (les autres) !