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Une dame de France

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Marie-Rose Eyraud - (Cliquez sur la photo)
Marie-Rose Eyraud est une des mémoires de Mézères et du hameau de Vioches. Elle y est née en 1931 et avant de partir à Saint-Etienne et de devenir infirmière, cette dame très discrète et attentionnée a grandi là. Elle est ensuite revenue au village à sa retraite et y passe les mois les plus cléments de l’année. Elle est une des rares à se souvenir de la vie du village dans la première moitié du XXe siècle. A une époque où il était beaucoup plus peuplé, où il n’y avait pas encore l’eau et où entre eux, les parents ne parlaient pas français, mais patois.

Ses parents, comme la plupart des habitants du village étaient de petits paysans. “Ici, les gens n’avaient que trois ou quatre vaches. Les plus gros en avaient seulement une douzaine.” Faute de posséder suffisamment de terres, ils louaient des champs pour y cultiver, là des pommes de terre, ici du blé ou du seigle. Sans machine bien sûr. Les premières faucheuses ne sont arrivées qu’à la toute fin des années 1920, mais elles étaient encore tirées par des vaches et il fallait toujours ramasser les gerbes à la main derrière, se souvient-elle. Les premiers tracteurs ne sont arrivés au village que dans le milieu des années 1950. A l’époque, les moissons étaient encore une “fête” où les gens allaient aider leurs voisins, se souvient-elle.

Les enfants aidaient beaucoup à la ferme

La vie à la ferme n’était “pas tous les jours facile”, se souvient-elle. Enfants, ses deux soeurs et elle devaient beaucoup aider dans les travaux quotidiens et aux champs. “On allait garder les vaches dans le communal, raconte-t-elle. Il n’y avait plus beaucoup d’herbe parce que tout le monde y mettait ses quelques vaches. Alors on s’amusait entre enfants, on jouait à cache-cache ou à la marelle, on cherchait des nids d’oiseau dans les genêts. Plus tard on avait appris à tricoter, on faisait des gants ou des bonnets.” Elle n’avait alors que sept ou huit ans. “Je me se souviens même d’une fois où ma sœur était venue me voir à midi alors que je gardais les vaches dans un pré non loin du bourg et moi je n’étais pas assez grande pour aller à l’école, donc je devais avoir moins de cinq ans. A cet âge, c’est plutôt les vaches qui me gardaient”, sourit-elle.

Toujours très précise dans les dates, elle se souvient que la route qui passe désormais devant chez elle n’a été goudronnée qu’en 1960. Avant, il n’y avait que des chemins ce qui explique que les gens ne sortaient pas beaucoup. Ils se déplaçaient d’un hameau à l’autre mais n’allaient dans les plus gros villages alentour que très rarement. “Si on devait faire des courses au marché, il fallait marcher jusqu’à Rosières”, explique-t-elle. Une grosse heure de marche. Mais les besoins étaient souvent couverts par les jardins et les deux petites épiceries que comptait le village. “Et puis il y avait quelques vendeurs ambulants qui passaient au bourg comme le boucher qui venait après la messe le dimanche et auquel on achetait parfois de quoi cuire un rôti.”

 ”On parlait des histoires du pays”

Par contre lorsqu’il fallait faire quelques achats plus importants ou aller vendre une bête, il fallait se rendre à Yssingeaux, à une douzaine de kilomètres de là. Encore un trajet qu’il a longtemps fallu faire à pied ou sur un attelage de vaches. Isolés des autres communes, les gens parlaient beaucoup entre-eux. “Ils travaillaient dur à la ferme, alors il fallait bien trouver des moments de détente”, explique-t-elle. Après les deux messes qui avaient lieu tous les dimanches, par exemple. Les jeunes filles se retrouvaient après les vêpres et faisaient une petite promenade ensemble pour partager les potins.

Et puis tout au long de la journée, lors des pauses, les gens se racontaient les histoires du pays. Ils se racontaient, comme pour mieux s’en souvenir, les histoires des maisons et de leurs habitants ; se disaient qui vivait naguère dans telle ou telle bâtisse aujourd’hui délaissée ou se remémoraient quelque querelle ancestrale. Toutes ces histoires dont elle se souvient encore car son père les lui répétait quand elle allait lui porter à déjeuner alors qu’il travaillait dans un de leurs champs de Planèze, sur le plateau, et qui surplombait toute la commune.

Le Monde - 24/08/10

Commentaires

  • L’immonde qui découvre la lune ! Comme si nous ne savions pas ce qu’était la France il y a peu ! En 1960 beaucoup de villages n’avaient pas l’eau courante ! Est-ce les journaleux de l'immonde le savent ? Alors qu’on ne cherche pas à nous faire pleurer sur le sort des roms : ils n’ont qu’à retourner dans leurs pays respectifs et surtout se retrousser les manches, au lieu de chaparder leurs hôtes qui les laissent bien gentiment squatter leurs patrimoines !

  • Cher abad, je suis par ma famille paternelle de cette région de France.
    Les Français ont toujours travaillé dur, sans se plaindre, avec une immense dignité, et ce pays est bien le leur, et à nul autre! Ils l'aiment, ils l'évoquent avec amour, c'est celui de leurs pères, et il est honteux de leur parler de "fraternité universelle"! Ce sont de braves gens, de bonnes gens, simples et francs, et l'émotion contenue de cette dame m'a profondément émue. Comme elle parle bien, en peu de mots, de son village, de son enfance! Et je trouve qu'elle a un beau visage.

    Le Monde découvre la mémoire des vrais Français! Il serait grand temps!

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