La petite ville suédoise de Katrineholm, à 150 km au sud-ouest de Stockholm, est dans tous ses états. Le maire social-démocrate, Göran Dahlström, a déclaré mercredi 8 septembre qu'un groupe de gens du voyage français installés sur sa commune n'était pas le bienvenu. "Nous n'avons rien contre les Roms, une soixantaine de famille sédentarisées vivent à Katrineholm, a déclaré le maire au Monde. Mais là, seize caravanes sur le parking d'une école, ça ne va pas. Des gens ont appelé la mairie pour se plaindre. Alors j'ai demandé à la police de leur demander de partir." Ce n'est pas une expulsion, mais une invitation à aller voir plus loin.
Le Danemark est dix fois pire que la Suède, commente l'un des gens du voyage joint au téléphone par Le Monde mercredi alors qu'ils étaient déjà en route vers le sud de la Suède. Ce qui s'est passé à Katrineholm, nous en avons l'habitude. Le camping local nous avait refusé l'entrée. Nous savons bien que ce n'était pas un problème de place. Et nous, de toute façon, nous préférons être à l'extérieur des campings, car, sinon, les autres clients n'arrêtent pas de parler de nous."
A Katrineholm, l'action du maire, qui avait lui-même appelé le journal local pour raconter son action énergique, provoque des réactions mitigées. Certains s'insurgent, et parlent d'une dérive "à la française", d'autres applaudissent. A moins de deux semaines des élections municipales et législatives, cela peut être quitte ou double.
VASTE DISCRIMINATION
La Suède a une réputation plutôt généreuse, et critique d'ailleurs très durement la politique française d'expulsion des Roms. La ministre libérale des affaires européennes suédoise, Birgitta Ohlsson, a envisagé début septembre des sanctions contre la France, ce qui a provoqué une certaine tension entre Paris et Stockholm. Mais deux autres responsables libérales, tout en condamnant "le racisme d'Etat français" à l'égard des Roms, ont appelé, dans une tribune publiée mercredi matin, avant que l'affaire de Katrineholm ne soit connue, à la création d'une "commission vérité" sur la façon dont les Roms et gens du voyage ont été traités en Suède depuis un siècle, jusqu'aux expulsions récentes.
La Suède a de fait discrètement expulsé, depuis le début de l'année, une cinquantaine de Roms vers la Roumanie. Le prétexte invoqué, la mendicité, a soulevé des protestations, sachant que celle-ci n'est pas interdite en Suède.
Les expulsions ont été stoppées depuis fin juillet, lorsque la Délégation suédoise pour les questions Roms a remis au gouvernement un rapport détaillant la vaste discrimination que subissent les 50 000 Roms vivant en Suède. La moitié d'entre eux sont des gens du voyage, descendants des Roms arrivés en Suède au XVIe siècle. S'ils ont un statut de minorité nationale, quelque 80% des Roms suédois sont au chômage (8% en moyenne dans le pays), et beaucoup d'enfants Roms ne finissent même pas l'école primaire.
Plusieurs de leurs droits sociaux et économiques sont bafoués. Le rapport évoque un "anti- tsiganisme structurel", dont l'affaire de Katrineholm est une expression très ordinaire.
Commentaires
Que Truc, machin de l’immonde, accueille chez lui les roms qu’il prétend défendre, au lieu de les imposer aux autres.
Cher abad, la Suède dit une chose et en fait une autre quand il s'agit de son sol!
Cela donne à réfléchir...
Pour qui prennent-ils la France?
Amitiés!