Sionisme - Ahmadinejad, l'ennemi public n°1

Avigdor Lieberman

 

La semaine dernière, ils étaient 800 à manifester devant le siège des Nations Unies à New York. Ils scandaient : « Ahmadinejad est un terroriste, Ahmadinejad est un terroriste ! ». A l'intérieur, plus de 33 délégations quittaient l'Assemblée Générale, choqués par les propos qu'on osait y tenir. Les 27 Etats membres de l'Union Européenne, les Etats Unis, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande refusaient d'entendre la fin du discours du président iranien.

 Et que disait Ahmadinejad qui puisse déclencher les foudres de 33 pays et de 800 manifestants? Il expliquait que, selon lui, il y avait trois théories sur les origines des attentats du 11 septembre. Parmi lesquelles la possibilité que le gouvernement américain ait profité du contexte pour s'immiscer au Moyen-Orient. Ahmadinejad a ajouté qu'il n'écartait pas la possibilité que certaines branches de services secrets américains aient participé à l'élaboration des attentats.

 Le lendemain du discours, le New York Times titrait avec emphase (et sans s'encombrer d'exactitude factuelle) : « Le leader iranien affirme que les Etats-Unis ont programmé les attentats du 11 septembre ». Quelques jours plus tard, un rectificatif était publié sur leur site web – mais pas dans la version papier – précisant qu'Ahmadinejad avait évoqué différentes hypothèses sur les attentats du 11 septembre. Dans le corps de l'article, qui lui n'a pas subi de rectificatif, on apprenait qu'Ahmadinejad avait lancé des « attaques viles » à l'encontre des Etats-Unis et tenu des propos « insensés et offensants ».

 Le discours d'Ahmadinejad, s'il était indéniablement hors sujet dans l'enceinte des Nations Unies, n'en était pas moins prévisible. C'est le septième voyage du président iranien à New York, et à chaque fois la même scène se reproduit. Ahmadinejad provoque, les Etats-Unis crient au scandale, l'UE suit le mouvement. Normal qu'il ne change pas de discours, puisque la technique de la provocation marche. 33 délégations qui sortent de la salle ! La une du New York Times ! N'est ce pas de la publicité dont n'importe quel dirigeant rêverait ?

 Ce qui est surprenant, c'est la promptitude avec laquelle les 27 Etats-membres de l'UE ont quitté la salle. Par souci de cohérence, n'aurait-il pas fallu faire de même la semaine suivante, quand Lieberman, le ministre des Affaires Etrangères israélien, proposait de « déplacer les frontières» des territoires palestiniens afin qu'elles reflètent plus justement «la réalité démographique» de la région ? Bien que Lieberman ait précisé qu'il ne faisait pas allusion à des déplacements de population, comment comprendre autrement son message ? Et n'aurait-il pas fallu que l'UE claque la porte quand le ministre israélien a assuré que la « soit-disant occupation des territoires par des colons » n'avait rien à voir avec la pérennité du conflit israélo-palestinien ? N'était-ce pas, là aussi, un discours insultant pour l'Assemblée Générale de l'ONU ?

 Le lendemain, le NewYork Times publiait que de «profondes divergences à l'intérieur du gouvernement israélien» étaient nées depuis le début des négociations pour la paix. En se gardant bien, cette fois, d'utiliser des qualificatifs sévères, comme «vile»,«insensé» ou «offensant».

Isabelle Mayault - MEDIAPART - 02/10/10