A Marseille, 10 familles ont reçu un titre de séjour à titre dérogatoire. Objectif : tester leur capacité d'intégration.
Il y a des rideaux en dentelle aux fenêtres, une soucoupe de calissons sur la toile cirée, et dans le coin cuisine impeccablement astiqué, une, non deux machines à laver. "Maintenant que je travaille, je n'ai plus le temps de nettoyer le linge à la main", sourit Monica, pas peu fière de nous faire visiter le petit appartement du Panier que sa famille loue depuis juin dernier. Un toit, enfin, à deux pas de la place du Refuge.
Tout un symbole pour Monica et Ioan son mari, qui depuis leur arrivée à Marseille il y a 8 ans, n'ont connu que l'errance de squat en squat, leurs 4 enfants dans les bagages. "C'est la première fois qu'on s'endort le soir sans la peur d'être expulsés le lendemain matin". La première rentrée scolaire aussi pour Marcel et André, les petits derniers (6 et 12 ans). "Avant on avait peur de se faire repérer en les mettant les enfants à l'école. Et puis on n'était jamais sûr d'être encore là à leur retour".
Mais cette vie d'"invisibles", comme les Roms se surnomment eux-mêmes, c'est déjà du passé pour Monica et Ioan. Comme 10 autres familles Roms de Marseille, ce couple a été admis à exister au grand jour. Une dérogation exceptionnelle de la Préfecture leur accorde un titre de séjour. Donc le droit de travailler. Donc la possibilité de trouver un logement.
Alors que leurs parents, voisins, amis de Timisoara (la région d'origine de la plupart des Roms de Marseille) sont poussés aux frontières, ces privilégiés, qui répondent à des conditions strictes sur leur capacité d'intégration, bénéficient de ce dispositif unique en France. Mais qui reste révocable : les titres de séjour étant accordés à titre provisoire, Monica et Ioan, savent qu'ils ont six mois pour devenir une famille "modèle". Et le challenge ne leur fait pas peur.
D'abord parce que Monica a trouvé un emploi déclaré "en cuisine, dans un restaurant du Panier". Et surtout, dit Ioan, parce qu'il n'existe "pas d'autre choix" : "Nous avons quitté la Roumanie parce là-bas, même si tu travailles, tu ne peux pas nourrir tes enfants. Moi j'étais agriculteur, ma femme employée dans une usine de câbles. On gagnait 100€ par mois. Avec ça, tu ne manges pas".
En France, c'est Ioan et son aîné qui ont fait bouillir la marmite : le premier jouait du violon dans les restos, l'autre tendait la main aux carrefours. Dormir dans des squats ou entassés dans une carcasse de voiture, faire la manche, récupérer de la ferraille, "ce n'est pas culturel pour les Roms, juste une question de survie", martèle Marion Bonnet, coordinatrice de la mission Rom à l'Ampil.
Alors la chance qui lui est offerte aujourd'hui, ce couple ne la laissera pas passer. "Maintenant, le soir, à table, avec nos deux garçons qui ont grandi ici, on parle français. Moi, je me sens déjà Marseillais", rigole Ioan en montrant son maillot de l'OM. Les supporters de l'équipe, ce sont Marcel et André, qui tous les soirs après l'école, refont le match avec les gamins du Panier.
"Ici, les gens sont très gentils, tout le monde nous a déjà acceptés", assure Monica. Tous, ou presque : il y a quelques jours, un policier est venu frapper à sa porte. Un voisin avait signalé que l'appartement était squatté. "On lui a montré nos papiers, il s'est excusé", raconte Monica, consciente que "qui dit Rom dit squat. C'est cette image que nous voulons changer".
Tout un symbole pour Monica et Ioan son mari, qui depuis leur arrivée à Marseille il y a 8 ans, n'ont connu que l'errance de squat en squat, leurs 4 enfants dans les bagages. "C'est la première fois qu'on s'endort le soir sans la peur d'être expulsés le lendemain matin". La première rentrée scolaire aussi pour Marcel et André, les petits derniers (6 et 12 ans). "Avant on avait peur de se faire repérer en les mettant les enfants à l'école. Et puis on n'était jamais sûr d'être encore là à leur retour".
Mais cette vie d'"invisibles", comme les Roms se surnomment eux-mêmes, c'est déjà du passé pour Monica et Ioan. Comme 10 autres familles Roms de Marseille, ce couple a été admis à exister au grand jour. Une dérogation exceptionnelle de la Préfecture leur accorde un titre de séjour. Donc le droit de travailler. Donc la possibilité de trouver un logement.
Alors que leurs parents, voisins, amis de Timisoara (la région d'origine de la plupart des Roms de Marseille) sont poussés aux frontières, ces privilégiés, qui répondent à des conditions strictes sur leur capacité d'intégration, bénéficient de ce dispositif unique en France. Mais qui reste révocable : les titres de séjour étant accordés à titre provisoire, Monica et Ioan, savent qu'ils ont six mois pour devenir une famille "modèle". Et le challenge ne leur fait pas peur.
D'abord parce que Monica a trouvé un emploi déclaré "en cuisine, dans un restaurant du Panier". Et surtout, dit Ioan, parce qu'il n'existe "pas d'autre choix" : "Nous avons quitté la Roumanie parce là-bas, même si tu travailles, tu ne peux pas nourrir tes enfants. Moi j'étais agriculteur, ma femme employée dans une usine de câbles. On gagnait 100€ par mois. Avec ça, tu ne manges pas".
En France, c'est Ioan et son aîné qui ont fait bouillir la marmite : le premier jouait du violon dans les restos, l'autre tendait la main aux carrefours. Dormir dans des squats ou entassés dans une carcasse de voiture, faire la manche, récupérer de la ferraille, "ce n'est pas culturel pour les Roms, juste une question de survie", martèle Marion Bonnet, coordinatrice de la mission Rom à l'Ampil.
Alors la chance qui lui est offerte aujourd'hui, ce couple ne la laissera pas passer. "Maintenant, le soir, à table, avec nos deux garçons qui ont grandi ici, on parle français. Moi, je me sens déjà Marseillais", rigole Ioan en montrant son maillot de l'OM. Les supporters de l'équipe, ce sont Marcel et André, qui tous les soirs après l'école, refont le match avec les gamins du Panier.
"Ici, les gens sont très gentils, tout le monde nous a déjà acceptés", assure Monica. Tous, ou presque : il y a quelques jours, un policier est venu frapper à sa porte. Un voisin avait signalé que l'appartement était squatté. "On lui a montré nos papiers, il s'est excusé", raconte Monica, consciente que "qui dit Rom dit squat. C'est cette image que nous voulons changer".
La Provence - 03/10/10
Commentaires
"Nous avons quitté la Roumanie parce là-bas, même si tu travailles, tu ne peux pas nourrir tes enfants":
Et pendant ce temps, les travailleurs français, qui ne sont pas mis au chômage, sont mutés en Roumanie pour les payer 80 euros par mois (renault, France télécom, etc..) et avec ça il faut bien qu’ils se débrouillent pour nourrir leur famille.
Tout le monde n’a pas la chance d’être Roms !