Le site Internet vient de publier près de 400.000 documents secrets de l'armée américaine, braquant les projecteurs sur un véritable «bain de sang» en Irak.
Après plusieurs semaines de suspense, WikiLeaks est passé à l'acte. Vendredi, le site Internet spécialisé dans le renseignement a publié près de 400.000 documents secrets de l'armée américaine sur la guerre en Irak. Et ses conclusions sont sans appel : la coalition internationale a bel et bien torturé des prisonniers irakiens et fermé les yeux sur des exactions commises par les forces irakiennes.
Présentés comme «la plus grosse fuite de documents militaires secrets de l'Histoire», les documents mettent en évidence «de nombreux cas de crimes de guerre qui semblent manifestes de la part des forces américaines, comme le meurtre délibéré de personnes qui tentaient de se rendre». WikiLeaks évoque aussi le comportement de soldats américains «faisant sauter des bâtiments entiers parce qu'un tireur se trouve sur le toit». Les documents révèlent «plus de 300 cas de torture et de violences commis par les forces de la coalition sur des prisonniers», ajoute WikiLeaks, qui a aussi dénombré plus d'un millier d'exactions de la part des forces irakiennes.
«On parle de cinq fois plus de morts en Irak, un vrai bain de sang comparé à l'Afghanistan», a assuré sur CNN le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, jugeant que «le message de ces dossiers est puissant et peut-être un peu plus facile à comprendre que la complexe situation en Afghanistan». Refusant d'entrer dans les détails de ces révélations, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a condamné la fuite de tout document pouvant mettre en danger «la vie des soldats et des civils des Etats-Unis et de leurs alliés».
La même ligne a été reprise par le gouvernement britannique, qui a «condamné» une démarche pouvant «représenter un risque pour la vie des troupes britanniques et celles de nos alliés». Le ministère de la Défense s'est refusé à entrer dans les détails et la «spéculation» au motif qu'une commission indépendante est déjà en train d'enquêter sur les circonstances de l'engagement britannique en Irak. La publication des documents a par ailleurs suscité la colère du premier ministre irakien, selon qui le choix de publier les documents maintenant répond à des «objectifs politiques» dirigés contre lui. En Irak, le chef de gouvernement est aussi chef des forces armées, et Nouri al-Maliki, qui souhaite être reconduit à son poste pour un nouveau mandat, estime que ses opposants veulent utiliser les dossiers secrets pour l'accuser d'avoir laissé commettre les exactions.
109.032 morts entre 2004 et 2009
WikiLeaks avait remis à l'avance ses documents à plusieurs médias internationaux comme le New York Times, le Guardian, Der Spiegel ou Al-Jazira, qui a la première révélé leur contenu. Selon la chaîne de télévision du Qatar, l'armée américaine a «couvert» des cas de torture de détenus par les autorités en Irak, où des centaines de civils ont en outre été tués à des barrages tenus par les alliés. Au vu des documents, «les autorités américaines n'ont pas enquêté sur les centaines de cas de violences, tortures, viols et mêmes des meurtres commis par des policiers et des militaires irakiens», pointe pour sa part le Guardian.
Selon le communiqué de WikiLeaks, les documents secrets couvrent la période du 1er janvier 2004 au 31 décembre 2009, après l'invasion américaine de mars 2003 qui a renversé le régime de Saddam Hussein. Les documents révèlent que le conflit a fait 109.032 morts en Irak, selon le communiqué, qui précise que plus de 60% sont des civils. Un bilan américain publié officiellement fin juillet faisait état de près de 77.000 Irakiens civils et militaires tués de 2004 à août 2008. Des chiffres qui montrent «que les forces américaines disposaient d'un bilan recensant morts et blessés irakiens, même si elles le niaient publiquement», a relevé Al-Jazira.
Le Figaro - 23/10/10
Commentaires
Et pendant ce temps les merdiats, dits français, mais en réalité anti-nationaux, continuent de nous bassiner avec la guerre d’Algérie qui n’est rien en comparaison des horreurs de cette guerre d’Irak ! Chercher l’erreur !