Pour s'être déclaré favorable à une alliance électorale avec le Front national, Christian Vanneste court le risque d'une exclusion de l'UMP. Une éviction ardemment souhaitée par Rama Yade, tandis que du côté du FN, Jean-Marie le Pen estime que le député du Nord "fait pipi dans sa culotte" et "tremble devant la montée" du mouvement d'extrême droite.
L'UMP ne peut plus faire l'économie d'un débat interne dont elle se serait bien passée... Contrairement à ce qu'il espérait, le parti majoritaire n'est effectivement pas parvenu à éteindre la polémique née des propos de Christian Vanneste. A deux reprises au cours de ce mois d'octobre, le sulfureux député du Nord s'est déclaré favorable à une alliance entre l'UMP et le Front national, et ce, dès les élections législatives de 2012.
"Hors de propos", "position ultra-minoritaire", le parti de la rue de la Boétie avait jeté un voile épais sur les déclarations tapageuses d'un habitué de la polémique - Christian Vanneste a dû répondre d'accusations d'homophobie devant la justice. Même l'aile droite du parti, à laquelle appartient le député, s'était désolidarisée de lui. "Je suis en totale opposition avec la position de Christian Vanneste", avait réagi le député de Nice, Eric Ciotti, interrogé par leJDD.fr , la semaine dernière. "Notre ligne politique est très claire, toute alliance avec le FN est exclue", avait ajouté le "M. Sécurité" de l'UMP.
Les interventions "sans fond" de Rama Yade
Bref, l'affaire aurait donc pu en rester là, sauf que Rama Yade a de nouveau braqué les projecteurs sur l'élu nordiste ostracisé en réclamant, mardi, sur son blog, son "exclusion" pure et simple de l'UMP. Fustigeant "l'idée d'une alliance honteuse et contre nature" et une "initiative déshonorante", la secrétaire d'Etat aux Sports appelle clairement son parti "à engager sans tarder à son encontre une procédure d’exclusion qui permettra à M. Vanneste de rejoindre ses amis d’extrême droite". Pas encore exaucée, l'ex-secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme a toutefois contraint la direction du mouvement populaire à réagir. Le cas Vanneste se trouve désormais entre les mains du bureau politique du parti, qui pourrait effectivement sanctionner l'élu du Nord, voire le chasser de ses rangs.
Une éventualité qu'écarte catégoriquement le principal intéressé. Interrogé par Nouvelles de France (un site internet participatif qui se dit "développé par des journalistes et des internautes de droite, libéraux et conservateurs"), Christian Vanneste estime que Rama Yade "prend ses désirs pour des réalités". "Manifestement, (elle) a un besoin quasiment pathologique d'exister médiatiquement", poursuit-il, avant, un peu plus loin, d'accabler la jeune ministre: "C'est bien de toujours vouloir surfer sur les médias mais (…) il y a un moment où le caractère superficiel de ses interventions nuit à son action politique (…) Les interventions vibrionnantes et sans fond de Rama Yade sont celles d'une femme qui n'a aucune connaissance, aucune culture et qui vient d'arriver. C'est agaçant..."
Le Pen: "Vanneste fait n'importe quoi"
Habillée pour l'hiver, la secrétaire d'Etat ne devrait pas rester sans voix face à ces attaques. En attendant, loin de remiser au placard son idée d'alliance avec l'extrême droite, Christian Vanneste maintient fermement le cap. D'autant qu'un sondage Ifop publié jeudi par Le Nouvel Observateur est venu le conforter dans sa volonté de couper "le cordon sanitaire" qui sépare droite républicaine et Front national. Selon cette étude, 32% des sympathisants UMP se déclarent favorables à un tel accord lors de scrutins locaux. Une proportion qui monte à 37% chez ceux qui habitent dans des régions où le Front national réalise des scores importants. En face, ils sont 62% parmi les sympathisants frontistes à se dire prêts à une telle alliance.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Jean-Marie Le Pen n'entre pas dans cette catégorie. Invité jeudi matin du Centre de formation des journalistes (CFJ), le leader du mouvement d'extrême droite a balayé toute idée de rapprochement, rangeant Christian Vanneste dans la catégorie peu enviable des politiques "qui font pipi dans leur culotte". Comprendre, derrière cette image crue, un "député qui a peur pour son siège et qui pousse à la droitisation de l'UMP".
Loin d'envisager une quelconque collaboration, le vieux chef frontiste a renvoyé son interlocuteur à ses chères études: "Vanneste fait n'importe quoi, tout ça parce qu'il tremble devant la montée du Front national", a-t-il jugé, impitoyable.
Le JDD.fr - 28/10/10