Saisi d'une plainte de familles de victimes de cet attentat pour "faux témoignage" et "entrave à la justice", le magistrat a auditionné lundi l'ex-ministre, a annoncé mercredi à l'AFP une source proche du dossier.
M. Millon, ministre de la Défense de mai 1995 à juin 1997, a rapporté que l'ex-président Jacques Chirac lui avait demandé peu après son élection de "procéder à la révision des contrats d'armement et de vérifier dans la mesure du possible s'il existait des indices sur l'existence de rétrocommissions" vers des décideurs français.
La justice s'interroge sur l'existence de rétrocommissions liées à la vente de sous-marins au Pakistan qui auraient été destinées au financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole.
Selon cette hypothèse, l'attentat de Karachi de mai 2002 qui avait coûté la vie à 14 personnes dont 11 Français pourrait être lié à l'arrêt par Jacques Chirac du versement de commissions promises au Pakistan par le gouvernement Balladur.
M. Millon a expliqué que l'ancien chef de l'Etat jugeait qu'il y avait "trop de bruits autour des contrats d'armements dus à l'existence de rétrocommissions", selon cette source.
M. Chirac a donc chargé M. Millon de "faire procéder à une vérification sur tous les contrats". "J'ai demandé à mon cabinet d'alerter toutes les directions pour qu'elles procèdent à des vérifications", a ajouté M. Millon, précisant que Marwan Lahoud, à l'époque membre de son cabinet et désormais directeur stratégique d'EADS, était "responsable" de ces vérifications.
"Pour le contrat pakistanais, au vu des rapports des services secrets et des analyses qui ont été effectuées par les services du ministère (de la Défense), on a eu une intime conviction qu'il y avait rétrocommissions", a expliqué M. Millon, citant également le contrat Sawari II de vente de frégates à l'Arabie saoudite.
Il a affirmé au juge s'être forgé son "intime conviction" en se fondant sur "les rapports qui (lui) ont été faits verbalement par la DGSE". L'ancien ministre ajoute même que, "de mémoire", des traces de ces rétrocommissions avaient été retrouvées en Espagne, en Suisse, à Malte et au Luxembourg.
M. Millon a précisé avoir été "en lien direct" avec les collaborateurs de M. Chirac, "en particulier avec le secrétaire général, Dominique de Villepin, qu'(il tenait) régulièrement informé des investigations".
Le juge a également procédé le 10 novembre à l'audition de Renaud Donnedieu de Vabres, chargé de mission au cabinet du prédécesseur de Charles Millon, François Léotard. M. Donnedieu de Vabres a assuré que "le contrat Agosta n'a rien à voir avec le financement de la campagne de M. Balladur".
Les rapporteurs du Conseil constitutionnel avaient prôné en 1995 un rejet des comptes de campagne de M. Balladur, un avis non suivi par le Conseil, alors présidé par Roland Dumas, qui avait validé les comptes.
Le juge Van Ruymbeke, qui cherche à savoir si des Sages avaient des soupçons, a demandé au président actuel du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, de lui transmettre le contenu des discussions entre les membres.
M. Debré a opposé une fin de non-recevoir au motif que ces échanges sont soumis au secret du délibéré, selon un courrier du 9 novembre dont l'AFP a consulté une copie.
Selon M. Debré, l'article 63 de la Constitution "fixe à 25 ans, à compter de leur date, le délai d'accès à ces documents".
AFP. 17/11/10
Commentaires
Comme quoi les pourris qui nous dirigent n’hésitent pas à faire tuer des Français, même à l’étranger, pour toucher leur pognon !
Cher abad, un monde d'ordures pour lesquelles seul compte le FRIC! Sépulcres blanchis!
Karachi, ce n'est pas "rien": ce sont des Français innocents morts à cause de grands salauds. Il ne faut pas faire silence sur cet attentat, il faut en parler, et ceux qui peuvent comprendre comprendront.