Amine Bénalia-Brouch, 23 ans - (Cliquez sur la photo)
"Écoute, Amine, on va rédiger un petit communiqué que tu vas lire à ce journaliste. Tu vas lui expliquer que les propos sont sortis de leur contexte, que l'on parlait des Auvergnats." Le 10 septembre 2009, à la permanence UMP de Dax, la secrétaire de la fédération des Landes demande à Amine Bénalia-Brouch de dédouaner le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, accusé d'avoir tenu des propos racistes.
Le Monde.fr vient en effet de mettre en ligne une vidéo tournée cinq jours plus tôt à Seignosse, lors de l'université d'été des jeunes de l'UMP. On y voit Amine Bénalia-Brouch, jeune militant d'origine algérienne, demander à Brice Hortefeux de poser avec lui pour une photo-souvenir. C'est alors que la responsable de l'UMP des Landes lance : "C'est notre petit Arabe." Et le ministre de rétorquer : "Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va, c'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes." La réplique a déclenché une tornade médiatique et a valu, au mois de juin, au ministre de l'Intérieur d'être condamné en première instance pour "injure à caractère raciste" pour des "propos tenus dans un cadre privé", assortie d'une amende de 750 euros et de 2.000 euros de dommages et intérêts. La date du procès en appel n'est toujours pas fixée.
Intitulé "Confessions d'un sarkozyste repenti", le livre d'Amine Bénalia-Brouch, qui sort cette semaine, risque de peser dans les débats contre le ministre. "J'ai été manipulé, j'ai dû mentir pour sauver l'ami du Président, puis on m'a jeté comme un vulgaire Kleenex", raconte au Point le jeune chômeur de 23 ans, au look soigné.
Tempête médiatique
Dans l'heure qui suit la mise en ligne de la vidéo, une véritable tempête médiatique s'abat sur Amine. Bientôt, c'est Édouard Courtial, le secrétaire national aux fédérations et aux adhésions de l'UMP, qui appelle. "L'élu, qui se définit comme le ministre de l'Intérieur du parti, me souffle que je me débrouille bien, que je dois continuer dans le même registre en arrangeant quelques points." Un peu plus tard, en fin d'après-midi, Courtial téléphone à nouveau. "Amine, me dit-il, il faut que tu fasses une petite vidéo de vingt-cinq secondes." Je m'étonne. "Pour quoi faire ? - Pour stopper définitivement la polémique."
Une version contestée par Édouard Courtial. "Je passe toujours un coup de fil aux militants affectés par une histoire. J'ai aussi téléphoné à la secrétaire départementale de Dax. J'ai dit à Amine que j'étais à sa disposition pour l'aider. Jamais je ne lui ai demandé de faire une vidéo. C'est lui qui me l'a proposé. Je lui ai donné mon accord s'il pensait que c'était utile pour calmer le jeu." Pourquoi Amine mentirait-il ? "Compte tenu du tourbillon médiatique, il est normal qu'il soit désorienté..." répond Édouard Courtial.
Quoi qu'il en soit, cette vidéo de trente-quatre secondes postée sur YouTube et Dailymotion se répand comme une traînée de poudre sur le Net. Pour Amine Bénalia-Brouch, c'est le début d'un cauchemar. Les insultes et les menaces pleuvent sur sa page Facebook. Amine ira jusqu'à porter plainte à la suite de menaces de mort très précises. Désormais, il se retrouve dans l'arène sans plus aucune nouvelle de Brice Hortefeux, qui l'avait brièvement appelé le 12 septembre. Amine a alors l'impression d'être suivi et pense que ses e-mails ont été "parasités"...
"Laver mon honneur"
Visiblement, le ministère de l'Intérieur est inquiet. Le 16 octobre, sur les conseils d'Édouard Courtial, Brice Hortefeux reçoit Amine, Place Beauvau, à Paris. "En m'accueillant, il me lance : Bonjour, vous êtes populaire. J'évoque les menaces dont je suis victime, ma difficulté à trouver du travail avec cette histoire qui me colle à la peau. Le ministre m'assure qu'il va m'aider. Des semaines plus tard, le cabinet me rappellera pour me proposer un job de distributeur de prospectus publicitaires..."
Un mois avant le procès de Brice Hortefeux pour "injure à caractère raciste", Amine est de nouveau convié à rencontrer le ministre. "Le ministre est inquiet avant son procès. Je lui fais remarquer que je vois mal le premier flic de France être condamné. Là, il me fait une réponse que je n'oublierai jamais : Vous savez, monsieur Bénalia-Brouch, là où il y a justice, il y a danger." À son retour à Dax, le jeune militant démissionne de l'UMP pour rejoindre le mouvement de Dominique de Villepin. Lorsqu'on lui pose la question : "N'avez-vous pas peur qu'on dise que vous roulez pour l'adversaire de Nicolas Sarkozy en sortant ce livre ?", il rétorque : "Je n'ai jamais rencontré Villepin. J'ai été sali, ce livre est une façon de laver mon honneur."
Commentaires
Les carpettes de service n'en font pas autant pour l'honneur des Français réels, pour un Honneur Réel, pas un faux honneur d'import non export.
@ turigol: et puis l'honneur, ça ne sert qu'une fois, comme les allumettes...
Amine la nouvelle coqueluche des merdias. Société du spectacle, jusqu'où va ton descendre ?
"C'est notre petit Arabe." : voilà la phrase la plus raciste qu’il soit donné d’entendre. Car eux, il leur faut leur petit arabe, pour se donner bonne conscience sans doute ! Il est vrai qu’avec Boubaker, ils ont leur grand arabe !
@ abad: Amine écrit un livre, le publie, son look est soigné... et il va retrouver son honneur.
Ce n'est pas un honneur que d'être "Auvergnat"...
Qu'est-ce qu'ils lui disent, les Arvernes?