« J’ai une vie de couple riche et épanouie, une femme que j’aime, des enfants. Et c’est là, justement, que je trouve cette force de partager un peu de mon bonheur avec des personnes lourdement handicapées, en grande souffrance. » Pascal a 50 ans, un vrai métier de formateur hospitalier. Mais il est aussi, un ou deux jours par mois, assistant sexuel auprès de personnes handicapées en mal de tendresse, de caresses, d’humanité tout simplement.
En France, ce « travail » n’est pas autorisé par la loi, et peut même être assimilé à de la prostitution. Alors Pascal exerce discrètement cette activité « presque militante » dont il est fier. « Je suis le seul aidant sexuel certifié en France », explique celui qui a suivi, en 2008-2009, une formation à l’aide sexuelle en Suisse romande, où cette activité est tout à fait légale.
Alors que se tient aujourd’hui à Paris le premier colloque sur « Handicap et sexualité », et qu’un député UMP, Jean-François Chossy, travaille sur un projet de loi pour légaliser les assistants sexuels, Pascal a accepté de nous expliquer pourquoi il a choisi d’aider des handicapés moteurs à réveiller une sexualité endormie, anesthésiée par des années de déni de leur corps.
« Ils voient défiler des dizaines de soignants qui viennent leur prodiguer des soins d’hygiène. Alors ils ont appris à abandonner toute pudeur pour se mettre nus devant ces gens qu’ils connaissent à peine. » Pascal raconte : « Une femme de 35 ans m’a confié que, pendant des années, elle s’était comme désincarnée pour supporter ces soins. Et puis, avec moi, elle a eu envie de redécouvrir un corps qui ne soit pas juste source de souffrance, mais de plaisir .»
Pascal s’est fixé certaines limites dans sa pratique. « Je ne propose pas de rapport sexuel complet, ni pénétration ni fellation. Mais j’offre des caresses pouvant aller jusqu’à l’orgasme et des corps-à-corps dans la nudité. » En revanche, il intervient auprès de femmes et d’hommes. « Je n’ai pas de limite supérieure d’âge, mais je n’accepte pas de moins de 30 ans, car la différence d’âge me gênerait. »
« Il y a des personnes qui ont juste envie d’avoir quelqu’un dans les bras. Ou de voir un corps dévêtu », confie Pascal. « L’autre jour, une femme m’a dit : J’ai 54 ans et je n’ai jamais été prise dans les bras d’une personne de l’autre sexe. J’aimerais connaître ça avant de mourir… Ça m’a ému. »
Pascal n’est pas rémunéré. « Je demande juste le remboursement des frais de déplacement. » Un choix qu’il a fait pour ne pas qu’on l’accuse de se prostituer, « mais je trouverais plus sain d’être payé, comme dans les autres pays ». L’intimité qu’il offre est gratuite, mais « très enrichissante. Chaque rencontre est une aventure. L’émotion est là, et on se rend compte que la beauté peut se réveiller même dans un corps blessé, meurtri, abîmé ».
Kinésithérapeute et psychologue de formation, Pascal a conscience de faire quelque chose de particulier, « d’extraordinaire », dit-il. « Ce que je fais n’est pas la mission des personnels de santé. C’est important de le dire car j’entends déjà nos opposants s’insurger du fait que si on légifère sur les aidants sexuels, on va obliger les infirmières à faire ce qu’on fait. Ce n’est pas le cas. »
Pour Pascal, la formation d’aidant sexuel est « essentielle ». « Elle nous apprend à savoir où on en est et où en est la personne handicapée pendant le moment d’intimité. c’est important. » En France, il n’existe pas d’association mettant en contact handicapés et ces assistants sexuels. Et pour cause : une telle association serait accusée de proxénétisme. Mais les personnes passent par des associations basées à l’étranger, comme Sexualité et handicap pluriels (SEHP), en Suisse, où Pascal a reçu sa formation.
Colloque « Handicap et sexualité », dès 9 h 15 à l’Hôtel de Ville de Paris.
Le Parisien- 26/11/10
Depuis quelques années déjà, les Pays-Bas, le Danemark, l’Allemagne et la Suisse ont lancé une formation pour un métier un peu « à part », celui d’assistant sexuel pour handicapés. L’objectif : faire des caresses érotiques à la demande de personnes qui ne sont pas capables de le faire. Un travail encore non réglementaire en France. Cependant, le député UMP Jean-François Chossy travaille actuellement sur un projet de loi pour légaliser les assistants sexuels.
Pascal, 50 ans intervient gratuitement plusieurs jours par mois auprès d’hommes et de femmes. Ayant reçu une formation à l’aide sexuelle en Suisse romande, il est le « seul aidant sexuel en France » et se dit fièr d’exercer cette « activité extraordinaire ».
Même si l’accompagnateur sexuel est sélectionné et doit recevoir une formation pour apprendre à connaître et à guider ces « corps différents ou paralysés », ce service à la personne ouvre le débat : assistant sexuel et prostitution, quelle est la limite ?
Marcelle Provost, militante au sein d’une association qui lutte contre la prostitution déclare que ce travail « est la mise à disposition de son corps pour le plaisir d’autrui contre de l’argent, c’est la définition même de la prostitution ». A l’inverse, Jean-Marie Barbier, le président de l’association des paralysés, refuse toute confusion avec la prostitution. Il est pour la reconnaissance dans notre pays du statut d’assistant sexuel :
« Il faut que l’on sorte de cette idée que si on n’y arrive pas soi-même, on fait rien. On veut que tout ça puisse se passer dans la transparence. Ce sont des droits qui sont proclamés partout et pourtant il n’existe rien d’officiel. C’est la définition même selon moi du sujet tabou ».
Marie-Claire - 26/11/10
Commentaires
Déchéance, déchéance, de partout, chaque détraqué rajoute sa couche de M... sur la société déjà très moribonde.
Pas un jour sans une saleté de plus, l'avalanche qui n'en finit pas.
Qui sont les Fu Miers cachés derrière ces abominations.
Voilà un nouveau métier qu’il est bon ! Surtout que tout le monde est un peu handicapé sur les bords ! Il n’y aura pas de chômage ! Et puis la formation est assurée : c’est qu’il nécessite une longue formation. Et qui assure la formation des formateurs (euses !) des assistants sexuels ? Où les recrute-ton ? Les volontaires ne doivent pas manquer !
Cher abad: toutes les dérives sont possibles! A remarquer qu'il fait aussi les hommes!
Société masturbatoire.
C'est un métier répugnant, voilà ce que je pense: tant pis pour le "tabou"!
@ turigol: entièrement de votre avis.
Ce qui n'est pas dit, ce qu'il doit apporter ses sex-toys ou en faire acheter à ces malheureux handicapés.
Quel dégoût!
Profession: branleur diplômé d'état.
http://assistance-sexuelle.blogspot.com
@ Enquête sociale: merci pour votre lien. Je demande à tous les visiteurs de cliquez sur ce lien et de lire le texte.
Désolé, Gaëlle, je n'ai pas pu lire jusqu'à la fin. A peine le premier tiers.
Pouah!!!!
Et pourtant, je suis un dur...
@ arauris: vous êtes peut-être un dur, mais vous êtes aussi un tendre...
Je crois que babotchka a parfaitement défini les seuls diplômés que notre éducation dite nationale (par anti-phrase !) sait former : des BDE, des Branleurs Diplômés d’Etat !
Voilà qui ferait rire JMLP!
Cette déplorable dérive est le fait d une societe decadente et moribonde dont la seule religion se nomme Sexe et Mammon. Le sexe omnipresent, avec ses attributs pervers : la pornograhie et la pédophilie, le sexe souvent affiché et toujours sous-jacent, le sexe roi, le DROIT au sexe, le droit a l orgasme! Nous sommes dans l ère des droits (des minorités, des clandestins, des incarcérés, droit de grève, droit aux prestations sociales, au logement, à l enseignement pour tous ...) sans jamais leurs corollaires : les devoirs, toujours occultés.
Les risques évidents de dérapage des pratiques décrites ci dessus les condamnent de facto en dépit d'éventuels maigres "avantages" que l on a d ailleurs beaucoup de mal a se representer dans notre societe de culture judeo chrétienne et de son rapport au corps.
Il doit s agir ici de la meme "Ecole" que celle qui veut dépénaliser le pédophilie, arguant de l action benefique qu elle procure au "patient" (au sens latin du terme "pateor" : subir), se dedouanant ainsi de ses propres pulsions sous couvert de charité !
Il existe d autres voies pour soulager ces malheureux (massages de kinésitherapie, techniques de relaxation, balneothérapie ...)
@ Décée: je pense que la sexualité touche au plus intime de l'être, corps et âme. Qu'elle est à la fois une force et une faiblesse. Que chacun d'entre nous a ses propres fantasmes, sa propre vision de l'amour, du désir. Car il faudrait parler d'amour et non de sexe. Nous ne sommes pas des animaux en rut, soumis aux seules pulsions de la nature. Il y a un choix du partenaire, sauf dans la prostitution tarifée.
Toute légalisation dans ce domaine aboutit forcément à un commerce, à des "services à la personne", c'est-à-dire à la prostitution. Au business du sexe.
C'est manquer de respect élémentaire à la personne humaine, rendue vulnérable par son handicap, que de lui proposer des services destinés à la "soulager". Post coïtum animal triste... Quelle tristesse, en effet, que ces "caresses érotiques" données et reçues sans que l'amour soit présent!
Quelle parodie grotesque et humiliante!
Sans compter toutes les abominables dérives que l'on imagine aisément. Pédophilie, viols, et même sévices, et tout cela "légalisé", justifié par une prétendue charité sexuelle envers les handicapés.
Quelle nausée!
Les aidants sexuels ne sont que des prostitués, il faut appeler les choses par leur nom. Cela vaut mieux.
Et en quoi "aident-ils"? A réveiller l'Eros endormi près de Thanatos?
Il ne faut pas légaliser ces choses-là. Elles sont du domaine personnel de chaque handicapé, elles appartiennent à sa liberté.
Toute légalisation sera le commencement sans fin de la dépravation.
Gaelle : je souscris pleinement à votre analyse. Le sujet devient objet, pire, "objet légalisé", l'hypocrisie à son comble.
@ Décée: oui, c'est cela: l'hypocrisie.
Comme par coïncidence, l'AFP publie un article sur les sex toys...
Se faire de l'argent avec la sexualité des handicapés, c'est une belle saloperie! Permettez-moi de le dire!
Je suis handicapée moteur depuis l'enfance (poliomyélite). Mes séquelles ont évolué avec le temps, mais j'ai marché avec des aides orthopédiques et vécu une vraie sexualité par moments avec des hommes valides rencontrés normalement, des amours véritables et perdues avec le temps... et bien sûr gratuites ! Aujourd'hui, j'ai fait le choix de me passer de cette vie sexuelle. Je me passionne pour d'autres choses. Il n'y a rien de plus enrichissant que la pratique d'activités culturelles et intellectuelles à mon avis, et qui nous permettent d'une certaine façon d'exprimer notre affectivité. C'est autant de manières d'aimer que les plus usuelles, et de communiquer avec les autres, valides ou pas.
J'ai lu hier cet article sur les "assistants sexuels" du magazine de l'APF. Comme vous, je ne partage pas du tout cette idée-là. Je pense aux dérives, d'autant que ces pratiques s'adresseraient aux plus handicapés complètement tétraplégiques et plus que cela (ce n'est pas mon cas, heureusement...). En plus, c'est sans affectivité, mais cela pourrait le procurer sur des personnes fragilisées par leur dite situation de handicap. Elles pourraient tomber amoureuses de personnes qui ne le leur rendraient pas. Puis l'ascendant de ces assistants sexuels sur elles pourrait prendre des ampleurs pouvant induire aux dérives, comme vous le soulignez. Avant de légaliser ces pratiques, ne faudrait-il pas légaliser la prostitution ? Je ne pense pas que ce soit à envisager en France.
Nos revenus d'allocataires (CAF etc.) ne peuvent nous permettre toutes ces dépenses qui s'ajoutent à tant d'autres souvent délaissées par manque d'argent et très convoitées comme partir en vacances, s'acheter des livres, aller au cinéma etc. Des assistants peut-être, mais pour autres choses, comme des gens qui se déplacent dans les bibliothèques et nous apportent à domicile les livres de notre choix en prêt...
Merci de commenter cette question qui, depuis hier, me bouleverse !
Merci Marygrange, pour votre très beau et très émouvant témoignage.
@ Marygrange: je vous remercie pour votre analyse pleine de bon sens et de réalisme, enrichie, hélas, par votre propre expérience. Vos suggestions pour des assistants "pour autre chose" me semblent judicieuses: vous pourriez peut-être les soumettre à votre Mairie ou à votre député?
La question se pose peut-être différement pour des hommes jeunes et handicapés, privés de relations sexuelles. La nature a ses exigences chez certains, on ne peut pas le nier. Des hommes valides fréquentent des prostituées, et les rapports tarifés, sans affectivité, ne semblent pas les gêner. Qu'en penser? Chaque personne est un cas particulier et possède ses propres fantasmes.
Poser la question peut paraître choquant, j'en conviens, mais je crois que des clubs de rencontres seraient plus indiqués que des "assistants sexuels". Des hommes handicapés peuvent se marier, avoir des enfants, mener une vie de famille normale: encore faut-il qu'ils puissent sortir de leur solitude et rencontrer une compagne qui les aime et qu'ils aiment.
C'est l'amour qui manque dans notre société vouée à l'argent et, au bout du compte, au sexe tarifé, "médicalisé", qui est une dépravation de plus des coeurs et des âmes.