Un silence oppressant a envahi le collège Henri-Wallon (14e). La cour et les classes, entièrement vides, résonnent du même écho sinistre. Depuis hier matin, l'ensemble des enseignants et l'équipe éducative ont décidé unanimement de laisser l'établissement fermé. Pas le choix. Le week-end n'a pas suffi à dissiper ces images de haine et de violence, qui hantent encore ceux ayant assisté à l'impensable.
Vendredi, aux environs de 14 heures, un groupe de jeunes gens surexcités a tenté d'assassiner un professeur, trois surveillants, deux conseillers d'éducation et même la gardienne, à coups de couteau et de sabre japonais. Sans l'intervention de Guillaume,l'un des enseignants, et celle de ses collègues, le sang aurait coulé : "Ils étaient clairement là pour nous tuer. Celui qui a sorti le sabre japonais a crié à ses complices : 'Plantez-les et vengez-vous !' Ça a duré 3 ou 4 minutes, mais j'avais l'impression que ça n'allait jamais s'arrêter."
L'incroyable détermination des jeunes gens commence à s'amplifier après une première incursion dans le collège, vers 13h30. Prétextant d'abord vouloir boire et se rendre dans les toilettes, quatre garçons, de 15 à 17 ans, étrangers à l'établissement, tentent d'y pénétrer. Après avoir proféré des insultes aux surveillants, ils sont raccompagnés jusqu'à la sortie. "Ils nous ont dit : 'bougez-pas, on revient', sur un ton très menaçant", se souvient Guillaume. Trois-quarts d'heure plus tard, un groupe de dix individus, agissant à visage découvert, se rassemble devant le portail. Quatre d'entre eux enjambent la grille et s'opposent d'abord à la gardienne, prise à partie la première. "On s'occupe d'eux et après on s'occupe de toi", lui lancent les intrus.
Le premier, exclu il y a quelques années de l'établissement, se transforme alors en meneur de cette expédition punitive, agissant de façon méthodique. "Il a sorti deux couteaux de cuisine de son blouson, qu'il a confiés à deux complices, détaille Guillaume. Ensuite, plongeant encore une fois la main dans sa veste, il a brandi un sabre pour le donner à un troisième garçon. Tout le monde se trouvait alors dans le hall."
Galvanisés par leur chef, les agresseurs vont tour à tour se ruer sur les fonctionnaires. Le premier réussit à parer un coup de couteau, porté à hauteur du coeur, selon un témoin. Une bagarre s'engage et l'arme tombe au sol. "J'ai réussi à la pousser d'un coup de pied, détaille Guillaume. Ensuite, j'ai vu le sabre japonais, au-dessus d'un autre surveillant. Par chance, il a réussi à se protéger." Peu à peu, la défense des victimes commence à décourager les agresseurs qui préfèrent prendre le large.
Hier soir, les suspects, dont certains sont clairement identifiés, étaient toujours en fuite. Le collège restera partiellement fermé jusqu'à mercredi, le temps pour les enseignants d'organiser un accueil personnalisé de tous les élèves pour analyser avec eux ce qu'il s'est passé et en souligner l'extraordinaire gravité.
La Provence - 14/12/10