"Vous appartenez à cette société M. Devé-Oglou et c'est bien parce que vous êtes un homme que nous pouvons vous juger", a-t-il lancé à l'accusé, qui n'a pas quitté l'avocat général du regard durant les 40 mn de réquisitoire.
M. Maurel n'a eu de cesse de s'adresser à l'accusé, âgé de 43 ans, alors qu'était projetée sur les écrans de la salle une photo d'Anne-Lorraine souriante.
"C'est un joyau que vous avez tué! Il est beau ce visage. Elle est tout ce que vous n'êtes pas: amour de chacun, don de soi, exigence vis-à-vis d'elle même", a déclaré l'avocat général.
Se tournant vers la famille sur les bancs des parties civiles où se trouvait notamment le père d'Anne-Lorraine, le général Philippe Schmitt, il ajoute: "malheureusement ce n'est pas un monstre, mon général, c'est un homme, sinon il ne serait pas là".
Durant quatre longues minutes, pas une parole ne sera prononcée. Thierry Devé-Oglou soutient le regard sévère de l'avocat général, sans jamais ciller ou baisser les yeux.
Puis l'avocat général reprend: "Je vous fais grâce d'une minute, M. Devé-Oglou, cette minute que vous n'avez pas laissée à Anne-Lorraine, cette minute durant laquelle vous avez plongé votre couteau dans l'aorte".
Il a requis la perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans "pour être sûr qu'il fasse les 22 ans" car tous les psychiatres ont affirmé que nous n'avons pas "l'absolue certitude qu'il ne recommencera pas".
L'avocat des parties civiles, Me Bruno Drye, a demandé au jury "de mettre hors d'état de nuire M. Devé-Oglou avec les moyens dont nous disposons aujourd'hui. Il appartiendra ensuite aux hommes politiques de prendre leurs responsabilités".
Thierry Devé-Oglou avait été condamné en février 1996 par la cour d'assises de l'Oise à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, pour un viol commis en janvier 1995, dans le même RER D, en menaçant une jeune femme avec un couteau. Il avait été remis en liberté en février 1997.
Le meurtre d'Anne-Lorraine Schmitt avait eu un fort retentissement médiatico-politique, alors que le projet de loi sur la rétention de sûreté était en débat au Parlement.
"La peine de mort sociale n'est pas la solution", a plaidé Me Ahmed Naoui, avocat de la défense. "Je vous demande une décision qui ne soit pas un lynchage habillé de justice", a-t-il ajouté.
Auparavant, son collègue, Me Mahieddine Bendaoud, avait défendu "un homme malade". "Que faisons-nous de nos malades? Nous les tuons?", a-t-il interrogé. "La décision judiciaire ne doit pas être celle de l'opinion publique", a-t-il exhorté.
Pour sa dernière intervention avant le verdict, Thierry Devé-Oglou a dit "regretter sincèrement". "Je sais que la famille ne voudra pas recevoir les sincères condoléances. J'espère qu'un jour, ils me pardonneront, j'espère recevoir des soins", a-t-il ajouté.
Le verdict est attendu dans la soirée.
AFP. 15/12/10