Ils ont fui la misère, la maladie et l’instabilité politique de leur pays. Soixante-quinze Haïtiens ont été placés en zone d’attente aux aéroports d’Orly et de Roissy alors qu’ils tentaient d’entrer en France. Un premier groupe de 32 personnes est arrivé jeudi dernier à Orly en provenance de Port-au-Prince, un second composé de 43 personnes a atterri dimanche à Roissy.
Les membres du groupe d’Orly, tous titulaires d’un visa pour le Bénin, ont été repérés par la police aux frontières alors qu’ils se dirigeaient vers la sortie de l’aéroport. « Il voulait juste fuir un peu, le temps que ça se calme avec les élections », justifie Betty Dormelus, 34 ans, dont le cousin a été arrêté à Orly. Certaines familles n’étaient même pas au courant de la venue de leurs proches. « Quand elle était dans l’avion, quelqu’un m’a appelé pour me dire d’aller la chercher à l’aéroport. Ce voyage, je ne sais pas comment elle l’a organisé », raconte André Vertil, 48 ans, de Bagneux (Hauts-de-Seine), dont la fille a perdu sa maison après le séisme et était persécutée pour avoir voté pour Mirlande Manigat, un des principaux opposants au régime en place.
Parmi les Haïtiens arrivés à Orly, 16 ont été transférés à Roissy, la capacité d’accueil de la zone d’attente du premier étant atteinte. Ils ont été rejoints par les 43 personnes interpellées dimanche. Les dossiers ont été répartis entre les tribunaux de Créteil (Val-de-Marne) et de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Hier, le juge des libertés du tribunal de grande instance de Créteil s’est prononcé pour la libération de 14 des 16 ressortissants dont il est chargé d’examiner les dossiers, mais le parquet a fait appel de la décision. La cour d’appel de Paris devait se prononcer en urgence la nuit dernière sur la détention ou non des personnes avant l’examen de leur situation au cas par cas les jours prochains.
Ces arrestations, qui interviennent alors qu’une centaine d’enfants haïtiens adoptés viennent d’être accueillis en France le 22 décembre, suscitent l’indignation de l’association Réseau éducation sans frontières (RESF) : « On ne peut pas d’un côté accueillir à renfort de trompettes des enfants haïtiens et d’un autre mettre les adultes en zone d’attente et les expulser dans la discrétion », estime Richard Moyon, porte-parole de RESF. Le tremblement de terre du 12 janvier a fait 230000 morts, 10% de la population vit sous des tentes et une épidémie de choléra à la mi-octobre est encore venue alourdir les difficultés de la perle des Antilles et de ses habitants.
La majeure partie de ces Haïtiens, âgés de 22 à 32 ans, ont de la famille en France. Tous ont demandé l’asile politique. D’après RESF, ces Haïtiens fuient bien entendu la misère, mais aussi l’instabilité politique du pays : « Plusieurs personnes ont fait l’objet de menaces et de persécution, affirme Richard Moyon. Certaines d’entre elles ont des activités politiques ou sont impliquées dans des associations. »
Le Parisien - 28/12/10
Commentaires
Des délinquants, sans papiers, ont réussi à atterrir à Orly et Roissy, alors que des milliers de voyageurs ‘normaux’ et en règle n’ont pu y atterrir, ni en décoller. Toujours et partout l’inversion de valeurs ou de la vie tout court !
La bonne question Abad est ?
De quoi ou qui compose le personnel ?
Certains ministres ont eu des problémes.....
Pourquoi parler d'asile politique alors qu'il s'agit d'installation économique ?
De toute façon, ils ont tellement de "cousins" maintenant ici que c'est du "regroupement familial" cher à nos gouvernants si généreux !
@ JLA: il me semble qu'un préfet (qui avait été préfet à La Réunion) a eu des problèmes et qu'il a même été limogé pour cela... je ne me souviens plus de son nom pour l'instant.