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L'armée quadrille Tunis après une nuit de pillages

Un calme précaire règne dans les rues de la capitale après une nuit marquée par des actes de vandalisme. Dans l'est du pays, une mutinerie dans une prison s'est soldée par la mort de plus de 40 personnes.

Les Tunisiens se sont réveillés pour la première fois depuis 1987 sans leur président. Un climat de tension et d'incertitude régnait samedi à Tunis, après une nuit de pillages et le départ soudain en Arabie saoudite du chef de l'Etat, Zine El Abidine Ben Ali, chassé du pouvoir sous la pression de la rue après un mois d'émeutes réprimées dans le sang. Ces dernières auraient causé la mort d'au moins 66 personnes, selon des chiffres communiqués jeudi par la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme. Un bilan qui pourrait toutefois s'alourdir, de nouvelles victimes ayant été signalées depuis.

Samedi, la police a bouclé le coeur de la capitale afin d'empêcher tout rassemblement, l'état d'urgence ayant été décrété la veille. Des barrières métalliques ont été dressées, barrant les rues débouchant sur l'avenue Bourguiba, la principale artère du centre de Tunis.

Plusieurs quartiers de la banlieue ont vécu une nuit d'angoisse en raison de destructions et de pillages menés par des bandes de personnes encagoulées, selon les témoignages d'habitants apeurés, relayés par les télévisions locales. A la sortie nord de Tunis, l'hypermarché Géant a été pillé samedi matin, après avoir été attaqué et partiellement incendié la veille. Selon un photographe de l'AFP, des dizaines de personnes sortaient du centre commercial, en emportant tout ce qui leur tombait sous la main, en l'absence de tout représentant des forces de l'ordre. Certains pilleurs fracassaient également les vitrines de magasins épargnés par les flammes, tandis que des chariots vides étaient éparpillés jusque sur une autoroute proche.

 

Attaques de supermarchés

 

Les attaques de supermarchés se sont multipliées ces derniers jours. Plusieurs magasins des enseignes françaises Carrefour et Casino, auxquels sont associés des proches du pouvoir en Tunisie, ont été récemment pillés. Des appels ont d'ailleurs été lancés à l'armée pour qu'elle intervienne contre ces bandes.

L'armée a fait survoler la ville par des hélicoptères alors que les spéculations allaient bon train sur l'identité des responsables de ces pillages. Certains habitants évoquent des miliciens liés aux proches du président en fuite, d'autres affirment qu'il s'agit des prisonniers de droit commun évadés de centres de détention, certains accusent des éléments de la police. Le président par intérim, interrogé par la chaîne Al-Jazira du Qatar sur l'identité de ces casseurs, qui ont également sévi dans plusieurs villes de province, a déclaré : «tout est possible».

Dans l'est du pays, une mutinerie a éclaté dans une prison à Monastir et s'est soldé par la mort de plus de quarante personnes. Des détenus ont tenté de s'enfuir de la prison, ce qui a abouti à un chaos total. Certains prisonniers ont pu s'échapper et d'autres ont mis le feu à des matelas dans une aile de l'établissement pénitencier. Selon des sources médicales, ceux qui sont morts ont été victimes de brûlures et d'intoxication.

Le Figaro - 15/01/11

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