La ville de Moigny-sur-Ecole a diffusé des photos de plaques d'immatriculation de gens du voyage dans le bulletin municipal de janvier à côté d'un billet accusateur. La Ligue des droits de l'Homme a porté plainte. L'opposition dénonce «des idées proches du FN».
C'était dans le bulletin municipal de janvier de Moigny-sur-Ecole, une petite commune de l'Essonne de 1300 habitants : un billet d'humeur dénonçait les «problèmes de nuisances que posent les gens du voyage quand ils décident de s'installer sauvagement dans une commune». Pour illustrer le propos, les photos de 40 plaques d'immatriculation photographiées en juillet pendant l'occupation illégale d'un terrain de sport par 70 caravanes - afin de montrer la détermination de la municipalité à surveiller» les nouveaux venus. Le texte, non signé et se défendant de tout «racisme primaire», a choqué au point de pousser une conseillère municipale à démissionner et la Ligue des droits de l'Homme à porter plainte contre le maire de la commune, qui est aussi directeur de la publication du bulletin.
«Une peur légitime»
Dans un premier temps, le billet déplore le coût supporté par la collectivité pour réparer les dégradations - «faciles à imaginer» - causées par l'occupation illégale du terrain municipal. Il regrette que la présence du campement ait privé les jeunes de la commune d'un lieu de loisir en pleines vacances scolaires. Selon ce texte, la mairie a obtenu 500 euros pour défraiement des consommations d'eau et d'électricité.
Mais au fil du texte, l'auteur se livre à des associations d'idées qui tendent à présenter les gens du voyage comme un «fléau social», constituant une incitation à la discrimination, estime la LDH dans un courrier adressé le 27 janvier au procureur d'Evry.
Le texte dénonce ainsi le «nomadisme fiscal aux frais des vrais contribuables» de cette communauté. «Au risque de diffamer, ces ‘déplacements' leur permettent d'éviter de payer un certain nombre d'impôts, de transformer la taxe professionnelle en patente d'ambulant, et permettent de s'adresser parallèlement à plusieurs caisses d'allocations familiales, voire à obtenir le RMI de plusieurs départements», écrit l'auteur. Et de déplorer : «Il est vrai que maintenant, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire et que la justice est beaucoup trop souvent du mauvais côté !».
Le billet suggère encore la centralisation administrative des gens du voyage aux Sainte-Marie-de-La-Mer dans les Bouches-du-Rhône, «leur point de convergence», sur le modèle du rattachement des bateliers à Conflans-Sainte-Honorine.
L'auteur du texte juge enfin «bien légitime» de la part de la population «de faire état de sa colère et de la peur que peut susciter une telle situation face aux nombreux cambriolages constatés ces derniers mois», une affirmation qui relève de la diffamation à caractère racial, selon la LDH.
La Ligue des droits de l'Homme a également porté plainte contre la publication des photos de plaques d'immatriculation, arguant d'une atteinte à la vie privée via le droit à l'image
L'opposition dénonce des idées proches du FN
«C'est la première fois que l'on voit une initiative anti-Roms de cette force, entre ce billet d'humeur et la diffusion de photos non-floutées», constate François-Xavier Corbel, juriste à la LDH, interrogé par lefigaro.fr. Selon lui, «ce genre d'article est la conséquence des propos tenus par le ministre de l'Intérieur et de sa politique à l'égard des Roms».
A la mairie de Moigny-sur-Ecole, l'adjoint à la voirie de la commune, Yannick Foucher a répondu que cette affaire «ne regardait personne». «Je n'ai aucun commentaire. On a autre chose à faire», a-t-il déclaré par téléphone, ajoutant que le maire UMP, Pascal Simonnot, était injoignable.
Bernard Hasselin, président de «Moigny Avec Vous» et opposant au maire, a dénoncé «des idées proches du Front National» alors que, selon lui, «les gens du voyage n'ont pas causé de dégâts». Une conseillère municipale, Betty Laborrier, a démissionné de son poste: «Je ne me sens pas solidaire de ce genre de discours. Je l'ai découvert en ouvrant ma boîte aux lettres. C'est un texte rempli de haine, de racisme, et qui est diffamatoire», a-t-elle déclaré.
Le Figaro - 18/02/11
Commentaires
La ligue dite des droadl'omm, mériterait d'être poursuivie en justice pour complicité envers des indésirables, cambrioleurs, voleurs, et autres vandales, mais aussi pour atteinte grave à la liberté d'expression.
Il serait bon que les Français se manifestent un peu plus, puisque démocrasserie il y a, quelques belles affiches un peu partout contre cette ligue et une invitation aux députés à n'être éligibles qu'en signant un acte public de dénonciation de la dictature "ligueuse".
Le Front National n'a jamais nui à la France, les ligueux ne peuvent en dire autant.
Bravo à la municipalité, et à l’auteur de ce billet, d’avoir osé dire la vérité que les merdiats et nos ministres veulent à tout prix cacher ! Et quand on dit cette vérité qui dérange, on est aussitôt accusé de haine, de racisme et de diffamation ! Voilà où nous en sommes en France ! Mais, à vrai dire, sommes-nous toujours en France ?