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Le Préfet "envisage d'interdire" l'apéro porchetta-rosé - Philippe Vardon lui répond

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Lamy, Ciotti, Estrosi - (Cliquez sur la photo)

(Communiqué du 3 mars 2011)

Les services de police ont remis aujourd’hui en fin de journée à Philippe Vardon un courrier du Préfet Lamy. Dans celui-ci, le représentant de l’Etat indique :

« Je vous informe qu’en raison notamment du lieu de rassemblement, à proximité immédiate d’une salle de prière musulmane, et de l’objet de votre manifestation, de nature à créer des risques importants de troubles à l’ordre public, j’envisage d’interdire cette manifestation. »

Beaucoup se demandent pourquoi la préfecture tarde, depuis désormais trois jours, à prendre une décision ferme. De toute évidence, les services de l’Etat cherchent à la fois à s’assurer de la solidité de leur décision et à gagner du temps. Dans les deux cas, leur crainte est de voir un tribunal administratif casser leur éventuelle interdiction. Il est certain que si la décision intervient au tout dernier moment cela sera plus difficile…

Dans ce même courrier, le Préfet invite les organisateurs du rassemblement à présenter leurs éventuelles observations.

Voici donc, reproduit dans son intégralité, le courrier de Philippe Vardon au Préfet Lamy.

Monsieur le Préfet,

J’accuse ce jour réception de votre courrier, en tant que principal organisateur du rassemblement « apéro-porchetta rue de Suisse – quartier halal ça suffit ».

Conformément à votre invitation, je tiens à vous faire part à travers le présent courrier de plusieurs remarques concernant votre volonté manifeste d’interdire notre rassemblement.

- Vous évoquez comme premier motif le lieu du rassemblement, « à proximité immédiate d’une salle de prière musulmane ».

Devons-nous comprendre que vous considérez qu’une manifestation ne peut se tenir devant une salle de prière musulmane ? Les salles de prières ou mosquées bénéficieraient-elles d’un droit spécial ? En effet, de très nombreux rassemblements se tiennent régulièrement devant la toute proche église Notre-Dame, sans que –je crois- vous n’ayez jamais jugé utile d’en interdire un.

Peut-être pourriez-vous mettre en avant le caractère polémique de notre rassemblement vis-à-vis des croyances musulmanes ? En effet plusieurs élus de gauche ayant réclamé auprès de vous l’interdiction de notre « apéro », ont fait valoir que la consommation de porc constituait une provocation à l’encontre des musulmans. Cet argument nous semble particulièrement tortueux, sauf à vouloir imposer les interdits d’une religion à l’ensemble des citoyens, ou bien dans une certaine zone autour d’un lieu de culte ? Cela nous semble une logique se situant bien éloignée du principe de laïcité guidant nos institutions.

Nous pouvons évoquer, en guise d’exemple parallèle et pourquoi pas de jurisprudence, les « kiss-in », embrassades publiques, organisés par des associations homosexuelles devant des églises catholiques afin d’y protester contre les positions du Vatican. Ces rassemblements peuvent heurter clairement les croyants catholiques, pourtant il n’est jamais venu à l’idée d’un Préfet de les interdire à ce titre.

-Vous considérez ensuite que « l’objet de notre manifestation » serait « de nature à créer des risques importants de troubles à l’ordre public ».

Notre rassemblement se veut certes revendicatif, mais festif et convivial. Notre communication autour de celui-ci ne présente aucune forme d’agressivité. C’est tout au contraire, dans différents médias, le président de l’association Al Baraka gérant la salle de prière qui a évoqué des risques d’affrontement. Ceux-ci ne provenant pas de nos rangs, doit-on envisager cela comme des menaces à peine voilées (sans mauvais jeu de mot…)?

Vous savez, de par les remontées de vos services, que lors de toutes nos manifestations, nos militants se montrent d’une discipline exemplaire. Pourquoi donc envisager que nous pourrions être, à cette occasion précise, à l’origine de « troubles à l’ordre public » ? Si ce n’est pas de notre côté que se situent vos craintes, je vous demande de bien vouloir le préciser afin de lever toute ambiguïté.

- Je crains qu’en réalité ce ne soit en effet pas la nature de notre rassemblement, mais bien le lieu où nous voulons tenir celui-ci, qui pose problème. Vos services nous ont fait savoir que dans le cas où nous déplacerions le lieu du rassemblement, celui-ci serait autorisé. Bien entendu, pour nous cela n’aurait plus aucun sens. Mais nous voulons tout de même savoir pourquoi ce qui serait possible Place Garibaldi ou rue Arson ne le serait pas rue de Suisse ? L’égalité républicaine pose notamment comme principe que la loi s’applique de la même façon sur l’ensemble du territoire.

Hier, l’Agence France Presse, dans une dépêche consacrée à notre rassemblement, évoquait dans son titre « un quartier musulman » pour désigner la rue de Suisse et ses alentours, faisant écho à notre slogan « Quartier-halal ça suffit ! ». Je ne peux croire qu’un représentant de l’Etat puisse acter le fait qu’un quartier entier de notre ville se transforme en ghetto communautaire, en y interdisant finalement un rassemblement visant justement à dénoncer cette situation.

- Enfin M. le Préfet, comme la majorité des Niçois, j’aurais beaucoup de mal à comprendre cette sévérité à notre égard alors que depuis des mois, voire des années, vous tolérez sans aucune intervention le blocage de la rue de Suisse –de manière régulière et répétée- par des prières musulmanes.

Nissa Rebela

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