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L’Américain avait disparu après avoir tué toute sa famille en 1971, avant d’être capturé en… 1989.
Le parallèle entre les deux histoires est plus que troublant. Au point que l’on se demande si Xavier Dupont de Ligonnès, l’auteur présumé de la tuerie de Nantes, ne s’est pas directement inspiré de l’histoire de John Emil List pour préparer son coup. Cet Américain résidant dans le New Jersey s’était évaporé sans laisser de traces en 1971, après avoir tué toute sa famille (sa femme, ses trois enfants et sa mère) et surtout après avoir parfaitement orchestré sa disparition.
Un sang-froid ahurissant
Les similitudes sont frappantes. D’abord sur la personnalité des deux hommes. Comme Xavier Dupont de Ligonnès, John List est un catholique pratiquant, apparemment sans histoire. Mais comme le Français, l’Américain cache en fait à sa famille ses problèmes professionnels. Là où le premier reste discret sur ses activités, et masque ses difficultés financières, le second a perdu son emploi, sans en informer ses proches. John List est donc acculé par les dettes quand il décide de passer à l’acte. Selon le scénario qui prend forme au fil de l’enquête, c’est la même motivation qui aurait poussé Xavier Dupont de Ligonnés au meurtre.
Le plus troublant pourrait être le sang-froid ahurissant dont les deux hommes ont fait preuve. Xavier Dupont de Ligonnès aurait ainsi assassiné sa femme et trois de ses enfants dans la nuit du 3 au 4 avril. Le jour venu, c’est avéré, il est allé chercher son dernier fils, Thomas, 18 ans, chez un ami, et a dîné avec lui avant, probablement, de l’abattre une fois rentrés dans la maison familiale.
John List, lui, a d’abord supprimé sa femme, 46 ans, et sa mère, 85 ans, le 9 novembre 1971, alors que ses enfants étaient à l’école. Quand Patricia, 16 ans, et Frederick, 13 ans, rentrent à la maison à la mi-journée, il les abat à leur tour, selon le même mode opératoire. Puis il se prépare à manger et part assister au match de football de son dernier fils, John, Jr, 15 ans. Il le ramène au foyer puis lui tire une balle dans la tête. Il semble alors qu’il perde (provisoirement) son sang-froid, puisqu’il tire une dizaine de fois sur le corps sans vie de son cadet.
Des lettres aux établissements scolaires
Et puis il y a, aussi, la même minutie avec laquelle les deux hommes ont préparé leur disparition. Xavier Dupont de Ligonnés a écrit aux écoles de ses enfants et à l’employeur de sa femme pour prévenir de leur départ soudain en Australie. A la famille et aux proches, il a écrit une longue - et à peine croyable - lettre de cinq pages dans laquelle il explique que la famille est partie aux Etats-Unis dans le cadre du programme fédéral de protection des témoins. John List a également écrit aux établissements scolaires de ces enfants pour indiquer que la famille resterait en Caroline Du Nord pendant plusieurs semaines. Mais il a également pris soin de mettre fin aux différents abonnements postaux de la famille et à la livraison de lait pour retarder la découverte des corps.
Dans les deux cas, la manœuvre s’est révélée efficace. Il a fallu deux semaines pour que les corps d’Agnès de Ligonnès et de ses quatre enfants soient retrouvés dans la maison familiale à Nantes. Dans le cas de John List, le massacre avait été découvert un mois seulement après les faits. De quoi laisser une large avance aux fugitifs. La trace de Xavier Dupont de Ligonnès s’arrête dans le Var, au 15 avril. Depuis, en dépit du lancement d’un mandat de recherche international, il reste introuvable.
John List était devenu Robert Clark
Et s’il suit la trajectoire de John List, sa cavale s’annonce longue. Car l’Américain avait été retrouvé 18 ans seulement après le massacre. Grâce à l’émission de télévision America’s Most Wanted, il avait été arrêté le dans le Colorado le 1er juin 1989, sous l’identité de Robert Clark. Entre-temps, il s’était remarié et coulait des jours heureux avec sa nouvelle épouse.
Malgré ses dénégations, John List, trahi notamment par ses empreintes digitales, est condamné en 1990 cinq fois à la prison à vie pour les cinq meurtres. Il décèdera en 2008 des suites d’une pneumonie, à 82 ans. Entre-temps, il avait expliqué lors d’une interview à ABC pour quoi il ne s’était pas suicidé. Selon lui, ce geste lui aurait fermé les portes du paradis, alors qu’il espérait bien y retrouver toute sa famille, à nouveau réunie.
Source 20minutes - 06/05/11