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Des associations prétendument anti-racistes contre la liberté d'expression

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Yves-Marie Laulan

Intervention d’Yves-Marie Laulan, président du Cercle des Libertés républicaines [1] au colloque « La liberté d’expression » organisé le 11 mai 2011 à l’Asiem par le Cercle des Avocats libres, le Cercle des Libertés républicaines, et le Collectif parlementaire pour la Liberté d’expression.

(Le titre est de Novopress)

Gambetta disait en 1872 : « La France n’a jamais demandé que deux choses à un gouvernement : l’ordre et la  liberté ». La France, de nos jours, a l’ordre, enfin,  à peu près. Mais elle a perdu la liberté ou est en passe de la perdre. Je parle de la liberté de parole,  qui conditionne la liberté d’opinion, laquelle commande la liberté tout court, celle qui caractérise une démocratie. De ce point de vue, la France a clairement emprunté un  chemin inquiétant, celui qui conduit à une pensée totalitaire .

Comment en est-on arrivé là ? Le processus est simple. Il s’agit de l’action menée depuis des années par un certain nombre d’associations  prétendument anti-racistes, qui détournent à leurs fins propres les dispositions de lois conçues à l’origine en toute bonne foi  par le législateur.

Il  s’agit notamment de l’article 8 de la  loi Pleven qui les autorisent à engager  à tout propos l’action publique, et aussi et surtout des dérives de la jurisprudence concernant l’interprétation à donner aux articles  des lois Gayssot et Pleven , notamment en ce qui concerne les notions « d’incitation » à la « discrimination et à la haine raciale », notions floues et vagues à souhait, qui peuvent donner lieu à toutes  les interprétations, même les plus fantaisistes selon l’humeur du moment .

Dans l’état actuel de la jurisprudence, tout prétexte, même le plus futile, par exemple, tout récemment, la publicité de « Banania », ou encore de soi-disants quotas pour le football, ou encore un propos anodin, un jeu de mots, toute plaisanterie de  mauvais goût  ou mieux encore, un ton de voix  qui sera sévèrement jugé  « péremptoire », on croit rêver, tout cela est susceptible de tomber sous le coup de la loi et d’être condamné par les tribunaux. Nous sommes en plein dans le délit d’opinion et le déni de la liberté d’expression. Ce ne sont pas, pas  encore les grands procès de Moscou, mais ce sont,  déjà, les petits procès de Paris.

En fait de quoi s’agit-il au fond ? S’il s’agissait de lutter contre le racisme ordinaire ou extraordinaire. Pourquoi pas ? Qui ne pourrait applaudir des deux mains à une telle proposition ? Mais il s’agit, en fait, de tout autre chose. Il faut se demande si nous n’assistons pas à une tentative digne de Gramsci de conquête délibérée du pouvoir culturel, et donc politique, sur le  champ de bataille judiciaire et médiatique.

Car on ne peut manquer d’être surpris que certaines de ces associations servent de tremplin à un envoi vers des engagements clairement  politiques. Ainsi Patrick Gaubert, ancien président de la LICRA, se présente en tête de liste de l’UMP en Ile-de-France pour les élections européennes en 2004. 

 

Ainsi  Harlem Désir, ancien président de SOS Racisme, est  aujourd’hui secrétaire national du PS. Ainsi Julien Dray, également membre de SOS Racisme, décidément une étonnant pépinière de talents, est aujourd’hui député du PS. On voit bien que nous sommes loin de la lutte dure et pure contre le racisme.

Sans vouloir dramatiser à l’excès cette démarche, il faut se demander si, sous le blanc manteau de l’anti racisme, on n’assiste pas à une entreprise délibérée de déstabilisation de l’ordre culturel et politique  de notre pays, dans l’indifférence générale du public, qui  ne comprend  pas grand-chose aux enjeux gravissimes en cause, entreprise qui , un comble, est menée sous l’oeil paterne, apeuré,   ou même complice du gouvernement.

Cette action est évidemment fort efficace dans une société hautement médiatisée comme la nôtre, au demeurant psychologiquement fragile, car traversée en permanence par des peurs irraisonnées. Seule victime, la liberté d’expression, et donc la liberté d’opinion, dont la perte est caractéristique d’un régime totalitaire. Prenons-y garde : Big Brother de George Orwell est au coin de la rue. Gardons- nous de lui ouvrir la porte.

Comment fonctionne ce mécanisme fort subtil de déstabilisation ? C’est très simple. A tout propos, ces associations traînent dans la boue, je veux dire devant les tribunaux, telle ou telle association, ou  telle  ou telle personnalité, pour peu qu’elles soient connue et médiatisée, vedette de l’écran ou mieux encore, ministre,  de façon à l’atteindre financièrement -car se défendre coûte fort cher, et les condamnations sont lourdes-, mais surtout l’atteindre dans sa réputation, mieux encore, comble du bonheur, dans son emploi, dans sa vie professionnelle. Car, bien sûr,  s’il a été condamné, c’est qu’il était forcément coupable. C’est forcément un fasciste, un raciste pensent les bonnes gens  peu ou pas informés. Et  le tour est joué.

Cette forme de dissuasion judiciaire est-elle efficace ? Fichtre oui. La preuve : Eric Zemmour n’est pas là ce soir. C’est la preuve par l’absence.

Et le gouvernement de son côté est pris au piège comme un renard qu’une poule aurait pris. Il est  ici victime et complice. Il va  bien s’efforcer, pour les amadouer ou se « dédouaner »,  de prendre ces associations sous son aile protectrice , et signer force conventions entre la Licra et le ministère de la Justice, entre la Licra et l’Education nationale, entre la Licra et le ministère de   l’Intérieur . Si bien que ces associations deviennent indirectement le bras séculier de facto de l’Etat.

Bien plus, l’Etat  financera ces associations qui reçoivent force subventions , soit directement, soit par le truchement des collectivités territoriales soumises au chantage classique  à l’élection. Cela est d’autant plus scandaleux que ces mêmes associations, qui ne comptent souvent qu’une poignée de militants ou de cotisants, sont loin de représenter un courant significatif de l’opinion publique. Mais, malgré cette pluie de subventions, ces mêmes associations   feront condamner systématiquement ses ministres de l’Intérieur, hier Brice Hortefeux, demain Guéant .. . Allez comprendre.

Et ces associations financées par l’ Etat prospèrent. Il ne peut en aller autrement. Car si  elles perdent en justice, elles gagnent quand même, car elles sont subventionnées. Si elles gagnent leurs procès, leur fonds de commerce en est abondé d’autant. C’est l’impunité juridique et financière complète.

Or  il faut bien voir que  l’action de ces associations revêt en fin de compte un caractère nocif et même malfaisant sur le plan social. Car loin de concourir à établir un climat d’harmonie et de bonne entente entre les diverses communautés qui font la France, elles agissent comme une sorte de poil à gratter permanent, d’irritant, de révulsif, générateur de ressentiment, de défiance, voire de haine entre ces communautés. Beau travail en vérité.

Il faut donc absolument briser ce mécanisme infernal qui risque de broyer ce qui nous reste de liberté de parole. Il importe de ramener ces associations déchaînées dans le droit chemin, dans leur objet initial légitime, qui est de lutter contre les manifestation avérées  d’un racisme insupportable et non de devenir le gardien auto proclamé d’un nouvel ordre moral , de se livrer en toute impunité à une perpétuelle chasse aux sorcières  et créer, à cette fin une sorte de police de la pensée envahissante et inacceptable dans le pays qui , avant tout autre, a vu naître la liberté.

C’est pourquoi je souhaiterais que soit créé, à l’issue de cette réunion, un  Observatoire des Libertés chargé d’enregistrer toutes les atteintes à la liberté d’expression résultant de l’action  des associations liberticides.

C’est le message qu’il nous appartiendra  de porter demain à l’attention d’un gouvernent, à la veille d’une élection capitale, s’il veut bien nous entendre.

Yves-Marie Laulan

[1] Le Cercle des Libertés républicaines a été créé en 1985 par Yves-Marie Laulan, économiste, François Bourricaud +, directeur d’Etudes à l’Ecole pratique des Hautes études en Sciences sociales, et Pierre de Calan +,vice président du Medef

NOVOPRESS - 14/05/11

Commentaires

  • Remarquable discours d’Yves-Marie Laulan. Sera-t-il écouté ?

  • Cher abad, ce discours m'a paru remarquable, aussi l'ai-je mis aussitôt sur le blog. Il faut espérer qu'il sera lu et qu'il aura des suites. Car la situation est en effet devenue intenable: la liberté d'expression est traquée, et nous courons droit vers la dictature la plus sombre qui interdira toute parole, tout écrit libre, et cela sur de seuls jugements subjectifs, arbitraires; et totalement anti-démocratiques. On veut embastiller l'esprit.

    Je remercie Yves-Marie Laulan.

  • Oui mais une nouvelle attaque antishimète contre atrocekan...
    mais où va-t-on ?

  • le baillonnement de la liberté d,expression sert le systéme en place , certains de nos compatriotes ne savent méme pas que la parole de nos jours est censurée sous peine d,amende et de prison!!
    salutations.

  • @ parvus: très juste, hélas!

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