Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair, samedi, à la sortie de leur maison de TriBeCa, à Manhattan. (Reuters)
Dominique Strauss-Kahn savoure sa liberté. Avec son épouse Anne Sinclair, l’ancien directeur général du FMI s’est offert, samedi, une nouvelle escapade dans Manhattan. La veille, il avait déjà fêté avec des vieux amis Jean et Danielle Frydman sa première victoire judiciaire contre le procureur de New York, Cyrus Vance, dans un restaurant prestigieux où Madonna et les people américains ont leurs habitudes. Souriant, posant volontiers pour les photographes et les touristes, toujours accompagné d’Anne Sinclair rayonnante dans sa veste blanche.
Libéré sur parole, DSK espère maintenant être blanchi des charges de viol et d’agressions sexuelles qui pèsent sur lui. L’hypothèse d’un non-lieu est un scénario désormais tout à fait possible dans un délai rapide. Avant le 18 juillet, jour de la prochaine audience, tant le dossier de l’accusation semble s’effondrer comme un château de cartes. Samedi, dans la presse américaine, Nafissatou Diallo est passée du statut de victime à celui de… "prostituée" et "menteuse invétérée". Incroyable retournement de situation après l’emballement médiatique qui a suivi l’arrestation de DSK le 14 mai. La prudence doit pourtant être de mise. Optimistes, les avocats de DSK ont déjà prévenu que leur client ne ferait aucune déclaration tant qu’il n’aura pas été totalement blanchi.
Il n’a pas apprécié l’attitude du FMI
Sans attendre un retour de Dominique Strauss-Kahn à Paris, ses amis socialistes s’agitent dans tous les sens. Certains avec joie. D’autres avec fébrilité. Car les soubresauts de l’affaire DSK perturbent la donne présidentielle à gauche. Ce nouveau "coup de tonnerre heureux", selon l’expression de son ami Pierre Moscovici, ébranle le PS qui vient de donner le coup d’envoi de la primaire. Une compétition dont DSK était le grand favori mais qui a démarré sans lui avec Martine Aubry, François Hollande, Ségolène Royal, Arnaud Montebourg et Manuel Valls. Plusieurs scénarios plus ou moins crédibles peuvent être envisagés pour l’avenir de DSK, allant d’une candidature à la présidentielle à son retrait de la vie politique ou encore au soutien à Martine Aubry. Mais samedi, ses amis se montraient plutôt circonspects sur l’hypothèse d’un come-back dans la course à la présidentielle. Bien sûr, quelques fans, dont l’élue francilienne Michèle Sabban, rêvent déjà de cette candidature comme si rien ne s’était passé. Enthousiaste, Julien Dray le voit "manger le monde" et prendre sa revanche. Une hypothèse aujourd’hui peu probable.
En fait, les rares personnes qui l’ont eu au téléphone ont compris qu’il avait d’abord envie de se reconstruire et de partir en vacances, selon une confidence faite à l’un de ses amis. "La primaire n’est pas son sujet. S’il sort de l’enfer dans lequel la justice américaine l’a envoyé, ce n’est pas pour se jeter immédiatement dans la lessiveuse du PS", estime une source socialiste. C’est en vacances qu’il voudrait partir, pas en campagne. L’objectif de DSK n’est pas forcément celui qu’on croit. L’ex-élu de Sarcelles serait surtout remonté contre le… FMI. Il n’a pas apprécié que l’institution qu’il dirigeait depuis 2007 l’ait contraint à rédiger une lettre de démission sans attendre la moindre preuve judiciaire. Selon un de ses amis, il a le sentiment que le FMI est allé un peu vite en besogne en le remplaçant aussi vite.
"Un formidable atout pour Aubry"
Après François Hollande vendredi, Ségolène Royal a proposé à son tour de modifier le calendrier de la primaire pour permettre à DSK de se lancer, à la condition qu’il le demande lui-même. Une attitude aussi fair-play que tactique de la part de candidats qui ne veulent pas être accusés de vouloir empêcher la remise en selle de DSK.
Dans le camp de Martine Aubry, on ne croit pas au scénario du retour. La maire de Lille, qui s’exprimera ce soir sur France 2, parle très régulièrement avec son allié politique et sa femme Anne Sinclair. La première secrétaire du PS a, mieux que quiconque, mesuré son état d’esprit. Dans l’entourage de la candidate, personne n’imagine qu’elle puisse retirer sa candidature pour laisser la place à son "ami Dominique".
S’il n’est pas candidat, restera-t-il à l’écart de la campagne ? Difficile de répondre à cette question. La tentation de Venise ne correspond pas au tempérament de DSK. Apportera-t-il un soutien public à Martine Aubry, selon le scénario qu’ils avaient échafaudé ensemble avant l’affaire du Sofitel? Le mieux placé des deux soutenant l’autre. Le politologue Frédéric Dabi (Ifop) juge qu’il peut être le "faiseur de roi ou de reine" en apportant son soutien à l’un des candidats. "Ce serait un formidable atout pour Martine Aubry", estime Frédéric Dabi. En allant dîner dans un restaurant chic de New York le soir de sa liberté avec, à la clé, une note de 600 dollars (pour des pâtes aux truffes et une bonne bouteille), DSK n’a pas enfilé les habits du candidat de gauche. Signe qu’il ne donne plus un sens politique à chacun de ses gestes. Et qu’il a l’esprit loin, très loin de la vie politique française.
Commentaires
Tous ces noms sonnent si peu "français"...ce sont des vampires. Une vraie goinfrerie ! Quel spectacle de l'ignominie !
on se doutait bien que en tant que bon socialiste , lui et ses semblables ne déjeunaient pas aux restos du coeur!!
salutations.